Le nucléaire a la cote auprès des Français
Comme chaque année, l’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN) a publié son baromètre sur la perception des risques et de la sécurité, par les Français. On y apprend que l’image du nucléaire est plus positive aux yeux des citoyens que lors de l’étude précédente.
La moitié des sondés favorable à la construction de nouvelles centrales
L’édition 2023 du baromètre de l’IRSN est connue. Elle contient les résultats d’un sondage établi entre le 23 et le 30 novembre 2022, auprès d’un échantillon (2 000 personnes) représentatif de la population française. Le questionnaire est resté stable afin d’assurer une continuité avec les éditions précédentes et faciliter les comparaisons.
Concernant la perception générale que les sondés ont du nucléaire, on découvre que 65% (5 points de plus que lors du sondage 2022) affirment que « la construction des centrales nucléaires a été une bonne chose », avec seulement 11% (-5 points) défendant l’inverse.
Lorsqu’il est demandé si les sondés sont favorables à la construction de nouvelles centrales nucléaires, 50% répondent par la positive (+6 points), contre 20% s’y opposant (-9 points).
Enfin, 45% des sondés estiment que le nucléaire est l’énergie la plus performante ; le solaire arrivant en deuxième position (10%).
Une étude qui tombe à pic pour le gouvernement
Pourquoi une telle progression dans les statistiques ? Le sondage pour l’édition 2022 a eu lieu à l’automne de l’année 2021, soit quelques mois avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Nul doute que l’invasion russe, entamée le 24 février 2022, a pu bouleverser la perspective des Français sur le nucléaire. D’ailleurs, lorsque l’on se penche sur le classement des arguments en faveur de l’énergie nucléaire, on constate que « l’indépendance énergétique » arrive en tête avec 43% des voix (+ 7 points), devant le « faible coût de l’électricité » (22%).
Dans ce contexte, et au vu des résultats, le gouvernement pourrait profiter de ce sondage. En février 2022, le président de la République avait appeler à prolonger jusqu’à 60 ans la vie des réacteurs, si leur état le permettait – contre 40 ans actuellement. Cette volonté de changement est devenue concrète à l’été 2023, lorsque le réacteur 1 de la centrale de Tricastin a vu son exploitation prolongée de 10 ans alors qu’il devait être mis à l’arrêt en 2020. Or, dans le sondage de l’IRSN, 54% des personnes questionnées affirment que la prolongation de la durée de vie des réacteurs est une bonne idée, contre 23% exprimant un désaccord.
Rappelons que l’exécutif, par la voix du Président, a mis sur pied un programme de relance nucléaire devant aboutir à la construction de 14 réacteurs de nouvelle génération (EPR 2), 6 dans un futur immédiat et 8 autres dans plusieurs années.
Une confiance toute relative
Si, au regard de certains résultats, le nucléaire semble avoir le vent en poupe, les sondés ne cachent pas que la filière reste source d’inquiétudes. Un peu moins d’un tiers (30%) des personnes interrogées pense que les installations nucléaires sont les plus susceptibles de provoquer des accidents graves, devant les lieux de stockage de déchets radioactifs et les installations chimiques, tous deux à 19%. Aussi, 37% affirment que prolonger la vie des centrales provoquera des incidents.
Il n’est donc pas surprenant de voir que pour plus des deux tiers des sondés (69%), la sûreté des installations nucléaires passe avant la production d’énergie « même si cela peut engendrer des coupures d’électricité dans le pays ».