Le nucléaire doit intégrer la taxonomie verte, écrit Macron à Bruxelles
Dans une lettre datée du 19 mars adressée à la Commission européenne et rendue publique jeudi 25 mars, 7 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne montent au front en faveur du nucléaire.
Le nucléaire sur le devant de la scène européenne
Ils souhaitent notamment que l’exécutif européen envisage la possibilité d’intégrer le nucléaire dans la future « taxonomie verte », qui définit les domaines où les investissements sont considérés comme durables ainsi que les financements nécessaires pour atteindre une baisse de 55 % des émissions de CO2 en 2030 et la neutralité carbone en Europe en 2050.
Le gaz fait son retour, le nucléaire toujours sur la touche
Alors que le gaz fossile y serait finalement intégré (il serait possible de remplacer les centrales électriques par des centrales à gaz lorsqu’elles sont moins émettrices de gaz à effet de serre), le nucléaire est toujours mis à l’écart.
Les leaders de la République tchèque (Andrej Babis), la France (Emmanuel Macron), la Hongrie (Viktor Orban), la Pologne (Mateusz Morawieck), la Roumanie (Florin Cîtu), la Slovaquie (Igor Matovic) et la Slovénie (Janez Jansa) ont donc décidé de réagir via une lettre commune.
« Nous sommes convaincus que toutes les technologies neutres ou à faibles teneur en carbone qui contribuent à la neutralité carbone… devraient non seulement être reconnues par l’UE, mais également soutenues activement » déclarent les co-signataires avant d’ajouter « C’est particulièrement le cas du nucléaire, dont le développement est l’une des priorités phares du traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom), contraignant les institutions de l’UE à le mettre en avant ».
Le nucléaire suscite des oppositions tenaces au sein de l’UE
Intégrer ou non le nucléaire fait débat depuis que l’Union européenne a engagé ses réflexions sur la taxonomie verte. En mars 2020 déjà, le rapport rendu par le groupe d’experts mandatés par la Commission Européenne ne tranchait pas vraiment.
Si les experts ont reconnu que « le nucléaire génère des émissions de gaz à effet de serre presque nulles pendant la phase de production d’énergie et peut donc contribuer aux objectifs d’atténuation du changement climatique », cette énergie n’apporte pas suffisamment de garanties environnementales à leurs yeux.
Ne pas « causer de préjudice important », principe socle de la taxonomie
« Il est très difficile d’évaluer l’impact du nucléaire sur l’économie circulaire et la gestion des déchets, la biodiversité, les systèmes d’eau et la pollution. Par exemple, en ce qui concerne la gestion à long terme des déchets de haute activité, une combinaison de stockage temporaire et d’élimination permanente dans les strates géologiques est la plus prometteuse, mais nulle part dans le monde un dépôt souterrain viable, sûr et à long terme n’a été établi », ont-ils ainsi estimé.
Avant de conclure que « Compte tenu de ces limites, il n’a pas été possible au groupe d’experts de conclure que la chaîne de valeur de l’énergie nucléaire ne cause pas de préjudice significatif à d’autres objectifs environnementaux sur les échelles de temps concernées. Le groupe d’experts n’a donc pas recommandé l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie à ce stade. »
L’Autriche et l’Allemagne s’opposent particulièrement à classer l’énergie nucléaire comme un investissement durable sous la taxonomie européenne. Leur argument principal ? L’énergie nucléaire ne peut être définie comme une énergie verte selon la directive phare de la taxonomie, à savoir le principe d’innocuité de la protection climatique (« do no significant harm »).