Nucléaire : EDF reporte la finalisation des plans de l’EPR2
En proie à des difficultés liées à la réalisation des plans de son EPR2, EDF a repoussé à cet été leur finalisation.
Le choix de « la lucidité »
Les plans génériques nécessaires à la confection des réacteurs ont pour but de définir tous les systèmes des EPR2. Ces plans, initialement prévus pour l’automne 2023, sont toujours en cours de réalisation. Désormais, leur livraison est prévue pour l’été. « Le ‘’basic design’’ doit encore être finalisé pour passer au design détaillé du réacteur, il y a encore du travail d’ingénierie à réaliser en particulier sur les bâtiments nucléaires (…) Le passage au design détaillé est désormais prévu mi-2024 (…) Ce décalage est une attitude de lucidité, le volume des études augmente considérablement lorsqu’on passe au ‘’design détaillé’’ du réacteur, on risque de faire, de défaire et de mal faire. Or, un grand projet de ce type s’engage sur des bases solides », explique en détails, dans un entretien aux Echos, Joël Barre, délégué interministériel au nucléaire qui supervise la relance de la construction des centrales pour le compte du gouvernement.
Début du chantier pour 2028 ?
EDF a appris de ses erreurs commises sur le projet de Flamanville où l’énergéticien ne disposait que de 25% des études d’ingénierie. Or, le coût d’un retard pris sur un chantier déjà en cours est bien plus élevé que celui sur un projet encore dans les starting blocks ; comme le démontrent les récentes annonces de surcoûts sur le chantier britannique d’EDF à Hinkley Point.
Ce report de finalisation des plans n’a, pour l’instant, pas poussé EDF et l’Etat à repousser les travaux préparatoires à Penly. Qu’il s’agisse de la découpe de la falaise ou encore de la construction de la plateforme en mer, ces travaux doivent être entamés au 1er juillet, date à laquelle EDF espère avoir reçu l’autorisation environnementale pour son projet.
En revanche, il y a de fortes chances pour que le lancement du chantier, prévu début 2028 soit, lui, bel et bien repoussé. La réponse sera donnée cette année. « Nous sommes en train de réaliser un travail d’optimisation des délais et des coûts », a précisé le directeur exécutif d’EDF, en charge du nouveau nucléaire, Xavier Ursat, auditionné début février au Sénat.
Plus de 52 milliards pour les 6 réacteurs
EDF a jusqu’à fin 2024 pour finaliser son plan de construction de ses six réacteurs et mettre à jour les coûts qui lui sont associés. « Les 52 milliards annoncés pour les six réacteurs en 2021 n’embarquent aucun coût de maîtrise d’ouvrage, ni d’acquisition de terrain. Entretemps, l’inflation sur les coûts des matériaux a eu un impact majeur », a fait valoir Xavier Ursat, qui précise que le coût prévisionnel mis à jour sera supérieur aux estimations de 2021.
Pour rappel, ce chantier s’inscrit dans le projet plus large de relance du nucléaire français. Ce réacteur doit être dupliqué six fois pour renouveler les centrales vieillissantes.