Mladena Pavlova Joveski, nous présente les solutions à disposition pour relancer les marchés du photovoltaïque et des pompes à chaleur.
« Les fournisseurs doivent s’approcher le plus possible des besoins de leurs clients afin de créer des offres plus adaptées».

Après avoir analysé les raisons de l’essoufflement temporaire de la transition énergétique, Mladena Pavlova Joveski, consultante à LCP Delta nous présente les solutions à disposition pour relancer les marchés du photovoltaïque et des pompes à chaleur.

Opéra Energie : Dans votre publication vous dressez un parallèle entre la situation actuelle du secteur de la transition énergétique et celle du secteur de l’automobile au lendemain de la « crise de 29 ». Quels enseignements la transition énergétique peut tirer du rebond de l’automobile après la Grande Dépression ?

Mladena Pavlova Joveski : Nous avons cherché les crises économiques dans l’Histoire pour en analyser les cycles et sur quoi ces crises ont abouti, selon les secteurs. Au début du XXe siècle, l’automobile est une nouvelle technologie qui, comme la transition énergétique aujourd’hui, est en phase de forte croissance. Avec la Grande Dépression des années 1930, le marché des voitures s’est retrouvé en difficulté. Il a fini par retrouver une dynamique de croissance quelques années plus tard en s’appuyant sur la stratégie de massification de sa clientèle. Aujourd’hui, même si nous ne sommes pas du tout dans les mêmes conditions économiques, les situations sont comparables en ce sens où, comme l’automobile à cette époque, la transition énergétique peut trouver une reprise forte pour regagner en dynamisme. C’est ce qui nous rend optimistes pour l’avenir. Elargir la base de clients sera crucial.

OE : Profitons-en pour aborder la question des comportements des prospects. Dans votre étude, vous vous appuyez sur les travaux de Woo-Kyoung Ahn, professeure en psychologie à l’université de Yale pour expliquer les comportements des clients potentiels qui pourraient constituer des freins au développement de la transition énergétique. Dites-nous en plus.

MPJ : Il y a une différence entre entreprises et particuliers. Là où les entreprises vont avoir des informations avancées, de la réglementation à connaitre, des obligations à remplir ; les ménages, eux, ont besoin de plus d’éducation. Nous observons dans nos différentes enquêtes menées, qu’il y a des habitudes rigides que l’on ne peut pas changer – par exemple les incitations à la consommation via les heures creuses ne fonctionnent que modérément. Il faut donc réfléchir et trouver des leviers pour donner de nouvelles habitudes et les bonnes pratiques aux consommateurs.

OE : Au-delà des habitudes ancrées, quels sont les autres comportements/choix des individus, susceptibles d’entraver la marche de la transition énergétique ?

MPJ : Woo-Kyoung Ahn montre que les consommateurs résidentiels privilégient les petits gains immédiats au détriment de bénéfices plus important mais différés, car « l’avenir semble tout simplement lointain », pour la citer. Il est dur pour un individu d’agir en sachant que les fruits de son action ne seront visibles que dans un an ou deux ou trois.

OE : Est-il possible de changer cela ?

MPJ : C’est tout l’enjeu. Comment ramener le futur au moment présent ? Rendre les bénéfices plus immédiats. Les applications permettant de voir en temps réel la consommation, sont un début. Elles envoient des alertes et favorisent le pilotage des appareils. Aussi, les fournisseurs doivent s’approcher le plus possible des besoins de leurs clients afin de créer des offres plus adaptées.  Enfin l’offre groupée est l’avenir. C’est une offre tout-en-un avec, par exemple, une offre d’électricité, du conseil, l’installation, le financement (qui n’est pas très développer en France).

Il faut aussi accompagner les clients vers le futur avec une communication claire et des solutions qui aident à adopter ces nouvelles technologies. Il faut les diriger vers toutes les aides existantes, également car c’est compliqué pour un consommateur de tout savoir.

OE : Quel avenir pour la transition énergétique ?

MPJ : La reprise dépendra de la mise en place des stratégies efficaces du côté des entreprises, mais aussi du côté des politiques. On l’a vu, les subventions, les aides, c’est un moyen très important quand on est à ce stade de développement du marché. A très court terme, 2025-2026, il va y avoir une stabilité après ce ralentissement. Pour plus tard, chez LCP Delta on prévoit une reprise progressive du photovoltaïque à l’échelle européenne. Concernant les pompes à chaleur, on s’attend à une petite reprise en 2026 mais nous estimons une reprise plus dynamique vers 2027-2028 sur toutes ces nouvelles technologies.

Propos recueillis par Giovanni DJOSSOU pour Opéra Energie

Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé