Pétrole : une croissance « robuste » de la demande prévue pour 2024

Alors que la COP 28 s’achève mardi 12 novembre, l’OPEP a joué une note dissonante le 6 décembre dernier en demandant explicitement à ses membres de rejeter tout accord sur les énergies fossiles pouvant se conclure lors de la conférence. Certains défenseurs de la COP, dont la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher n’ont pas tardé à réagir.

OPEP et COP 28 : vents contraires

« Il semble que la pression excessive et disproportionnée exercée sur les combustibles fossiles pourrait atteindre un point de basculement aux conséquences irréversibles, car le projet de décision contient encore des options sur l’élimination progressive des combustibles fossiles ». C’est par ces mots que le secrétaire général de l’OPEP, Haitam al-Ghais a enflammé les discussions de la COP 28. Dans une lettre adressée aux pays membres de l’organisation pétrolière et leurs associés, le secrétaire dénonce la dimension politique dans le traitement des énergies fossiles : « Bien que les pays membres prennent au sérieux le changement climatique, il serait inacceptable que des campagnes aux motivations politiques mettent en danger la postérité et l’avenir de nos peuples ».

Si l’OPEP réagit aussi vivement, c’est parce qu’elle craint un projet d’accord final de la COP, comportant une sortie des énergies fossiles. Selon Andreas Sieber, directeur associé de 350.org, (l’ONG américaine promouvant le désinvestissement des énergies fossiles) la lettre de l’OPEP est une « résistance désespérée (…) révélant sa crainte que le vent ne tourne, ce qui est désormais évident dans les discussions de la COP 28 ».

Si l’on prend en compte le fait que le président de la COP de Dubaï, le Sultan Al Jaber, est également patron de la compagnie pétrolière Adnoc et que le lobby des combustibles fossiles est l’un des groupes d’intérêt les plus importants de la conférence, on est en droit de questionner la réelle volonté de la COP de se diriger vers la décarbonation. « Les projecteurs sont braqués sur la présidence de la COP 28 (…) pour voir si elle négociera un accord de transition juste ou si elle se laissera influencer par l’Arabie saoudite et l’industrie pétrolière », prévient Andreas Sieber.

Agnès Pannier-Runacher : « Stupéfaite » et « en colère »

La ministre française de la Transition énergétique n’a pas tardé à réagir, en se déclarant « stupéfaite [et] en colère » à la suite de la diffusion de la lettre de l’OPEP. « Les énergies fossiles sont responsables de 75% des émissions de CO2 (…) il faut en sortir si on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C », a rappelé la ministre.

Agnès Pannier-Runacher enjoint donc la COP 28 à tenir bon face à ce coup de pression : « Je compte sur la présidence de la COP pour ne pas se laisser impressionner par ces déclarations et pour porter un accord qui affirme un objectif clair de sortie des énergies fossiles ».

Deux mondes face-à-face

La lettre de l’OPEP a été adressée à ses 13 membres, parmi lesquels l’Iran, l’Irak, le Nigéria ; mais également aux dix membres associés dont le Mexique, la Russie, la Malaisie et le Soudan.

La question de l’exploitation des énergies fossiles est épineuse, à l’échelle globale, car elle oppose deux mondes : celui ayant fait du climat (et donc de l’abandon progressif des hydrocarbures) une priorité ; et celui dont l’utilisation des énergies fossiles est indispensable à son développement.

Pourtant, Agnès Pannier-Runacher l’affirme : « La position de l’OPEP met en péril les pays les plus vulnérables et les populations les plus pauvres qui sont les premières victimes de cette situation ».

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.