
Au cœur des débats sur l’avenir énergétique de la France, la troisième Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) qui divise experts et élus, doit être discutée à l’Assemblée nationale ce lundi 28 avril. À la croisée des chemins entre relance nucléaire et essor des renouvelables, il façonne la trajectoire carbone du pays pour les prochaines décennies.
Une nouvelle trajectoire énergétique pour la France
La troisième Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) fixe les grandes orientations énergétiques françaises pour la période 2025-2035. Elle vise à renforcer la sécurité énergétique du pays, à stabiliser les prix, et à réduire la dépendance aux importations de gaz et de pétrole.
Concrètement, la part des énergies fossiles dans la consommation finale doit passer de 60 % en 2023 à 42 % en 2030, puis à 30 % en 2035. Pour y parvenir, la France mise sur une électricité principalement bas carbone (nucléaire et renouvelables), qui devrait représenter 39 % de la consommation en 2035 contre 27 % aujourd’hui. Les énergies renouvelables hors électricité (géothermie, biomasse, etc.) doivent, elles, progresser de 15 % à 30 %.
En rupture avec la précédente PPE (2019-2024) qui prévoyait la fermeture de plusieurs réacteurs nucléaires, ce nouveau texte acte la relance de l’atome, tout en confirmant une accélération des renouvelables marins et en stabilisant l’éolien terrestre. Le solaire, en revanche, voit ses ambitions légèrement revues à la baisse. L’électrification des usages devient également une priorité, dans les transports, les bâtiments et l’industrie.
Un texte au cœur de vives contestations
Initialement attendue pour mi-2023, la PPE3 a connu de nombreux retards, liés aux divisions politiques et institutionnelles. L’idée d’un projet de loi a été abandonnée en avril 2024 face aux oppositions tranchées entre pro-renouvelables et pro-nucléaire. C’est désormais par décret que le gouvernement espère avancer, malgré les appels de nombreux parlementaires à suspendre la publication du texte, comme nous vous le présentions dans nos colonnes.
La controverse est alimentée par des figures influentes telles que l’ancien PDG d’EDF Henri Proglio, qui dénonce une « trajectoire imposée » et « l’idéologie des renouvelables », tandis que d’autres experts, comme Nicolas Goldberg, insistent sur l’importance de développer une offre renouvelable pour décarboner l’économie. Les énergéticiens, de leur côté, pressent le gouvernement d’agir rapidement pour assurer la visibilité nécessaire à leurs investissements.
Une feuille de route indispensable mais au calendrier incertain
La PPE n’est pas seulement un outil technique ; elle est un pilier de la politique énergétique française, prévu par la loi de 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte. Fruit de quatre années de concertation entre entreprises, élus, collectivités et société civile, elle s’intègre dans la stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC) aux côtés de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) et du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC).
Cependant, le calendrier de sa publication reste flou. Sous pression, le Premier ministre François Bayrou a proposé un débat sans vote à l’Assemblée nationale puis au Sénat. Si la porte-parole du gouvernement Sophie Primas évoque une publication « avant l’été », des ajustements restent possibles en fonction des débats sur une proposition de loi portée par le sénateur LR Daniel Gremillet, attendue à l’Assemblée autour du 16 juin.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.