Prix de l’énergie : l’Europe face aux Etats-Unis
Malgré l’éloignement de la crise énergétique l’écart de compétitivité entre Europe et Etats-Unis ne semble cesser de se creuser.
Le gaz 4 fois moins cher aux Etats-Unis
La crise de 2022 s’éloigne peu à peu et les craintes exprimées il y a un an face à un éventuel hiver rude ne se font pas entendre cette année. Fin octobre, GRTgaz et Teréga le confirmaient : « Le réseau français est en mesure d’assurer les approvisionnements nécessaires pour couvrir les besoins en consommation et en transit vers l’Europe, même en cas de forte baisse des températures ». Pourtant, même si les niveaux de remplissage des réserves de gaz atteignent les 95% grâce aux importations de Norvège, des Pays-Bas et d’Espagne, le fossé entre Europe et Etats-Unis continue de se creuser.
Sur les marchés spot, en moyenne sur les 12 derniers mois, l’électricité était à 30€ du MWh, Outre-Atlantique, quand il était deux fois supérieur en France et trois fois supérieur en Allemagne. Sur les marchés à terme, les prix en France étaient 1,8 fois plus important qu’aux Etats-Unis pendant qu’ils l’étaient 2,2 fois en Allemagne.
Concernant le gaz, l’écart est encore plus frappant. Pour une livraison l’an prochain, les prix spot sont supérieurs à 40 €/MWh en Europe quand ils sont quatre fois moins chers au Henry Hub (indice de référence américain).
Fiscalité et Ukraine
Au-delà des prix, les coûts et les taxes viennent peser sur la compétitivité européenne. En France, la TICFE pourrait retrouver voire dépasser ses niveaux d’avant-crise. De plus, la hausse de la fiscalité pourrait faire perdre à la France son avantage compétitif lié au nucléaire, dont bénéficient, jusqu’à présent, ses entreprises modérément consommatrices d’électricité.
Avant la guerre en Ukraine, les Etats-Unis produisaient moins de gaz et l’Europe était fournie par la Russie. Depuis le déclenchement du conflit, 50% des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe proviennent des Etats-Unis. Or, du fait des coûts de transformation notamment, ce gaz est deux fois plus cher. Sans compter que les quotas de CO2 sont amenés à croitre dans les années à venir.
Elections américaines : quelles conséquences ?
Il est difficile d’anticiper les conséquences des élections présidentielles outre-Atlantique et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Comme promis dans son programme, le 47e président des Etats-Unis pourrait vite lever les contraintes sur les permis d’exploitation de terminaux d’exportation de GNL, ce qui encouragerait les exportations de gaz. Par ailleurs, il devrait booster la production gazière et pétrolière, ce qui entrainerait une baisse des prix.
Pourtant, même si le gaz américain venait à être moins cher à importer, sa baisse pourrait ne pas être significative pour autant (le MWh pourrait passer des 40 € à 35 € selon certains experts).
D’après les économistes d’Engie, pour que l’Europe retrouve une compétitivité il faudra qu’elle augmente sa production nucléaire et de renouvelable – pour l’électricité ; ainsi que sa production de biométhane – pour le gaz. Sur le long terme, les prix du gaz pourraient se stabiliser dans un ratio de 1 à 2 en faveur des Etats-Unis.