La Commission de régulation de l’énergie (CRE) lance une consultation sur le schéma décennal de développement du réseau (SDDR) transmis par RTE. Ce programme colossal prévoit près de 100 milliards d’euros d’investissements d’ici 2040 pour moderniser, adapter et étendre le réseau électrique français.
Un plan d’investissement de 100 milliards d’euros pour moderniser le réseau
En février 2025, RTE a soumis à la CRE une nouvelle version de son schéma décennal de développement du réseau de transport d’électricité. Conformément au code de l’énergie, la CRE ouvre aujourd’hui une consultation publique, qui se poursuivra jusqu’au 15 novembre.
RTE prévoit environ 100 milliards d’euros d’investissements entre 2025 et 2039, dont la répartition se décline ainsi :
- 20 milliards d’euros pour le renouvellement des infrastructures et leur adaptation au changement climatique, incluant 21 000 km de lignes ;
- 37 milliards d’euros pour raccorder les parcs éoliens en mer, soit 22 GW de puissance installée d’ici 2040 ;
- 16 milliards d’euros pour le raccordement d’utilisateurs terrestres (industriels, producteurs EnR, nucléaire ou stockage), dont une partie prise en charge directement par les demandeurs ;
- 14 milliards d’euros pour renforcer la structure du réseau à très haute tension face à la hausse de consommation et à l’essor industriel ;
- 4 milliards d’euros pour l’ossature numérique du réseau ;
- 2,5 milliards d’euros pour de nouvelles interconnexions européennes.
La CRE a chiffré l’impact prévisionnel de ces investissements sur les tarifs d’utilisation des réseaux d’électricité (TURPE) à +1 % par an hors inflation pour les clients résidentiels jusqu’en 2040. Ces trajectoires financières pourront toutefois évoluer selon la consommation et la production.
La CRE valide les grandes orientations mais appelle à la flexibilité
Dans ses conclusions préliminaires, la CRE considère que le renouvellement accéléré du réseau est incontournable, « compte tenu du vieillissement des lignes, qui datent pour beaucoup des années 1950 », une opportunité pour l’adapter au changement climatique avec un surcoût limité.
Elle insiste sur la nécessité de lancer rapidement les projets structurants, même si des incertitudes demeurent. Comme l’explique la CRE, « le développement des infrastructures de réseau nécessitant des temps de développement longs, parfois jusqu’à dix ans, il est nécessaire de lancer dès à présent les projets les plus structurants ».
La Commission souligne également :
- la nécessité de nouvelles lignes à très haute tension (400 kV), majoritairement aériennes, car l’option souterraine coûterait 40 à 70 milliards d’euros supplémentaires ;
- l’importance d’exploiter les flexibilités du système électrique (stockage, écrêtements limités des EnR) pour réduire les investissements ;
- la priorité d’un raccordement rapide et efficace des nouveaux utilisateurs, avec des procédures revues pour favoriser la mutualisation et l’anticipation ;
- le besoin d’équilibrer futurs projets d’interconnexions avec le renforcement des réseaux internes.
Enfin, le SDDR, au-delà de ses aspects techniques et financiers, constitue un outil prospectif : il fixe les grandes orientations pour accompagner l’électrification des usages, atteindre les objectifs climatiques et renforcer la compétitivité énergétique du pays.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.