
La flambée des cours du brut, stimulée par les sanctions imposées à la Russie par Washington redessine la carte énergétique mondiale. Tandis que les marchés pétroliers s’envolent, les places boursières mondiales demeurent prudentes, entre incertitudes géopolitiques et publication des résultats trimestriels des entreprises.
Le pétrole bondit de plus de 5 %
Les cours du pétrole se sont envolés jeudi matin après l’annonce de lourdes sanctions américaines à l’encontre des géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil. A 10h30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord grimpait de 5,16 % à 65,82 dollars, tandis que le WTI américain progressait de 5,62 % à 61,79 dollars. Selon Neil Wilson, analyste chez Saxo Markets, « les prix du pétrole ont fortement grimpé après que les États-Unis ont imposé des sanctions contre les deux géants russes Rosneft et Lukoil, marquant un tournant stratégique qui souligne la frustration croissante de Washington vis-à-vis de Moscou ».
Ces sanctions marquent une nouvelle étape dans la politique américaine. Elles prévoient le gel de tous les actifs de Rosneft et Lukoil sur le sol américain, ainsi qu’une interdiction totale de toute transaction commerciale avec des entreprises américaines. « Face au refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée, le département du Trésor impose des sanctions aux deux plus importantes compagnies pétrolières qui financent la machine de guerre du Kremlin », a déclaré Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain. Pour Soojin Kim, analyste chez MUFG, il s’agit d’un « tournant majeur dans la politique du président Trump, qui avait auparavant manifesté une volonté de négocier avec le président Poutine, mais invoque désormais le manque d’engagement de la Russie envers la paix ».
Dans le même temps, l’Union européenne a annoncé un accord pour durcir ses sanctions sur les hydrocarbures russes, prévoyant un arrêt total des importations de GNL russe et un renforcement du contrôle sur la flotte fantôme de pétroliers utilisée par Moscou pour contourner les embargos. Sur le marché du gaz, le contrat à terme TTF néerlandais (référence européenne) enregistrait également une hausse de 2,54 % à 32,57 €/MWh. Cette tension profite directement aux valeurs pétrolières : BP (+3,58 %), Shell (+3,35 %) et Tullow Oil (+9,17 %) bondissaient à la Bourse de Londres, tandis qu’Equinor gagnait 5,27 % à Oslo et TotalEnergies 2,38 % à Paris.
Les marchés boursiers entre prudence et résultats contrastés
Malgré la hausse des valeurs énergétiques, les bourses mondiales restaient prudentes. Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank, explique que « les inquiétudes liées aux relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, ainsi que la crainte d’une paralysie prolongée du gouvernement américain, pèsent sur la confiance des investisseurs ».
En Europe, vers 11h30 GMT, Paris progressait de 0,43 %, Londres de 0,62 %, Milan de 0,53 %, tandis que Francfort reculait légèrement de 0,09 %. Certains titres se distinguaient nettement : Rentokil bondissait de près de 12 % à Londres, porté par de solides performances en Amérique du Nord ; Volvo Cars voyait son action grimper de plus de 33 % à Stockholm, malgré des ventes en recul ; et Kering s’envolait de 10,49 % à Paris, ses résultats trimestriels surpassant les attentes du marché. A l’inverse, le groupe pharmaceutique Roche reculait de 2,39 % à Zurich, en raison de ventes décevantes sur plusieurs médicaments phares.
Outre-Atlantique, les perspectives restaient mitigées : les contrats à terme des trois principaux indices américains anticipaient une ouverture en légère baisse. Tesla, notamment, annonçait une chute de 37 % de son bénéfice net au troisième trimestre, à 1,37 milliard de dollars, affecté par la hausse de ses coûts opérationnels et des droits de douane. Son titre reculait de 3,41 % avant l’ouverture de Wall Street.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.