La Commission de régulation de l’énergie (CRE) mise sur les petits réacteurs modulaires (SMR/AMR) pour répondre aux défis de décarbonation et de compétitivité. Un rapport de sa Prospective propose des pistes concrètes pour accélérer leur déploiement et en faire une solution crédible d’ici 2050.
Un potentiel industriel et énergétique encore à concrétiser
Le groupe de travail de la CRE, co-présidé par Anne-Marie Choho, Directrice Générale de SETEC, et François Lévêque, Professeur d’économie à Mines Paris – PSL, a souligné que « la compétitivité des SMR et AMR repose sur leur modularité, leur flexibilité d’usage et les effets de série massifs ».
Aujourd’hui, plusieurs pays comme la Chine, la Russie ou les États-Unis ont une longueur d’avance, mais aucun n’a encore atteint le stade de l’industrialisation, principalement par manque de financements.
En Europe, un effort coordonné d’investissement, concentré sur quelques projets stratégiques, permettrait de réduire les délais et les coûts, renforçant ainsi l’indépendance énergétique du continent. Les SMR, plus avancés technologiquement, pourraient être commercialisés dès les années 2030, tandis que les AMR, offrant des usages plus diversifiés, nécessitent encore plusieurs décennies de recherche.
Des usages stratégiques et des recommandations pour l’avenir
Le rapport met en avant la production de chaleur comme principal débouché des SMR. Dans un pays comme la France, où l’électricité est déjà largement décarbonée, les applications les plus prometteuses concernent les réseaux de chaleur urbains et la chaleur industrielle inférieure à 300°C. « La chaleur produite par les SMR offre un coût du kWh plus compétitif que l’électricité », relèvent les membres du groupe de travail.
Pour concrétiser ce potentiel, onze recommandations ont été formulées, articulées autour de trois priorités :
Accélérer les efforts publics pour amener rapidement les SMR au stade industriel et lever les incertitudes sur les combustibles nécessaires aux AMR ;
Anticiper le débat public et l’acceptabilité sociétale, en particulier sur la localisation des futures unités ;
Préparer les compétences et gérer le cycle du combustible, en intégrant dès la conception les enjeux liés à la formation, aux déchets et au stockage.
En conclusion, la CRE rappelle que sa Prospective vise à « ouvrir le débat et construire une vision collective sur les technologies énergétiques de demain ». Après avoir travaillé sur le captage et la chaîne de valeur du CO₂, elle fait désormais des petits réacteurs modulaires une priorité stratégique pour l’avenir énergétique français et européen.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.