La France fait face à un excédent d’électricité qui fragilise son réseau. Le gestionnaire du réseau RTE a dû activer à plusieurs reprises des dispositifs exceptionnels pour maintenir l’équilibre entre offre et demande. En cause : des prévisions insuffisamment fiables de production des énergies renouvelables non-pilotables, comme le solaire et l’éolien.

Des mesures d’urgence déclenchées dès mars

Clément Bouilloux, directeur de Montel Analytics France, a indiqué que RTE avait déclenché à plusieurs reprises un mécanisme européen d’aide d’urgence depuis le mois dernier. Selon lui, ces tensions devraient durer « au moins jusqu’au début ou à la mi-juin ».

Le 2 mars, RTE a dû verser près de 12 000 euros/MWh à des gestionnaires de réseaux étrangers pour exporter l’électricité excédentaire produite en France. Une situation inédite et coûteuse, directement répercutée sur les consommateurs via les taxes intégrées dans les factures d’électricité.

Des coupures dans les parcs renouvelables

Face à la surabondance d’électricité, RTE a eu recours « presque quotidiennement à des mesures exceptionnelles et coûteuses ».

Dans une lettre adressée aux producteurs et fournisseurs d’énergie, le gestionnaire du réseau électrique explique ainsi que « RTE est actuellement confrontée à une situation extrêmement tendue qui rend l’usage des leviers traditionnellement nécessaires à l’équilibrage du système électrique (offres d’ajustement déposées sur le Mécanisme d’ajustement) insuffisant quasiment quotidiennement et l’amène à émettre des messages de mode dégradé pour in fine devoir recourir à des moyens post-marché exceptionnels et coûteux. »

Cela a notamment impliqué de forcer des opérateurs solaires et éoliens à réduire leur production contre compensation financière. Depuis le 4 mars, 13 parcs renouvelables ont ainsi été temporairement débranchés.

RTE ne souhaite pas communiquer de données chiffrées sur ces réductions, mais indique qu’elles sont « plus fréquentes cette année » qu’en 2024, où plus de 8 GWh avaient été effacés, pour un coût d’environ 100 millions d’euros.

Fiabilité des prévisions en question

Au-delà des coûts, c’est la sûreté du réseau qui est en jeu. Selon RTE, les producteurs d’énergies renouvelables ne prévoiraient pas leur production de manière fiable, un élément pourtant essentiel pour équilibrer le réseau au quotidien.

RTE appelle donc les responsables d’équilibre à agir « au mieux en amont du temps réel », et rappelle aux producteurs qu’ils ont l’obligation de fournir une programmation complète et fiable. Une meilleure anticipation permettrait, selon l’opérateur, de sécuriser le réseau et d’améliorer l’économie globale du système électrique.

Une offre excédentaire alimentée par le nucléaire et le solaire

Ce déséquilibre est le résultat de plusieurs facteurs. La production nucléaire est élevée (à son plus haut niveau pour un premier trimestre depuis six ans) tandis que la capacité solaire est en forte croissance, atteignant désormais 24,5 GW, après l’ajout de 5 GW en 2024. Or ces productions abondantes se heurtent à une faible demande, due à la saison printanière mais aussi à une moindre consommation, sous l’effet des efforts de sobriété énergétique et des incertitudes économiques.

Des prix négatifs dès le mois de mars

Ce surplus d’électricité a provoqué l’apparition de prix négatifs sur le marché de gros plus tôt qu’à l’accoutumée. « La saison des prix négatifs a commencé fin mars, début avril cette année, au lieu de juin », note Géry Lecerf, directeur des affaires publiques chez Alpiq. Ces prix reflètent l’excès d’offre et les tensions sur le réseau.

Selon Clément Bouilloux, la situation pourrait s’apaiser à l’été, avec la baisse de production due aux arrêts de maintenance dans le nucléaire, au recul de l’éolien et de l’hydroélectricité. Mais cette amélioration reste incertaine.

Charlotte Martin Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.