La transition énergétique allemande va plus vite que prévu
L’Australie impose ses multinationales grandes émettrices de carbone ; la Norvège construit un champ éolien offshore ; la transition énergétique allemande dépasse toutes les attentes. Le monde de l’énergie est riche en actualités. Tour d’horizon.
Norvège : un champ éolien offshore en passe d’être construit sur les côtes norvégiennes
Le 20 mars dernier, le gouvernement norvégien a annoncé qu’un consortium belgo-suédois avait remporté les enchères pour construire le premier champ éolien en mer, au large du pays.
A l’heure où les coûts de construction et les taux d’intérêts élevés mettent un frein au projet d’éoliennes, on pouvait craindre que ce projet ne voie pas le jour, d’autant plus que le champ est éloigné du continent, dans une zone en eaux profondes et proche de la frontière maritime avec le Danemark. Dans ce contexte seuls quatre consortiums apparaissaient dans la liste des candidats après le retrait des sept autres acteurs qui avaient initialement exprimé l’envie de mener le projet.
Finalement, le champ Sørlige Nordsjø II d’une puissance de 1 500 MW, verra bien le jour. « J’espère qu’ils commenceront [le développement] le plus rapidement possible », a précisé Terje Aasland, ministre norvégien de l’Energie.
La Norvège, plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, s’est fixé l’objectif officiel d’attribuer l’équivalent de 30 000 MW dans l’éolien en mer d’ici 2040.
Australie : imposition minimale de 15% pour les multinationales
Le gouvernement australien a dévoilé jeudi un projet de loi pour mettre en place une imposition minimale de 15% des bénéfices des multinationales pour qu’elles paient « leur juste part ». « Les multinationales qui réalisent des bénéfices en Australie devraient payer l’impôt sur les sociétés en Australie », a déclaré le trésorier australien Jim Chalmers. Le gouvernement australien espère adopter ce texte d’ici le mois de juillet. Toutefois, il se heurtera probablement à l’opposition de puissants lobbies industriels établis dans ce pays riche en ressources naturelles.
L’Australie est l’un des plus grands exportateurs mondiaux de charbon et de gaz, et le plus grand producteur de minerai de fer – essentiel à la fabrication de l’acier.
Allemagne : en voie d’atteindre ses objectifs 2030 ?
La première puissance économique de l’Union a un objectif en ligne de mire : -55% des émissions de CO2 pour 2030 (par rapport à 1990). Selon les prévisions du gouvernement, l’objectif pourrait être atteint dès 2027 poussant l’exécutif à revoir ses ambitions à la hausse. « Cela montre que nos efforts paient et que notre politique fait la différence », s’est autocongratulé Robert Habeck, ministre de l’Economie, de l’Ecologie et du Climat. La situation surprend, alors que beaucoup d’experts tablaient sur un recours accru au charbon par l’Allemagne, du fait de l’abandon du nucléaire et de la fin des livraisons de gaz russe en raison de la guerre en Ukraine.
La réduction record des émissions de l’année 2023 est la principale raison de ce succès. La réussite allemande est néanmoins à relativiser car le respect des objectifs et du calendrier est aussi la conséquence de la crise du secteur industriel que traverse le pays. Or, l’industrie allemande est responsable de 20% des émissions. Cette crise a entraîné une chute de la demande domestique et internationale et les prix exercés par l’Allemagne étaient trop élevés par rapport à la concurrence. Résultat : une récession de 0,3% du PIB en 2023. Par ailleurs, certains secteurs de l’économie restent à la traine et poussent à relativiser davantage encore cette réussite, comme l’exprime le porte-parole de Greenpeace, Martin Kaiser : « Personne ne doit confondre une crise économique avec une politique de protection du climat ».
Le nouveau but du gouvernement allemand est d’arriver à une réduction des émissions de 64% pour 2030, selon l’Agence fédérale de l’Environnement.