Transition énergétique : le monde n’est pas dans la bonne voie
En 2023, bien qu’il y ait eu une augmentation sans précédent de la capacité des énergies renouvelables, les investissements insuffisants et les barrières structurelles continuent d’entraver la transition énergétique. Même si techniquement réalisable, la multiplication par trois de la capacité de production d’énergies renouvelables d’ici 2030, un objectif de la COP28, nécessite une action politique résolue et des investissements majeurs.
Les efforts doivent s’intensifier
L’année 2023 a vu un ajout record de 473 GW aux capacités mondiales, mais l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) souligne que les efforts doivent s’intensifier pour surmonter les défis systémiques. L’IRENA appelle à une augmentation des investissements, qui devraient passer de 570 milliards de dollars en 2023 à 1 550 milliards de dollars annuellement pour atteindre une capacité additionnelle annuelle de 1 100 GW nécessaire d’ici 2030.
« Au lendemain du consensus historique sur le triplement des énergies renouvelables atteint aux Émirats arabes unis dans le cadre de la COP28, ces ajouts de capacité, bien qu’établissant un nouveau record, indiquent clairement que la réalisation de l’objectif est loin d’être garantie. En tant qu’agence dépositaire, l’IRENA surveille chaque année les progrès réalisés à travers des indicateurs clés. Nos données confirment que les progrès restent insuffisants et que la transition énergétique n’est pas sur la bonne voie. Nous devons de toute urgence nous détourner des combustibles fossiles pour redresser la trajectoire et maintenir l’objectif de triplement des énergies renouvelables à portée de main » déclare ainsi le Directeur général de l’IRENA, Francesco La Camera.
Une inégalité des investissements liés à l’énergie
Malgré les investissements record de plus de 2 billions de dollars en 2023, les pays en développement reçoivent une part minime, avec seulement 15 % des investissements mondiaux. « Et l’Afrique subsaharienne en a reçu moins de 1,5 %, alors qu’elle abrite la plus grande proportion de populations privées d’énergie. »
L’IRENA critique également le soutien financier massif aux combustibles fossiles qui s’élève à 1,3 billion de dollars en 2022, en contradiction avec les objectifs de la COP28. « À eux seuls, les membres du G20 ont déboursé un montant record de 1,4 billion de dollars en fonds publics pour soutenir les combustibles fossiles en 2022, ce qui va directement à l’encontre de l’engagement pris par la COP28 d’abandonner cette source d’énergie. » interpelle l’IRENA.
L’Agence plaide ainsi pour une coopération internationale renforcée et un meilleur fléchage des dépenses, afin de soutenir les pays en développement qui sont confrontés à des coûts de financement élevés. Des réformes structurelles, notamment dans les mécanismes de financement multilatéraux, sont également nécessaires pour une transition inclusive et avantageuse pour tous.