
Alors que le Sénat examine une proposition de loi controversée visant à supprimer les subventions aux énergies renouvelables, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci alerte sur les conséquences économiques et industrielles d’un éventuel moratoire. À ses yeux, c’est non seulement l’emploi qui est en jeu, mais aussi la souveraineté énergétique du pays.
Moratoire : une menace directe sur l’emploi industriel ?
Marc Ferracci a tiré la sonnette d’alarme mardi 8 juillet sur CNews et Europe 1, mettant en garde contre un arrêt brutal du soutien aux énergies renouvelables. « Un moratoire sur les énergies renouvelables, ce serait d’abord un moratoire sur l’emploi. Ça veut dire plein de projets d’investissement qui vont s’arrêter, ça veut dire des filières entières qui vont licencier », a-t-il averti. Le ministre répond ainsi à la proposition de loi portée par le sénateur LR Daniel Gremillet, qui divise profondément la majorité présidentielle et la droite. Celle-ci vise à mettre fin aux subventions publiques pour les secteurs de l’éolien et du photovoltaïque — une position défendue par Bruno Retailleau, également membre du gouvernement. « Je note qu’il a défendu les éoliennes par le passé lorsqu’il était président du conseil général de Vendée », a relevé Marc Ferracci avec ironie.
En rappelant que des milliers d’emplois dépendent déjà de la filière, notamment à Cherbourg, Saint-Nazaire ou au Havre, il cite les « 8 000 emplois » de l’éolien en mer et des « dizaines de milliers d’emplois » dans l’ensemble des énergies renouvelables.
Souveraineté énergétique et compétitivité : des enjeux cruciaux
Au-delà de l’emploi, le ministre insiste sur les enjeux stratégiques à long terme. Il appelle à sortir de « la guerre de religion entre nucléaire et renouvelables » pour affirmer une vision pragmatique fondée sur la souveraineté énergétique et la réduction de la dépendance aux énergies fossiles. « Aujourd’hui, nous avons besoin d’électrifier nos usages pour moins dépendre du gaz et du pétrole : 60 % de notre consommation énergétique, c’est du gaz et du pétrole importé. C’est 70 milliards d’euros de déficit sur notre balance commerciale et c’est une dépendance vis-à-vis de la Russie », a-t-il rappelé.
En matière de compétitivité, Ferracci souligne que « certaines énergies renouvelables, l’éolien terrestre en particulier, sont aussi compétitives [autour de 70 euros du mégawattheure] que le nucléaire existant ». Selon lui, « le sujet, c’est électricité décarbonée contre énergie fossile. Moi, ce que je veux, c’est qu’on sorte de la dépendance au gaz et au pétrole que nous importons ».
Enfin, devant les sénateurs, il a affirmé que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), tant attendue par les industriels, sera publiée « avant la fin de l’été », sans attendre la seconde lecture de la proposition de loi Gremillet à l’Assemblée. « C’est indispensable pour donner de la visibilité aux porteurs de projets, lancer les appels d’offres pour l’éolien en mer et permettre aux industriels d’investir », a-t-il justifié. Le gouvernement prévoit toutefois d’intégrer les contributions du Parlement dans la version finale de la PPE attendue à l’automne.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.