Un réseau franco-allemand de transport de l'hydrogène, en vue

L’Allemagne prévoyait de construire une flotte de centrales électriques à hydrogène ne verra certainement pas le jour, la faute à une impréparation du gouvernement et un manque de moyens.

7 milliards d’euros annuels qui s’envolent

En août 2023, le gouvernement allemand annonçait, triomphant, que l’Union européenne donnait son feu vert au projet de centrales électriques à l’hydrogène de secours, subventionnées. La flotte de ces centrales à hydrogène devait être un complément à l’éolien et au solaire. Concrètement, cela signifiait 8,8 GW de centrales électriques à l’hydrogène, ainsi que 15 GW de centrales alimentées au gaz naturel, qui devraient passer à l’hydrogène d’ici 2035 au plus tard, ce qui représente, au total, environ un tiers de la demande électrique de pointe allemande de 2023.

Cette stratégie qui s’inscrivait dans l’objectif de production d’électricité 100% verte, ne verra pourtant pas le jour. La faute à une crise budgétaire déclenchée par une décision de la Cour constitutionnelle allemande obligeant le gouvernement à faire une croix sur les 7 milliards d’euros annuels dédiés aux centrales à hydrogène.

Ce n’est pas tout. Selon Sigfried Russwurm, président de la puissante association industrielle allemande, BDI, les modèles économiques et les moyens de financement « totalement flous » sont également des raisons majeures de l’échec du projet.

Ces centrales ne produiraient probablement de l’électricité que pendant les périodes de faible vent et d’ensoleillement. Il est peu probable qu’elles réalisent des bénéfices sans le soutien de l’État.*

L’alternative : continuer à s’appuyer sur le gaz et… le charbon

Un nouveau coup dur pour l’Allemagne, qui, ayant décidé de sortir du nucléaire et de réduire son approvisionnement en gaz russe, s’est vu contraint de faire appel au charbon. « Il serait bizarre et embarrassant que l’Allemagne, un pays doté d’une des stratégies de décarbonation les plus ambitieuses, finisse par dépendre du fonctionnement continu de ses centrales électriques au charbon », critique Sigfried Russwurm. Il poursuit : « tant que la perspective de nouvelles centrales électriques de secours basées sur l’hydrogène ne se concrétisera pas (…) la solution en Allemagne sera la poursuite de l’exploitation des centrales électriques au charbon ».

Les groupes industriels exhortent le gouvernement à abandonner le fantasme de l’hydrogène pour se reporter sur le gaz, ce qui réduirait les coûts, car les centrales à hydrogène nécessitent des composants coûteux. « Le gouvernement fédéral doit maintenant se ressaisir : nous avons besoin d’une stratégie en matière de centrales électriques avec des conditions-cadres claires », prévenait, le 11 janvier, l’association de l’énergie, BDEW. « Au moins 15 gigawatts (GW) de nouvelle capacité de production sécurisée seront nécessaires en Allemagne d’ici 2030 », a-t-elle ajouté.

Le projet allemand d’abandonner complètement l’énergie au charbon d’ici 2030 ne se concrétisera pas. Au lieu de cela, l’Allemagne devra continuer à s’appuyer sur des centrales électriques au gaz pour répondre à la demande croissante d’électricité.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.