La raffinerie de Donges, située en Loire-Atlantique, a récemment marqué un temps d’arrêt début mars, avec une anticipation de reprise totale des opérations début avril. TotalEnergies, la compagnie pétrolière responsable, a engagé les opérations de redémarrage suite à une mise en demeure par la DREAL de Loire-Atlantique. Cette décision fait suite à la détection de problèmes de corrosion et de fuites, bien que ces derniers ne présentent, a priori, pas de danger immédiat pour l’environnement ou pour les salariés.

Un arrêt qui ne pénalise pas l’approvisionnement des stations services

« Nous avons décidé l’arrêt, il ne nous a pas été imposé, a fait savoir Jean-Marc Durand, directeur du raffinage Europe de TotalEnergies. L’arrêt d’une raffinerie ne se fait en général que tous les six à sept ans, pour de la maintenance importante, des réparations. Mais quand cela apparaît nécessaire, nous le faisons en dehors de ces périodes, même si cela a un coût pour nous. »

Malgré la diminution du nombre de raffineries sur le territoire national au cours des dernières décennies, l’arrêt de Donges, n’a pour l’instant aucun effet significatif sur l’approvisionnement des stations-service ou sur les prix à la pompe, qui ont montré une stabilité ou une légère baisse. La France, grâce à ses réserves et ses capacités d’importations, maintient une sécurité d’approvisionnement robuste.

Des raffineries vieillissantes soumises à une forte concurrence

Les incidents récents, comme celui de Donges ou l’incendie maîtrisé à la raffinerie Esso-ExxonMobil, soulèvent des questions sur la fiabilité et la compétitivité du secteur. Ils tendent à souligner le vieillissement du parc de raffineries en France.

Vieillissant, le parc et soumis à une forte concurrence au niveau mondial. Les raffineries françaises, dont beaucoup datent des années 1930, luttent pour leur survie dans un marché globalisé. Elles doivent faire face à de multiples défis, notamment à la construction de nouvelles infrastructures en Asie, dont les prix sont plus compétitifs.

« Il y a un déficit de compétitivité des raffineries européennes, notamment à cause des normes environnementales, qui sont beaucoup plus basses en Inde, par exemple. Depuis 2009, on assiste à la délocalisation de l’outil de raffinage. Il y a une responsabilité des entreprises, mais surtout des politiques » explique Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire CGT TotalEnergies de la raffinerie de Donges.  

Vers une reconversion en bioraffineries ?

Du côté des autorités publiques, le soutien intensif aux raffineries apparaît comme délicat en raison des enjeux de transition énergétique. A l’heure actuelle, une solution semble voir le jour : celle de la transformation des installations actuelles en bioraffineries, permettant la production de biocarburants. Reste à savoir comment évoluera la demande en biocarburants. TotalEnergies reste optimiste.

« Il restera toujours des raffineries car il y aura des besoins en pétrochimie, en bitume, et l’on va produire de plus en plus de biocarburants. Mais il faut adapter notre outil à la demande, transformer nos installations. Une bioraffinerie ressemble à une raffinerie et il n’y a aucune raison d’avoir peur de l’avenir. Notre métier n’est pas à risques, il y aura toujours besoin de notre savoir-faire. » déclare Jean-Marc Durand.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.