La semaine passée, la Cour des comptes a annoncé que la méthanisation pourrait prendre une dimension industrielle.
3 TWh d'électricité ont été produits à partir de biogaz en France, en 2023.

La semaine passée, la Cour des comptes a annoncé que la méthanisation pourrait prendre une dimension industrielle.

Une évolution motivée par le mode de soutien financier

Le développement du secteur du biogaz en France, actuellement centré sur la méthanisation agricole, pourrait évoluer vers des structures plus industrielles en raison du mode de soutien financier choisi pour limiter l’impact sur les finances publiques, selon un rapport publié mercredi par la Cour des comptes.

La production de biogaz répond à plusieurs objectifs de politique publique, notamment la décarbonation de l’énergie, la transition agroécologique et la résilience des exploitations agricoles, ainsi que la gestion des déchets, rappelle la Cour dans son analyse.

Issu de la fermentation de matières organiques, le biogaz produit par méthanisation constitue une source d’énergie renouvelable. Il peut être utilisé pour générer de l’électricité et de la chaleur par cogénération ou, après épuration, être injecté sous forme de biométhane dans les réseaux de gaz.

1 911

Soit le nombre d’unités de méthanisation en France en 2023.

Biogaz : 50 TWh produits en 2035 ?

Grâce à divers dispositifs de soutien, une filière s’est développée en France, regroupant aujourd’hui plus d’un millier d’unités de méthanisation, majoritairement agricoles et de petite taille. Cette spécificité distingue la France de ses voisins européens, où les installations sont généralement plus grandes, comme au Danemark.

Cependant, la troisième Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) fixent des objectifs ambitieux pour la filière, avec une production de biogaz ciblant 50 TWh en 2035 contre 12 TWh en 2023. Pour atteindre cet objectif, l’État mise sur un mécanisme extrabudgétaire basé sur des « certificats de production de biogaz ». Ce dispositif impose aux fournisseurs de gaz de financer le développement de la filière, réduisant ainsi l’impact sur le budget de l’État. En conséquence, ces coûts sont répercutés sur les consommateurs finaux de gaz.

Toutefois, ce mode de financement privilégie les installations de grande envergure, pilotées par des industriels ou des énergéticiens, marquant une rupture avec le modèle actuel, essentiellement agricole et encore peu structuré, souligne la Cour des comptes.

Fin 2023, la France comptait 1 911 unités de méthanisation, et la production d’électricité à partir de biogaz atteignait 3 TWh, soit 0,7 % de la consommation électrique nationale. Par ailleurs, la production de biométhane injecté dans le réseau de gaz s’élevait à 9,1 TWh, couvrant 2,4 % de la consommation française. Enfin, la Cour alerte sur une potentielle insuffisance de biomasse disponible pour la méthanisation dès 2030, ce qui pourrait engendrer des tensions entre les besoins en biogaz, la production alimentaire et certains biocarburants.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.