Contrat d’allocation de production nucléaire : le Sénat met en garde EDF
Marc Benayoun, Directeur exécutif d’EDF, était interrogé ce mercredi 3 avril par la Commission d’enquête sénatoriale sur la production, la consommation et le prix de l’électricité aux horizons 2035 et 2050.
EDF défend son nouveau produit, le Contrat d’allocation de production nucléaire (CAPN)
EDF a annoncé en en 2023 le développement de contrats adossés à la production nucléaire des actifs existants : les Contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN).
Il s’agit de contrats long terme, qui comprennent une « avance de tête », qui revient à une participation aux coûts du parc nucléaire existant.
Ces contrats s’adressent aux entreprises dites électro intensives, soit 100 industriels dont la consommation globale annuelle s’élève à 40 TWh. Ces contrats sont signés pour une durée supérieure à 10 ans.
Un CAPN ne permet pas de couvrir l’ensemble de la demande d’électricité d’un client, mais un volume qui représente entre 50 et 70 % de sa consommation explique EDF. Le complément est à acheter sur le marché de l’électricité. Marc Benayoun ajoute que des négociations sont en cours avec les industriels concernés, précisant que d’ores et déjà EDF a reçu 3 lettres d’intention.
Des propos en décalage avec la réalité ?
C’est en tout cas ce que dénonce la sénatrice (LR) Martine Berthet.
« Je suis étonnée du décalage qu’il y a entre ce que vous nous expliquez et ce me que disent les industriels » s’interroge la sénatrice de la Savoie.
« Les électro intensifs disent qu’il n’y pas de négociations en cours avec eux, car vous négociez d’abord avec les hyper électro intensifs. »
Or pour ces derniers non plus, les négociations n’ont pas l’air bien avancé, « l’avance en tête est trop importante, elle s’élève à un 1/3 de leur chiffre d’affaires » dénonce la sénatrice.
« C’est un décalage irréaliste ! Et pourtant tous ces industriels ont besoin de savoir où ils vont », notamment à l’heure de nécessaires investissements liés à la décarbonation et alors que l’ARENH s’éteint fin 2025.
« Les négociations semblent être bloquées » renchérit-elle.
Marc Benayoun ne partage pas son avis, arguant que des réunions avec les acteurs industriels ont lieu toutes les semaines et qu’en plus des 3 lettres d’intention, qui représentent 10 TWh d’électricité, « des discussions sont bien engagées avec un consortium de 6 industriels dont la consommation équivaut à 7 TWh. »
« C’est normal que les clients se plaignent quand ils sont en négociation avec leurs fournisseurs » plaide-t-il encore avant d’insister à nouveau sur la compétitivité des contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN).