La Cour des comptes, dans un rapport adressé à la commission des finances de l’Assemblée nationale, alerte sur la situation financière d’EDF.

 Une dette déjà lourde et des investissements colossaux à venir

Fin 2024, la dette d’EDF s’élevait à 54,3 milliards d’euros. Or, le groupe public est confronté à des besoins d’investissement hors norme : entre 2025 et 2040, les investissements nets pourraient atteindre 460 milliards d’euros selon les projections d’EDF reprises par la Cour.

Ainsi que le précise l’AFP, « EDF prévoit d’allouer 90 milliards d’euros à la maintenance et la prolongation du parc nucléaire existant, 115 milliards d’euros pour la construction de 14 EPR 2 (dont 75 pour les six premiers), 15 milliards d’euros pour le parc hydraulique ou encore plus de 100 milliards d’euros sur le réseau d’Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité. »

Ces sommes illustrent l’ampleur du défi : dans un contexte de transition énergétique et de relance du nucléaire, EDF serait contraint de mobiliser massivement des capacités financières, tout en concourant à l’intérêt général.

Incertitudes sur les modalités de financement et le partage des risques

Devant l’ampleur du défi, la Cour des comptes pointe plusieurs fragilités et appelle à clarifier le modèle de financement du groupe. Les sages de la rue Cambon rappellent ainsi qu’EDF est « confronté à d’importantes incertitudes sur sa capacité de financement à long terme » dans un contexte de fortes contraintes.

Pour eux, le modèle de financement devrait prévoir une répartition claire de l’effort financier entre l’État (qui est l’actionnaire unique), EDF lui-même et les consommateurs finaux.

Il faut définir « préalablement à la décision finale » les modalités de partage des risques entre l’État et le groupe pour chaque programme d’investissement, notamment les EPR2.

La Cour recommande également que le groupe précise sa politique de dividendes, et envisage une revue stratégique des participations et filiales. En cas de scénarios défavorables sur les prix de l’électricité, des cessions d’actifs ou de participations pourraient être mobilisées comme levier de financement.

Ces recommandations visent à créer de la transparence, à répartir les risques et à éviter que la charge repose de façon excessive sur un seul acteur (EDF ou l’État).

 Des aléas opérationnels à ne pas négliger… tout comme la fin de l’ARENH

Au-delà des enjeux financiers, la réalisation des plans d’EDF dépendra fortement de ses performances techniques et opérationnelles : tout retard ou dérive technique remettrait en cause la capacité d’investissement du groupe.

Cette alerte intervient à quelques semaines de la fin du dispositif régulé ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique), prévue au 31 décembre 2025.

L’extinction de l’ARENH va davantage exposer la rentalibilité d’EDF « aux aléas d’évolution des prix de marché de l’électricité » pointe le rapport. À partir de 2026, les revenus d’EDF resteront en effet soumis à de fortes incertitudes. Le dispositif qui remplacera l’ARENH ne donne aucune assurance quant aux niveaux de recettes du groupe, souligne la Cour des comptes. Pour dégager de la valeur, EDF devra vendre son électricité autour de 60 à 65 €/MWh (en euros 2022). Un seuil qui dépendra directement de deux variables difficiles à anticiper : l’évolution très volatile des prix de gros de l’électricité et la consommation future.

Charlotte Martin Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.