
Au sommet climat de New York, Pékin a annoncé vouloir réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 7 à 10 % d’ici 2035, par rapport à son pic attendu dès 2025. Une cible jugée trop prudente par l’Union européenne, mais qui s’accompagne d’un essor spectaculaire des énergies renouvelables dans le pays.
Premier « électro-État » avec 256 GW de solaire installés au premier semestre 2025
Alors que l’Europe patine sur ses législations environnementales, la Chine avance rapidement dans sa transition énergétique. Un chiffre résume cette percée : au premier semestre 2025, Pékin a installé 256 GW de capacités solaires, soit plus du double du reste du monde réuni (124 GW). Selon le climatologue François Gemenne, « d’ici à 2030, on estime que la production d’énergie solaire en Chine dépassera la consommation électrique des États-Unis ».
Cette dynamique fait du pays le premier « électro-État », selon le think tank Ember, son économie étant désormais largement alimentée par l’électricité. C’est dans ce contexte que Xi Jinping a annoncé la nouvelle contribution nationale déterminée (NDC) : une réduction des émissions nettes de 7 à 10 % d’ici 2035, par rapport à leur pic.
Mais l’Union européenne juge cet objectif insuffisant. « Ce niveau d’ambition est clairement décevant », a critiqué le commissaire européen au climat, Wopke Hoekstra, rappelant qu’une baisse d’au moins 30 % serait nécessaire pour respecter l’accord de Paris.
« La Chine montre qu’on peut concilier croissance et décarbonation »
Pour la première fois, Pékin fixe une réduction en valeur absolue, et non plus relative à son PIB ou à sa consommation énergétique. « La Chine a les capacités de faire beaucoup plus. Cet objectif doit surtout être compris comme un plancher », explique Lola Vallejo, de la Fondation européenne pour le climat. Selon elle, Pékin sous-promet pour mieux surperformer.
Du côté européen, l’absence d’un objectif chiffré présenté à l’ONU contraste avec ce nouvel engagement chinois. « C’est un grand paradoxe qu’au moment où la Chine adopte une NDC qui se rapproche de nos standards, nous ne soyons pas en mesure de présenter quelque chose de solide », déplore Pascal Canfin, député européen.
Au-delà du duel sino-européen, ces annonces constituent un signal pour les pays en développement. « La Chine montre qu’on peut concilier croissance et décarbonation. C’est un signal important pour tous les pays du Sud », souligne le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique.
Cependant, le paradoxe demeure : la Chine reste encore dépendante du charbon, avec 21 GW de nouvelles capacités mises en service au premier semestre 2025, le niveau le plus élevé depuis 2016. Ses émissions représentent à elles seules 30 % des émissions mondiales de CO₂.
Source : Les Echos
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.