Des stockages français prêts pour cet hiver, de quoi rassurer les marchés ?
Dans un communiqué de presse en date du 3 septembre, Storengy tente de rassurer : « Alors que plusieurs pays européens s’inquiètent d’un risque de pénurie sur l’hiver à venir, la situation en France est sensiblement différente. » explique ainsi l’opérateur français de stockage de gaz, filiale de Engie. Mais est-ce aussi simple ?
Un taux de remplissage des stockages élevé
En Europe, le niveau de gaz naturel stocké atteint 745 TWh, soit 67% de sa capacité alors que l’hiver gazier se rapproche. Il est vrai que la France affiche un niveau de remplissage supérieur, à 80 % de ses installations, un niveau « comparable à celui des 10 dernières années et ce malgré une très forte hausse du prix de la molécule de gaz depuis le début de l’année » rappelle le principal stockeur en France et en Europe. Ce dernier y voit même l’accréditation de la pertinence du mécanisme de régulation du stockage de gaz naturel français, mis en place en 2018 et récemment validé par Bruxelles.
Cependant, les niveaux restent encore trop bas, ainsi que le montre le graphique suivant :
Or, cette situation compte pour une bonne part dans l’augmentation des prix du gaz, ainsi que l’a rappelé la Commission de régulation de l’énergie. Pour mémoire, les tarifs réglementés du gaz d’Engie ont augmenté de + 9,96 % le 1er juillet 2021, de + 5,3 % en aout et à nouveau de + 8,7 % en septembre.
Le stockage du gaz scruté depuis la fin du printemps
Cela fait quelques mois déjà que les réserves de gaz naturel européennes sont sous surveillance. En juin dernier, elles n’étaient qu’à 36 % de leur capacité, un niveau largement en-deçà des 50 % qu’elles ont affichés en moyenne sur les 5 dernières années, à la même époque. En juillet, les stocks européens ont atteint 55 % de leur capacité, soit 30 % de moins que l’an dernier.
Ces retards dans le stockage n’ont pas manqué de susciter des inquiétudes dans un contexte déjà haussier des prix du gaz.
Outre les faibles niveaux de stockage, les prix du gaz sont aussi impactés par la forte demande asiatique de gaz naturel liquéfié, qui capte l’offre de GNL au détriment de l’Europe. La raison ? Les prix pratiqués sur les marchés asiatiques sont bien avantageux. Les tensions sur l’approvisionnement, entre opérations de maintenance et incidents, jouent aussi un rôle majeur dans cette dynamique haussière. De même, les envolées des prix du CO2 et du charbon soutiennent le gaz sur toutes ses échéances.
Dans la foulée, l’électricité a elle aussi bondi. En ce début de semaine, le Cal-22 a clôturé à 93,95 €/MWh, au-dessus de la barre symbolique des 93,13 €/MWh de 2008.