L’Etat va investir pour rénover ses bâtiments
En février dernier, Bruno Le Maire, a établi des directives strictes concernant les investissements immobiliers publics, exigeant qu’ils intègrent des mesures pour répondre au changement climatique.
Entre 7 et 14 milliards d’euros pour adapter les bâtiments
Lors d’une conférence de presse tenue à Bercy, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, a souligné que les investissements immobiliers devront se concentrer sur des bâtiments bien ventilés, rénovés, isolés et protégés du soleil.
Cependant, les résultats actuels sont loin de ces attentes. Dans son rapport annuel, la Cour des comptes a sévèrement critiqué la politique de gestion immobilière de l’État en ce qui concerne l’adaptation au changement climatique. Pour le secteur de l’enseignement supérieur seul, représentant environ un quart des bâtiments publics, les estimations des investissements nécessaires pour adapter ces bâtiments au changement climatique varient de 7 à 14 milliards d’euros selon différentes sources. Le ministre délégué au Budget, Thomas Cazenave, a reconnu que cela représentait un défi financier considérable : « Notre stratégie pour l’immobilier de l’Etat repose sur deux piliers, la sobriété et l’investissement, qui nous permettent de traiter deux dettes. La dette financière et la dette écologique, la rénovation thermique des bâtiments constituant à terme une baisse significative de la facture d’énergie », a-t-il expliqué.
Immobilier public : -25% d’émissions d’ici 2027 ?
Les objectifs fixés sont ambitieux : une réduction de 10 % des émissions de gaz à effet de serre entre 2022 et 2024, et de 25 % d’ici la fin du quinquennat pour l’immobilier public. Cependant, l’ampleur de l’action à entreprendre est colossale, avec l’État possédant 100 millions de mètres carrés de bâtiments générant 2,6 millions de tonnes équivalent CO2 par an et 16 térawattheures de dépenses énergétiques.
Un début de financement a été mis en place avec le plan de relance de 2,7 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics, dont une part importante est allouée aux établissements du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Des crédits ont été engagés et de nombreux projets sont en cours de réalisation.
La ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a également salué l’importance du plan Campus pour les universités, soulignant les fonds considérables investis depuis sa création à la fin des années 2000.
Un nouvel appel à projets a été lancé à la fin de l’année dernière par la direction de l’immobilier de l’État, doté de 550 millions d’euros supplémentaires d’autorisations d’engagements, avec une partie spécifique allouée à l’enseignement supérieur et à la recherche. Thomas Cazenave insiste sur le fait que l’accent doit être mis sur les résultats en matière de transition énergétique : « Il faut sortir d’une présentation qui ne partirait que des montants investis. La question doit être double : quel est le gain écologique ? Et in fine, quel est le gain économique ? L’objectif n’est pas le nombre d’euros investis mais bien le résultat en matière de transition énergétique. On doit piloter nos projets au regard de l’impact environnemental. La rénovation thermique des bâtiments est l’un des grands chantiers du siècle ». Cependant, certains experts contestent l’approche basée sur le critère du coût par tonne de CO2 évitée, la jugeant trop limitée dans le temps.
Benoît Leguet, directeur du think tank I4CE, souligne qu’évaluer l’efficacité des dépenses publiques est crucial mais nécessite une approche à long terme. Il met en garde contre la focalisation sur les solutions les moins coûteuses à court terme, soulignant que la transition écologique est un processus à long terme nécessitant une vision à long terme.