
Alors que les engagements internationaux visent à contenir le réchauffement climatique, la production prévue de charbon, pétrole et gaz d’ici 2030 reste largement incompatible avec ces objectifs. Un nouveau rapport souligne l’ampleur du décalage entre les annonces politiques et la réalité des plans d’extraction.
Un signal contraire aux objectifs climatiques
Selon l’étude « Production Gap 2025 », rédigée par l’Institut international du développement durable (IISD), Climate Analytics et l’Institut de l’environnement de Stockholm (SEI), la production mondiale de combustibles fossiles prévue pour 2030 dépassera de 120 % le volume compatible avec un réchauffement limité à 1,5 °C. Même la limite haute de l’accord de Paris, fixée à 2 °C, serait largement hors de portée, la production étant encore « 77 % trop élevée ».
« Les pays prévoient désormais une production de ces énergies encore plus élevée comparé à il y a deux ans », souligne Derik Broekhoff, chercheur au SEI, dénonçant une « déconnexion entre les ambitions climatiques et ce que les pays prévoient réellement de faire ».
Les projections gouvernementales conduiraient en 2030 à des hausses spectaculaires : + 500 % pour le charbon, + 31 % pour le pétrole et + 92 % pour le gaz par rapport à la trajectoire compatible avec 1,5 °C. Ces tendances interviennent alors même que l’AIE encourage de nouveaux investissements dans le secteur pétrolier et gazier, donnant un signal contraire aux objectifs climatiques.
Des pays producteurs loin d’un consensus sur la transition
L’étude passe en revue les 20 plus grands producteurs d’énergies fossiles (Arabie saoudite, États-Unis, Chine, Brésil, etc.), qui concentrent 80 % de la production mondiale. Parmi eux, 17 prévoient d’augmenter leurs extractions d’ici 2030, et 11 ont revu leurs ambitions à la hausse par rapport à 2023. Les pays de l’Opep+ ont déjà accru leur production cette année, en contradiction avec l’engagement pris lors de la COP28 de Dubaï en 2023, où la communauté internationale avait promis une « transition vers une sortie des combustibles fossiles ».
Seules quelques exceptions existent : le Royaume-Uni, la Norvège et l’Australie (qui a récemment présenté un plan décennal de réduction des émissions) envisagent de baisser leur production. La Chine, les États-Unis, l’Allemagne et l’Indonésie veulent réduire leur production de charbon, tandis que d’autres, comme l’Inde, la Russie, la Colombie ou encore l’Australie, prévoient de l’augmenter.
« Plusieurs gouvernements continuent de promouvoir le gaz comme “carburant de transition”, mais sans plans explicites pour s’en affranchir », notent les auteurs du rapport, rappelant que « tous les pays étudiés continuent d’apporter un soutien financier et politique substantiel à la production de combustibles fossiles ». Ils appellent à inverser la tendance avant la COP30, prévue en novembre au Brésil : « L’adoption et la mise en œuvre à grande échelle de telles politiques seront essentielles pour réussir la transition vers un monde zéro émission nette au rythme requis ».
Source : Les Echos
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.