Industrie : le gouvernement s’attaque aux déchets plastiques
Le gouvernement va inciter les 50 sites industriels emmettant le plus de déchets plastiques à les réduire.
3,7 millions de tonnes de déchets par an
Le 30 janvier dernier, lors de son discours de politique générale, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal, a annoncé vouloir lutter contre les déchets plastiques produits par les industriels. Les 50 sites industriels les plus polluants dans le domaine seront amenés à réduire leur production, sur le modèle de ce qui se fait avec les 50 sites les plus émetteurs de gaz à effet de serre.
Aujourd’hui, 3,7 millions de tonnes de déchets plastiques sont produits chaque année. « Nous allons travailler avec les 50 industriels les plus dépendants des matières plastiques dans une démarche de réduction des usages, en développant l’éco-conception et la substitution des plastiques vierges. Il s’agira d’industriels de l’emballage mais également du secteur du bâtiment, de l’automobile (…) L’idée est de réduire la dépendance aux plastiques vierges soit en substituant les plastiques par d’autres matières soit en incorporant des plastiques recyclés dans des proportions significatives », propose Christophe Béchu, ministre de l’Ecologie.
Plusieurs secteurs de l’industrie seront concernés. Nestlé et Danone dans l’agroalimentaire ; la filière PVC ainsi que la sous-traitance automobile seront également mises à l’épreuve. « Un travail de coordination avec les fédérations professionnelles va être mené pour identifier les 50 sites concernés », précise-t-on dans l’entourage du ministre de l’Ecologie.
Fin du laxisme ?
Pourtant, si l’on se fie aux textes, la loi semble avoir déjà pris le problème à bras le corps. Etablie en 2019, la loi Agec a mis en place plusieurs obligations : interdiction des pailles en plastique et des boites de polystyrène expansé. En 2023, la vaisselle jetable est prohibée dans les fast-foods (pour la consommation sur place) et le suremballage des fruits et des légumes de moins de 1,5 kg est aussi interdit. La loi Agec a fixé des objectifs à moyen et long terme : – 50% du nombre de bouteilles plastique à usage unique pour 2030. Fin de la mise sur le marché des emballages plastique à usage unique pour 2040.
Des obligations existent donc déjà, mais elles n’étaient pas respectées jusqu’ici. « Au moins un tiers des fast-foods en France ne respectent pas l’obligation de ne plus utiliser de vaisselle jetable selon nos estimations. (…) Les sanctions existent dans la loi, mais l’Etat a choisi ne pas les appliquer, préférant laissant le temps aux industriels de s’adapter. Cette méthode va à rebours de l’urgence qui s’impose sur le sujet. », dénonce Charlotte Soulary, de l’ONG Zero Waste.
Le gouvernement a promis plus de moyens et des contrôles plus strictes pour 2024 : « Les montants engagés par le passé ne sont pas suffisants pour avoir un effet d’échelle, d’où la nécessité de s’adresser aux donneurs d’ordre pour influencer la conception des produits », assure-t-on dans l’entourage de Christophe Béchu.