Quatre « exceptions françaises » de l’énergie
Vous pensiez que le vin, le fromage et le financement Public du Cinéma étaient les seules exception Françaises ?
Détrompez-vous : retour sur quatre spécificités énergétiques bien de chez nous !
1/ Première spécificité : l’électricité Française est principalement d’origine nucléaire, à presque 80% : record mondial !
Prenons un peu de recul, et examinons comment on produit de l’électricité dans le monde.
Le graphique ci-dessous nous montre que l’électricité mondiale est principalement produite à partir de… charbon :
La Chine et l’Inde, grands consommateurs d’électricité, ont en effet recours au charbon pour répondre à leurs besoins grandissant.
En Europe, le charbon est moins hégémonique, mais il reste central, à égalité avec le gaz naturel et le nucléaire :
Et dans l’Hexagone ? Record mondial, le nucléaire est à l’origine de quasi 80 % de notre production !
Il faut dire que la France dispose de 59 réacteurs nucléaires (pour 132 en Europe). Seuls les Etats-Unis en ont davantage, avec 104 réacteurs nucléaires, pour une part du nucléaire de seulement 20% dans la production totale d’électricité.
Les seuls pays à rivaliser en terme de part du nucléaire dans la production électrique sont la Suède (52%), la Belgique (55%), la Slovaquie (56%). En Europe, plusieurs pays n’ont pas recours au nucléaire : Italie, Portugal, Autriche, Irlande, Danemark…
2/ Nous nous chauffons à l’électricité
En parallèle de la construction des centrales nucléaires, la France a développé massivement le chauffage électrique.
Très peu de pays ont fait ce choix, en raison du mauvais rendement énergétique du chauffage à l’électricité. Exceptions notables : la Norvège et le Québec qui, eux aussi, se chauffent à l’électricité. La raison est simple : ces pays produisent leur électricité à plus de 90% à partir d’énergie hydraulique… Dès lors, autant utiliser au maximum cette électricité !
Conséquence pour ces pays chauffés à l’électricité : une grande « thermosensibilité » en hiver.
Autrement dit : la consommation d’électricité dépend fortement de la température. En France, la baisse de la température de 1°C en hiver a pour conséquence une hausse de la puissance électrique consommée équivalent à 2 réacteurs nucléaires ! Le schéma ci-dessous montre, pour le glacial hiver 2012, la part du chauffage dans la consommation électrique en France :
Notons que la thermosensibilité peut aussi être inversée. Au Texas, par exemple, comme dans beaucoup d’états du sud des USA, le large développement de la climatisation crée une forte thermosensibilité en été. Leur problème devient alors autre : l’augmentation de la température en été crée des pics de consommation d’électricité…
3/ EDF fournit ses concurrents !
En France, la production électrique d’origine nucléaire représente environ 400 TWh / an.
Les ¾ de cette production sont utilisés pour alimenter les clients d’EDF, principalement via les Tarifs Réglementés de Vente. Le ¼ restant, soit 100 TWh, est la quantité maximale qu’EDF réserve pour ses concurrents. En effet, le principal fournisseur d’électricité est tenu de vendre à ses concurrents un ¼ de sa production, à prix coûtant ! C’est le principe du mécanisme ARENH (Accès Réglementé à l’Electricité Nucléaire Historique), mis en place par la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité) du 7 novembre 2010.
4/ Nous roulons au diesel.
Autre développement concomitant à la construction des centrales nucléaires : le diesel. En effet, la France est un des pays qui utilisent le plus le diesel en Europe. La raison : une fiscalité favorable qui rend ce carburant plus accessible.
Or, pour une quantité de pétrole brut donnée, on ne peut pas « choisir » de le transformer en diesel ou en essence : la répartition entre les différents produits du raffinage est relativement fixe. Conséquence : la France exporte son essence et importe son diesel. D’autres pays, comme les USA, sont dans la situation inverse.
Enfin, notons que la façon d’acheter le carburant est favorable au diesel. En effet, on mesure le volume acheté et non pas la masse. Or, un litre d’essence pèse environ 750 grammes, alors qu’un litre de diesel pèse environ 850 gramme. Comme c’est la masse (et non pas le volume) qui représente le mieux l’énergie du carburant, cela explique qu’on consomme « moins » de diesel que d’essence au kilomètre !