Réchauffement climatique : la France n’est pas prête
Dans son rapport annuel publié le 28 juin, le Haut Conseil pour le Climat livre une conclusion peu flatteuse pour la France : sans être un mauvais élève, le pays n’en fait pas assez pour lutter contre les émissions de CO2.
Un constat sans appel
Sur la dernière décennie (2013-2022), la France a connu un réchauffement de 1,9°C. Une évolution supérieure à la moyenne globale de 1,15°C. Concernant les projections, l’organisation prévoit un réchauffement de +2°C en France (+2,3°C avec une fourchette haute) pour 2030. La multiplication des étés comme celui de 2022 (+3°C) tend à envisager une fin de XXIe siècle à +4°C. Le réchauffement en France comme dans le reste du monde pourrait être d’une ampleur bien supérieure en 2100 si la question des gaz à effet de serre n’est pas prise à bras le corps.
Le bouclier tarifaire : un frein aux objectifs
Dans le rapport 2022, le Haut Conseil affichait déjà son scepticisme quant aux mesures prises par le gouvernement pour faire face, à la fois, à la hausse des prix de l’énergie et la guerre en Ukraine. Rebelote cette année. Pourtant, depuis un an, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 2,7% grâce, notamment, aux fortes baisses dans le bâtiment et l’industrie. Cependant, cette diminution est davantage attribuée à un hiver doux (qui entraine des besoins moindres en chauffage) qu’à une politique réfléchie.
Pour atteindre les objectifs, fixés par l’Europe, de -55% d’émissions de CO2 d’ici 2030, la France devra doubler son rythme de baisse. Or, selon le Haut Conseil, les politiques adoptées par l’exécutif ne tendent pas vers ce but. Tout d’abord, le bouclier tarifaire (43 milliards d’euros de dépenses publiques en 2023) mis en place pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, a motivé la consommation d’énergies fossiles. Ensuite, la politique des taux réduits semble également être un frein. Les taux réduits du kérosène (et TVA réduite sur les billets d’avions) ; les taux réduits du diesel par rapport à l’essence ; les taux réduits du carburant dans les transports, sont autant de mesures qui ne favorisent pas la réduction des émissions GES.
Quant aux dépenses vertes : le bilan est mitigé. Elles devraient augmenter en 2023 mais, en excluant le plan de relance de l’équation, elles sont en recul. Or, atteindre la neutralité carbone implique des dépenses bien plus importantes. En d’autres termes : « la France est particulièrement exposée aux conséquences du réchauffement climatique mais n’est pas prête à y faire face », comme le stipule le rapport.
Les préconisations du Haut Conseil
Pour atteindre la neutralité carbone, il faudra des dépenses publiques plus importantes. « 30 milliards sont nécessaires », d’après l’organisation. Le HCC préconise une transformation de la politique économique, budgétaire, fiscale, commerciale et industrielle du pays. « La France doit passer d’une réponse réactive, curative et fragmentée, face aux impacts du changement climatique [à une réponse] systémique anticipée et préventive ». Traduction : agir plutôt que réagir. Il faut privilégier l’option structurelle à l’option conjoncturelle.
Par ailleurs, le rapport incite la France à anticiper « les changements futurs à plusieurs échelles temporelles : années, saisons et événements extrêmes plus brefs ». Enfin, concernant la politique des taux réduits et du bouclier tarifaire, l’organisme indépendant suggère d’y mettre fin et de « cibler les aides sur les ménages les plus vulnérables ».