Réforme EDF : les entreprises françaises exclues de l’ARENH ?
Alors que les discussions continuent autour de la réforme d’EDF, Paris et Bruxelles se seraient enfin accordées sur un point, qui jusqu’alors cristallisait les tensions : le devenir de l’ARENH.
L’ARENH, réservée aux consommateurs éligibles aux tarifs réglementés d’EDF
Selon plusieurs sources, la France aurait accédé à la volonté de la Commission européenne en ce qui concerne la redéfinition du périmètre de l’accès au nucléaire historique à un prix régulé.
Si l’information se confirme, seuls les clients éligibles aux tarifs réglementés pourront désormais bénéficier d’une électricité au prix ARENH. Autrement dit, seuls les particuliers, les professionnels et les très petites entreprises.
Cette exclusion permettrait de contenter Bruxelles et, in fine, d’avancer sur la réforme d’EDF. La Commission européenne voit en effet dans la rente nucléaire une possible distorsion concurrentielle en faveur des entreprises et industriels français.
Electrifier les usages de l’industrie sans l’ARENH ? « Un coup de poignard »
Il n’en fallait pas davantage pour inquiéter ces derniers. « On nous demande de sortir des énergies fossiles et d’électrifier nos usages, et dans le même temps on supprime la régulation des prix de l’électricité qui existait depuis 1946. C’est un véritable coup de poignard pour l’industrie française », s’est ainsi exclamé aux Echos Frank Roubanovitch, président du CLEEE, association de grands consommateurs industriels et tertiaires d’électricité et de gaz.
Interrogé par Europ’Energies, le président de la commission Electricité de l’Uniden a lui aussi fait preuve d’incompréhension. Gildas Barreyre a ainsi rappelé : « Nous poussons toujours pour un accès des industriels à l’électricité décarbonée qu’est le nucléaire, indispensable pour maintenir les sites existants, réindustrialiser, électrifier (conformément à la PPE) et donc in fine réduire notre empreinte carbone en luttant efficacement contre les fuites carbones ».
Des dispositifs de compensation seraient en cours d’étude, comme la possibilité d’une taxe intérieure sur la consommation d’électricité flottante. Si une CSPE réduite pourrait être une solution pour le tertiaire et le public, quid des industriels qui bénéficient déjà de ce mécanisme ?
« Attention, rien n’est encore certain dans ce projet de réorganisation d’EDF éminemment politique » tempère néanmoins Julien Teddé, directeur général d’Opéra Energie.