Le Royaume-Uni envisage la construction de deux centrales au gaz pour 2030
Deux nouvelles centrales outre-Manche, un gisement de lithium et de magnésium en Bosnie et une pollution sous-estimée en Indonésie. Le monde de l’énergie est riche en actualités. Tour d’horizon.
Bosnie : découverte d’un gisement de lithium et de magnésium
Un gisement a été découvert autour de la ville de Lopare, regorgeant de magnésium et de lithium, deux matières premières critiques en Europe. Avec à l’horizon l’interdiction de la vente de véhicules thermiques dans l’UE à partir de 2035, l’Europe a un besoin vital de réduire sa dépendance à la Chine pour le lithium. Quant au magnésium, l’UE dépend de la Chine pour 97% de ses besoins.
Les réserves sont estimées à 1,5 millions de tonnes de carbonate de lithium, 94 millions de tonnes de sulfate de magnésium ainsi que 17 millions de tonnes de bore, matière utilisée dans la fabrication des éoliennes, notamment.
Cette découverte ravit les industriels, tant ces matières sont indispensables au secteur dans toute l’Europe. Le groupe suisse Arcore, qui demande une concession d’exploitation pour une période de 50 ans, envisage des recettes d’1 milliard d’euros par an et la création de 1 000 emplois directs et 3 000 emplois indirects.
Si certains responsables publics voient dans ce gisement une aubaine de développement à ne pas manquer, d’autres sont plus prudents. Rado Savic, maire de Lopare, révèle que « plus de 90% des habitants sont contre l’exploitation. Les gens ont peur de fuites de matières toxiques (…) Nous sommes clairs : nous ne souhaitons pas une telle mine ici. Je redoute une détérioration encore pire de la démographie de ma localité ». Le village de Lopare est passé de 15 000 habitants en 2013 à 8 500 habitants en 2023.
Plusieurs ONG écologistes s’alarment du possible impact sur l’environnement, et une pétition contre l’ouverture de la mine, signée par 3.700 personnes, a été remise fin février au parlement de la Republika Srpska. « Partout dans le monde où il a y a ce genre de mines il y a aussi, tôt ou tard, la pollution des eaux souterraines et de l’air », affirme Snezana Jagodic Vujic, présidente de l’association Eko Put, en évoquant les « grandes quantités » d’eau et de réactifs nécessaires à l’extraction du lithium.
Indonésie : La pollution des mines de charbon 8 fois supérieure aux chiffres communiqués
L’Indonésie est le premier exportateur mondial de charbon thermique. Dans un rapport publié le 5 mars, par le groupe britannique de réflexion Ember, on découvre que le pays sous-estime grandement ses émissions de méthane causées par l’activité d’extraction de charbon. La faute à un système de mesure obsolète et inexact.
Ember estime que la pollution au méthane des mines de charbon est jusqu’à huit fois supérieure aux chiffres déclarés par les autorités indonésiennes. « L’utilisation de méthodes d’estimation du méthane obsolètes risque d’affaiblir la prise en considération de l’ampleur du problème lié au méthane provenant des mines de charbon en Indonésie », prévient Dody Setiawan, analyste indonésien du climat et de l’énergie pour Ember.
L’archipel est signataire du Pacte mondial sur le méthane (GMP), un accord visant à réduire les émissions mondiales de méthane de 30% par rapport aux niveaux de 2020 d’ici à 2030. « L’Indonésie pourrait mettre en péril sa réputation internationale car elle s’est engagée à réduire considérablement le méthane à l’échelle mondiale », complète Dody Setiawan.
L’Indonésie est le troisième producteur mondial de charbon après la Chine et l’Inde. En 2023, le pays a produit 775 millions de tonnes de charbon avec plus de 500 millions de tonnes exportées, un record absolu pour l’archipel. « L’Indonésie doit se préparer à surveiller ses émissions et à améliorer l’accessibilité de ses données sur les mines de charbon et le méthane, pour contribuer à atteindre pleinement les objectifs du GMP », a souligné Dorothy Mei, responsable au sein de Global Energy Monitor.
Royaume-Uni : La construction de deux centrales remet en cause les objectifs climatiques
Le gouvernement britannique envisage la construction de nouvelles centrales électriques au gaz, pour 2030. L’exécutif justifie son initiative par la volonté d’assurer la sécurité d’approvisionnement de ses citoyens.
Actuellement, les centrales au gaz répondent à 40% des besoins en électricité des Britanniques et légèrement plus les jours sans vent.
La future construction de ces centrales semble aller à rebours des ambitions du Royaume-Uni sur le climat qui se montrait jusqu’ici très offensif sur le solaire et l’éolien. Le gouvernement vise la neutralité carbone de son réseau électrique d’ici 2035, pourtant, il s’apprête à modifier les lois en vigueur obligeant les nouvelles centrales au gaz à être conçues pour répondre à l’objectif « net zéro » avec des mécanismes de captage de CO2 ou convertibles à l’hydrogène.
Le Premier ministre, Rishi Sunak assume sa position nouvelle et dit ne pas vouloir « jouer avec la sécurité énergétique » des britanniques tout en assurant que les objectifs climatiques peuvent être atteints de manière « durable, sans pour autant risquer la panne de courant lorsque le ciel est nuageux ou les journées sans vent ». Dans un communiqué, le 10 Downing Street vante une décision allant dans le « bon sens ». Il précise que « le besoin de génération électrique, à partir de centrales au gaz dont les émissions de CO2 ne sont pas captées, restera nécessaire à l’horizon 2030 pour assurer la sécurité d’approvisionnement et réduire les coûts du système ».
Cette décision du gouvernement s’inscrit dans un changement de cap du Premier ministre. En septembre dernier, il a repoussé l’échéance d’interdiction de la vente des voitures thermiques, de 2030 à 2035. Puis, il a rééchelonné la sortie progressive des chaudières à gaz et au fuel qui devait entrer en vigueur en 2026. A l’approche des élections législatives, qui auront lieu au plus tard en décembre 2024, Rishi Sunak n’a cessé de faire machine arrière sur sa stratégie climatique, optant pour une position plus « pragmatique » et en adéquation avec ses objectifs budgétaires.