Les premières estimations de la CRE laissent entrevoir une redistribution aux consommateurs quasiment symbolique.

Alors que le nouveau dispositif du Versement nucléaire universel (VNU) doit entrer en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2026, les premières estimations de la CRE laissent entrevoir une redistribution aux consommateurs quasiment symbolique. En cause : un écart très limité entre le coût de production du parc nucléaire historique d’EDF et son prix moyen de valorisation prévu pour l’an prochain.

Un mécanisme destiné à partager les revenus excédentaires du nucléaire

Le Versement nucléaire universel, qui remplacera le mécanisme de l’ARENH, repose sur un principe simple : lorsque les revenus du parc nucléaire dépassent certains seuils, une partie de cet excédent est reversée aux consommateurs sous forme d’une minoration du prix de l’électricité. Cette minoration se traduit concrètement par un taux unitaire de minoration appliqué sur les volumes consommés.

Bien que les seuils ne soient pas encore connus, une estimation est possible. Selon la méthodologie publiée par la CRE, le coût complet de production du parc nucléaire historique a été fixé à 60,3 €/MWh pour la période 2026-2028. Les revenus attendus d’EDF, eux, atteindraient 23,7 milliards d’euros pour une production estimée à 360 TWh, soit un prix moyen de valorisation d’environ 65,86 €/MWh. L’écart entre ces deux valeurs – à peine 5,56 €/MWh – détermine la marge potentiellement redistribuable.

Or, des circonstances précises doivent se présenter pour que le mécanisme s’active : le prix moyen doit dépasser un premier seuil de taxation, vraisemblablement fixé à coût complet + 5 €/MWh, puis un second seuil d’écrêtement à + 15 €/MWh. Ce n’est qu’au-delà de ces niveaux que les revenus excédentaires sont partagés entre EDF et les consommateurs, à hauteur de 50 % puis 90 % selon la tranche. Julien Teddé, directeur général d’Opéra Energie, nous éclaire sur ce point dans les colonnes de News Tank Energies : « Dans l’état du marché actuel, avec l’ARENH, les consommateurs auraient eu à payer la moitié du prix du marché et l’autre moitié du prix de l’ARENH. Avec la fin du dispositif, ils paieront le prix de marché car les prix sont trop bas pour que le nouveau mécanisme s’applique ».

Une minoration estimée à seulement 0,25 €/MWh pour 2026

En appliquant ces paramètres, le prix moyen de 65,86 €/MWh dépasserait le seuil de taxation d’à peine 0,56 €/MWh. Avec une taxation à 50 %, le montant reversé au fonds du VNU atteindrait donc environ 0,28 €/MWh, soit près de 100 millions d’euros à redistribuer sur l’ensemble des 400 TWh consommés par les clients finaux en France continentale.

Le calcul conduit ainsi à un taux unitaire de minoration proche de 0,25 €/MWh, autrement dit 0,00025 €/kWh. Pour un foyer moyen consommant 4 000 kWh par an, l’allègement de facture représenterait moins d’un euro. Une somme purement symbolique, d’autant que la CRE pourrait, en cas d’évolution des prix de marché ou de la production nucléaire, ajuster ce taux en cours d’année, voire le ramener à zéro.

Le versement nucléaire universel s’annonce donc davantage comme un dispositif de protection que de redistribution. Il revendique de protéger le consommateur en cas de hausse significative des prix mais en aucun cas de redistribuer à tous l’avantage du nucléaire historique, comme le faisait l’ARENH : « Le VNU reste un bouclier tarifaire. Si jamais les prix de marché explosent de nouveau, le mécanisme sera en place pour protéger les consommateurs sans grever le budget de l’État comme lors de la crise énergétique de 2023 », précise Julien Teddé.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.