Agrivoltaïsme : un panneau photonique pour plus de rendement
L’entreprise Feedgy a dévoilé, au début du mois de février, un panneau photonique à destination des agriculteurs. Cette innovation pourrait améliorer les rendements des cultures.
Rendement des cultures et production d’énergie
Alors qu’il est en plein développement, l’agrivoltaïsme ne possédait pas, jusqu’à présent, de panneaux spécifiquement conçus pour lui. C’est désormais le cas. Feedgy, spécialisée dans les innovations numériques des centrales photovoltaïques, a confectionné et dévoilé, début février, un panneau solaire intégrant une technologie photonique – c’est-à-dire, permettant de détecter les photons (particules de lumière).
Pourquoi cette innovation ? « Le principal inconvénient des panneaux solaires aujourd’hui utilisés dans l’agrivoltaïque est qu’ils freinent la photosynthèse des végétaux parce que trop opaques, même quand ils intègrent des zones de transparence pour laisser passer la lumière. C’est donc cette utilisation de la lumière pour la photosynthèse des plantes qu’on a voulu améliorer en misant sur la photonique », éclaire Marko Pavlov, directeur Recherche et Développement de Feedgy.
L’entreprise française qui se décrit comme un partenaire longue durée des agriculteurs assure que cette nouvelle technique améliorera leurs rendements : « Les photons visibles sont ceux dont les végétaux ont besoin car à l’œuvre dans la photosynthèse. Ce que la photonique permet de faire, c’est de convertir les photons UV en lumière visible, ce qui a des effets bénéfiques sur les rendements des cultures présentes sous les panneaux », explique Marko Pavlov.
Enfin, les panneaux photoniques favoriseront la production d’énergie : « Tous les panneaux à forte transparence produisent moins d’énergie car ils contiennent moins de cellules. C’est ce qu’on a compensé en misant sur la technologie de l’hétérojonction, qui présente le meilleur rendement surfacique du marché, et sur des cellules bifaciales, qui permettent, par leur face arrière, de récupérer la lumière que les zones de transparence ont laissé passer sous le panneau. Avec ces deux solutions, on optimise le nombre de kilowattheures produits pendant toute la durée de vie de l’installation ».
Un partenariat avec une entreprise chinoise
Feedgy a co-développé le produit avec une entreprise chinoise, Huasun, chargée de la production. Alors que l’Union européenne cherche à gagner en souveraineté énergétique, notamment en concurrençant les Etats-Unis et la Chine dans la production de technologies vertes, le chemin semble encore long, car c’est bien un mariage forcé avec Huasun auquel Feedgy a dû se résoudre : « On a proposé à différents acteurs en Europe mais il semblerait que les acteurs chinois soient plus enclins à tester de nouveaux procédés et à prendre des risques », justifie Marko Pavlov.
Le projet est, pour l’instant, au stade expérimental. Le module agrivoltaïque HS-B96 doit connaître son premier déploiement chez un client dans les prochains mois, à travers une installation d’une puissance de 750 kilowatts crête au sein d’une serre photovoltaïque. Avant chaque nouveau projet, une étude particulière est nécessaire pour évaluer la compatibilité des plantes à recouvrir avec le panneau, destiné en priorité à la floriculture, à l’arboriculture et à l’horticulture.