Parfois appelé, agrophotovoltaïque, l’agrivoltaïsme consiste à allier production d’énergie solaire et pratiques d’agriculture. Quelles formes peut prendre l’agrivoltaïsme ? Quels sont les avantages pour les agriculteurs ? Quelles sont les aides disponibles ?

Agrivoltaïsme : définition

Selon la définition de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) l’agrivoltaïsme englobe l’ensemble « des installations permettant de coupler une production photovoltaïque secondaire à une production agricole principale en permettant une synergie de fonctionnement démontrable ».

Il s’agit d’installer des panneaux solaires dans une exploitation agricole, à titre d’activité secondaire, en préservant les espaces dédiées aux cultures et à l’élevage. Pour l’agriculteur, c’est l’occasion de réduire la facture d’électricité mais aussi de générer un revenu passif. Toutefois, il n’existe pas une définition légale malgré les efforts de l’Ademe pour officialiser le concept.

L’Ademe s’est déjà penchée sur l’agrivoltaique pour mettre en place une définition légale et une réglementation officielle qui encadre la pratique. A ce jour, on ne connait pas précisément le nombre de projets agrivoltaïques initiés. L’Ademe et l’association France Agrivoltaïsme travaillent sérieusement sur le sujet pour développer l’agrivoltaisme et offrir une réglementation claire et précise.

L’instance indépendante Afnor Certification a d’ailleurs créé un label dédié qui assure la qualité d’un projet agrivoltaïque. C’est un gage de confiance et de qualité qui permet d’accroître le nombreux de projets. Ce label permet aux agriculteurs d’avoir plus de transparence et de confiance avant d’investir.

Autoconsommation : quelles sont les solutions agrivoltaïques existantes ?

A l’heure actuelle, il existe diverses solutions photovoltaïques agricoles. En fonction de la taille de l’exploitation, de la production attendue et du budget à y allouer, on peut choisir l’un ou l’autre de ces dispositifs.

1. Le hangar photovoltaïque clé en main 

Afin de pouvoir stocker les récoltes ou les appareils agricoles, certaines sociétés disposent d’offres de bâtiments solaires clé en main. Ces hangars photovoltaïques présentent des dimensions standards. L’agriculteur loue le terrain à une entreprise qui viendra construire le bâtiment et procéder à l’installation des panneaux solaires sur la toiture. A la fin du bail, elle cède le hangar gratuitement à l’agriculteur.

2. Le bâtiment solaire sur mesure

En cas de besoins spécifiques, le hangar solaire peut être aussi construit sur mesure. En général, cette solution d’agrivoltaïsme est un peu plus coûteuse au m2. C’est pourquoi, elle n’est pas toujours choisie en priorité.

3. Ombrières solaires : agrivoltaïsme et élevage

Pour coupler élevage et énergie solaire, on peut mettre en place des ombrières photovoltaïques. Elles sont particulièrement indiquées pour un parcours volaille ou pour l’élevage ovin ou bovin. Avec une faible emprise au sol, ces modules agrivoltaïques permettent de donner de l’ombre aux animaux tout en leur laissant l’espace nécessaire pour se déplacer.

4. Trackers solaires

Le tracker solaire agricole est un panneau solaire photovoltaïque pivotant. Installé au sol sur, il peut suivre la course du soleil à la manière d’un tournesol. De cette manière, il bénéficie d’une exposition tout au long de la journée. C’est très pratique pour optimiser la production d’électricité de son exploitation agricole.

Quels sont les avantages et les inconvénients de l’agrivoltaisme ?

Les avantages

Le bénéfice principal offert par l’agrivoltaisme est de protéger les terres agricoles contre les aléas climatiques. L’installation de panneaux solaires au-dessus des productions agricoles (vignes, fruits, élevage, etc.) permet de les protéger en cas d’intempéries (grêle, neige, etc.) ou de températures extrêmes. L’artificialisation des sols est ainsi éviter grâce à la protection offerte par les panneaux photovoltaïques. Face à la hausse des aléas climatiques, l’investissement dans l’agrivoltaique séduit de plus en plus les agriculteurs qui veulent protéger leurs cultures.

Au-delà de la protection des terres agricoles, l’agrivoltaisme permet aussi d’augmenter le rendement agricole et la qualité des productions. Les projets agrivoltaïques offrent également la possibilité d’obtenir des revenus complémentaires pour les agriculteurs. Grâce à l’autoconsommation solaire, les agriculteurs peuvent revendre tout ou partie de la production d’électricité.

Enfin, la mise en place d’un projet agrivoltaique permet de diminuer la consommation d’eau en limitant l’évaporation grâce aux panneaux solaires.

Les inconvénients

Le frein majeur est le coût onéreux de l’investissement pour les agriculteurs. La question du rendement agricole est au cœur du débat chez les agriculteurs. L’objectif premier pour ces derniers est avant tout de protéger les productions et pas nécessairement de produire de l’électricité solaire.

De plus, le concept d’agrivoltaisme est encore en phase d’expérimentation, les bénéfices sont donc difficilement quantifiables pour la communauté agricole. La complexité de l’installation est aussi une contrainte car de nombreux éléments doivent être pris en compte pour optimiser le rendement agricole et la sécurité.

Agrivoltaïsme en France : quelle rentabilité en 2023 ?

Avant de se lancer dans la pose de panneaux photovoltaïques, l’exploitant doit définir la rentabilité de son projet d’agrivoltaïsme. La rentabilité correspond aux nombres d’années nécessaires pour amortir l’investissement de départ.

Afin de calculer la rentabilité d’une ferme solaire au sol, il faudra prendre en compte :

  • La puissance de l’installation en kiloWatts-crête (kWc) et la capacité de production de l’installation ;
  • Le prix des panneaux à l’achat, en ajoutant les frais d’installation  ;
  • Le taux d’autoconsommation.

La puissance des panneaux photovoltaïques

La puissance d’une installation solaire se mesure en kWc. Selon la définition d’EDF ENR, cela « correspond à la délivrance d’une puissance électrique de 1 Watt, sous de bonnes conditions d’ensoleillement et d’orientation ». Ainsi, on peut mesurer la capacité de production de l’installation en fonction de l’ensoleillement de la région.

gisement solaire
Carte du gisement solaire en France

Une installation de 100 kWc en Bretagne fournira jusqu’à 135 000 kWh d’électricité photovoltaïque, contre 176 000 kWh en Corse.

Agrivoltaïsme : quel prix pour les panneaux solaires ?

Le montant de l’investissement photovoltaïque dépend des panneaux choisis et de la dimension de l’installation. Comptez environ 800 € HT par kWc de panneaux solaires sur un toit. Le prix d’un projet agrivoltaïque de 100 kWc nécessite ainsi un investissement de départ d’environ 80 000 € HT.

Le taux d’autoconsommation agrivoltaïque

Le taux d’autoconsommation mesure le ratio entre à la quantité d’électricité photovoltaïque consommée et la quantité produite. D’après le média « la France Agricole », le taux d’autoconsommation photovoltaïque d’une exploitation agricole se trouve aux alentours de 80%.

Concrètement, cela veut dire que 80% de l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques sera consommée par l’exploitant. Les 20% de surplus de production d’électricité pourront être revendus en obligation d’achat (OA solaire).

Les aides à l’autoconsommation en 2023

Pour engager les agriculteurs à passer à l’agrivoltaïsme, les autorités publiques proposent des programmes d’aides à l’autoconsommation. Quelles sont-elles ?

La prime à l’autoconsommation

Réservée aux installations en toiture, la prime à l’autoconsommation est versée tous les ans pendant cinq ans. Elle concerne les installations d’une puissance nominale comprise entre 3 kWc et 100 kWc en autoconsommation avec vente du surplus.

Puissance de l’installationMontant de la prime
≤ 3 kWc350 € / kWc
≤ 9 kWc260 € / kWc
≤ 36 kWc200 € / kWc
≤ 100 kWc100 € / kWc
≤ 500 kWc0 € / kWc
Barème au T4 2023 – valable jusqu’au 31/01/2024

L’obligation d’achat de l’électricité

Afin de rentabiliser son investissement, l’agriculteur peut vendre l’électricité qu’il produit. Les solutions agrivoltaïques sont éligibles à :

  • l’autoconsommation avec vente du surplus ;
  • la vente totale.

Dans les deux cas, il est possible de signer un contrat de rachat en obligation d’achat pour une durée de 20 ans.

 Tarif d’achat du kWh en vente du surplusTarif d’achat du kWh en vente totale
⩽ 3 kWc0,1297 €0,1657 €
⩽ 9 kWc0,1297 €0,1409 €
⩽ 36 kWc0,078 €0,1363 €
⩽ 100 kWc0,078 €0,1185 €
Prix du kWh au tarif de rachat photovoltaïque – T1 2024 (valable jusqu’au 30/04/2024)

Les aides locales

Enfin, certaines collectivités locales proposent des aides à l’autoconsommation pour les agriculteurs. Pour en savoir plus, vous pouvez contacter la Chambre d’Agriculture dont vous dépendez.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.