Un an après avoir fait couler beaucoup d’encre, voilà que l’ARENH occupe de nouveau le devant de la scène. Il faut dire que le maintien de son plafond à 100 TWh, annoncé à un mois de son prochain guichet, n’a pas manqué de faire réagir, ravivant les craintes d’une possible augmentation des prix de l’électricité dès 2020.

Opéra Energie fait le point.

Un nouvel écrêtement attendu

Pour rappel, en novembre dernier, la demande de production nucléaire atteignait les 133 TWh, franchissant pour la première fois la barre des 100 TWh : cet écrêtement avait fortement impacté la facture des Français en 2019.

Tous les acteurs s’attendent à voir le scénario se répéter à l’occasion de la prochaine commande d’ARENH pour 2020… à ceci près que l’écrêtement risque d’être bien plus important.

On compte en effet davantage de fournisseurs alternatifs (et donc de demandeurs ARENH) qu’il y a un an et le nombre de clients en offre de marché a lui aussi augmenté (le droit ARENH d’un fournisseur est proportionnel à son portefeuille client).

Les acteurs du secteur vent debout

La question du plafond de l’ARENH cristallise l’ire des associations de professionnels comme de consommateurs. Fin septembre, Naima Idir, la présidente de l’ANODE, association qui regroupe les principaux fournisseurs alternatifs, alertait dans les Echos « Compte tenu du plafond actuel des volumes d’électricité nucléaire mis à disposition par EDF aux fournisseurs alternatifs et de la hausse des prix de marché, on risque d’avoir une augmentation de près de 4 % des tarifs d’électricité réglementés début 2020 ». Antoine Autier, de l’UFC-Que Choisir, mettait lui aussi en garde :

« Il y a une urgence à ce que l’arrêté [permettant de relever le plafond] soit pris et à s’assurer en amont que les ministres concernés ont bien l’intention d’augmenter le plafond ».

A l’annonce de son maintien, le CLEEE a rapidement réagi : « Conséquence de cette pénurie d’Arenh organisée par le gouvernement : une hausse de la facture d’électricité de près de 1.5 milliards d’Euros, qui concernera à la fois les particuliers et les entreprises. Ainsi, après avoir subi une augmentation de 7.2% des prix de l’électricité en 2019, les tarifs réglementés vont subir une nouvelle hausse d’environ 3.5% début 2020. »

Un Régulateur en mal de réponses ?

Lundi 8 octobre, face au bruit médiatique, la CRE s’est voulue rassurante, évoquant des pistes pour éviter « une hausse trop forte ». L’une d’elles vient cependant d’être infirmée par le Ministère de la transition écologique et solidaire.  Un communiqué de presse paru ce jour annonce la mise en œuvre de l’extension d’un an de la quatrième période du dispositif des CEE, jusqu’au 31 décembre 2021, mais avec une obligation revue à un volume total de 2133 TWh Cumac, contrairement à ce que préconisait Jean-François Carenco.

Un levier en moins donc pour juguler la hausse des prix de l’électricité que Carenco estime de 4 % « au maximum », nuançant malgré tout son propos : « cela dépend des prix de marché ».

Le marché, cette grande inconnue

L’importance de la hausse des prix de l’électricité dépendra en effet de deux facteurs :

1/ du taux d’écrêtement

Quel sera le volume total d’ARENH commandé par les fournisseurs pour 2020 ? Il devrait a priori dépasser nettement les 133 TWh commandés pour l’année 2019. Or, plus le dépassement du plafond de 100 TWh sera conséquent, plus l’impact sur les Tarifs Réglementés sera élevé !

2/ des prix de marché

Quel sera le prix de marché auquel les fournisseurs pourront s’approvisionner pour remplacer l’ARENH manquant ? La moindre tension géopolitique peut le faire partir à la hausse (or les sujets d’incertitude sont nombreux). Et la pression de l’écrêtement risque, quoi qu’il en soit, de freiner toute baisse du Cal 2020. Là encore, le niveau de ce prix aura une conséquence sur les prix du Tarif Réglementé 2020.

Comme toujours,  le manque de visibilité du marché pénalise avant tout les consommateurs, entreprises comme particuliers. Espérons que 2020 verra aboutir une réforme globale du mécanisme ARENH, une réforme qui aille dans le sens de davantage de compétitivité, de visibilité et, pourquoi pas, de simplicité.

Charlotte Martin
Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.