L’écrêtement de l’ARENH se produit depuis 2019. Il intervient lorsque les fournisseurs alternatifs demandent plus de 100 TWh d’électricité nucléaire à EDF. Ce phénomène tend à faire grimper les prix de l’électricité. Comment fonctionne-t-il ? Quelles sont les solutions pour les professionnels et entreprises pour s’en prémunir ?

Ecrêtement ARENH : définition

Bien comprendre l’ARENH

L’ARENH ou « Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique » est un dispositif mis en place dans le cadre de la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité). Ce mécanisme impose à EDF de vendre jusqu’à 100 TWh d’électricité nucléaire à ses concurrents à un prix fixé par l’Etat. Cela représente « environ 25 % de la production du parc nucléaire historique » explique la CRE (Commission de Régulation de l’Energie). Le prix du MWh d’Arenh est porté à 42 € et n’a pas évolué depuis 2012.

Si la somme des demandes des fournisseurs alternatifs atteint 100 TWh ou moins chacun reçoit 100% de ses droits à l’ARENH. Ils sont calculés selon le portefeuille de clients du fournisseur.

Les situations d’écrêtement

Dans le cas inverse, lorsque plus de 100 TWh sont demandés, se produit alors une situation d’écrêtement de l’ARENH. Les fournisseurs reçoivent alors tous un pourcentage inférieur à leur demande. Cela s’est produit depuis 2019 jusqu’à aujourd’hui.

Écrêtement de l’ARENH : quel impact sur le prix de l’électricité ?

Lorsque l’ARENH fait face à un écrêtement, les prix de l’électricité ont tendance à monter. En effet, les fournisseurs sont obligés de compenser le pourcentage non reçu en passant par les marchés de gros de l’électricité. Or, le prix sur ces marchés est souvent bien plus élevé que le montant de l’ARENH.

De ce fait, les fournisseurs d’électricité doivent augmenter leurs tarifs. L’écrêtement de l’ARENH impacte alors la facture de l’ensemble des consommateurs, des entreprises aux particuliers.

L’écrêtement de l’ARENH est d’ailleurs pris en compte par la CRE dans le calcul des tarifs réglementés de vente de l’électricité, le tarif bleu d’EDF.

Principe de l'écrêtement de l'ARENH

L’écrêtement de l’ARENH en 2024 : la décision de la CRE


Le guichet ARENH a pris fin et le 1er décembre 2023, la CRE a annoncé une demande totale de 130,41 TWh pour un plafond de l’ARENH de 100 Twh. Ainsi, en moyenne, les fournisseurs recevront donc 76,68 % de leur demande ARENH. Le taux d’écrêtement de l’ARENH en 2024 est de 23,32%.

Évolution des commandes ARENH

Quel a été le taux d’écrêtement de l’ARENH en 2023 ?

Au 1er décembre 2022, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a révélé le volume d’électricité ARENH requis par les fournisseurs pour 2023. Celui-ci s’établit à 148,30 TWh, entraînant un taux d’écrêtement de 32,57%. C’est un peu moins qu’en 2022 lorsque le taux était porté à 37,60%.

Quel était le taux d’écrêtement ARENH en 2022 ? 

En 2022, les demandes d’ARENH ont atteint 160,33 TWh, soit un écrêtement de 37,60%. Le taux d’attribution était alors de 62,37%. Toutefois, en raison de la crise de l’énergie, les pouvoirs publics ont décidé de relever exceptionnellement le plafond de l’ARENH.

Dispositif ARENH+ et vigilance de la CRE

Le dispositif d’ARENH+ a été mis en place en 2022. L’Etat a ajouté 20 TWh d’ARENH supplémentaire cette année-là à raison de 46,5 € / MWh. Un moyen d’éviter une trop forte hausse des prix de l’électricité pour les consommateurs professionnels et particuliers.

Évolution de l’écrêtement de l’ARENH depuis 2019

Les phénomènes d’écrêtement ont commencé à se produire en 2019. Voici un retour sur l’historique des demandes. Plus la part écrêtée est importante, plus le prix de l’électricité tend à grimper.

AnnéeDemande d’ARENHPart écrêtée
2019132,9825,0%
202014732,0%
2021146,231,6%
2022160,3337,6%
2023148,3032,57%
2024130,4123,32%
Evolution de l’écrêtement de l’ARENH depuis 2019

Arenh et écrêtement : comment va évoluer le dispositif dans les années à venir ?

L’ARENH a été mis en place jusqu’à la fin de l’année 2025. Doit-on s’attendre à un écrêtement pour les années 2024 et 2025 ? Quelles seront les modalités de fin de l’ARENH ?

Vers une relève du plafond de l’ARENH ?

A priori non. Demandée par de nombreux fournisseurs alternatifs, réunis au sein de l’ANODE (Association Nationale des Opérateurs Détaillants en Énergie), la relève du plafond de l’ARENH permettrait d’éviter les problématiques d’écrêtement. Il s’agit d’un moyen de stabiliser les prix de l’électricité.

Cependant, elle peut mettre en difficulté EDF, puisque le prix du MWh d’ARENH est bien inférieur à la réalité des coûts supportés par l’énergéticien pour la production nucléaire. Le gouvernement n’a pas pour l’instant annoncé de modification du plafond de l’ARENH pour 2024 ou 2025.

Que se passera-t-il en 2026 ?

2026 marquera la fin de l’ARENH. Les évolutions sur le marché français se précisent. Le dispositif ne devrait pas être reconduit. Un accord semble avoir été trouvé entre EDF et les autorités publiques.

Cet accord entre l’État et EDF fixe un prix de référence pour l’électricité nucléaire à environ 70 euros par MWh. Une taxe progressive sera appliquée par les autorités. Si le prix moyen du nucléaire excède 78 à 80 euros par MWh, EDF redistribuera 50% des recettes supplémentaires. Ce taux de redistribution augmentera à 90% si le prix dépasse 110 euros par MWh.

Comment réduire l’impact de l’écrêtement de l’ARENH sur la facture d’électricité ?

Si l’écrêtement de l’ARENH peut faire gonfler la facture d’électricité, il est possible pour un professionnel de s’en prémunir. Voici deux solutions complémentaires.

Souscrire une offre d’électricité à prix fixe

Opter pour une offre à prix fixe permet de bénéficier d’un tarif stable sur une durée spécifique, souvent de 1 à 3 ans. Le prix du kWh ne varie pas, indépendamment des fluctuations du marché et des demandes d’ARENH. Pour trouver la meilleure offre, les professionnels peuvent faire appel à un courtier en énergie, comme Opéra Energie. Il les aidera à comparer les fournisseurs d’électricité afin de trouver le contrat le plus adapté à leur budget et à leur activité.

Installer des panneaux solaires en l’autoconsommation

La mise en place de panneaux solaires en autoconsommation photovoltaïque permet de consommer sa propre électricité. Ainsi, l’entreprise réduit les achats aux fournisseurs et se prémunit des hausses de la facture d’électricité.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.