Électricité : sans blocage des prix, hausse des TRV de + 45 % au 1er février
La CRE a publié sa délibération sur l’évolution des tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE) au 1er février 2022.
Une hausse inédite des tarifs réglementés de l’électricité
La CRE propose une hausse jamais vue à appliquer au 1er février 2022 :
- Les TRVE pour les particuliers augmenteraient de + 57,22 €/MWh HT, soit + + 44,5 %
- Les TRVE pour les professionnels augmenteraient de + 59,22 €/MWh HT, soit + 44,7 %
Le Régulateur rappelle que cette hausse exceptionnelle s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs, qui ont conduit à une augmentation inédite des prix de gros de l’électricité, à savoir :
- La forte hausse des prix du gaz en Europe, induite par la reprise économique en Europe et dans le monde et amplifiée par le faible niveau des livraisons de gaz russe ;
- L’augmentation des prix du CO2 en Europe ;
- La moindre disponibilité du parc nucléaire français cet hiver.
Si les deux premiers facteurs concernent tous les pays européens, le troisième est spécifique à la France, « même s’il a aussi des effets sur les prix dans les pays voisins du fait du caractère fortement interconnecté du marché européen » note la CRE.
Une hausse qui sera contenue à + 4 %
Bercy a prévu deux mesures pour limiter l’impact de la crise des prix sur la facture d’électricité des consommateurs.
- La réduction du niveau de la CSPE, dès lors que les TRVe augmenteraient de + 4 % par rapport à leur niveau du 1er aout 2021. Ce sera donc chose faite, dès le 1er février prochain.
- La possibilité de s’opposer à la proposition tarifaire de la CRE si celle-ci conduit à une hausse supérieure à 4 % TTC après baisse de la CSPE et de fixer, par arrêté, un niveau des TRVE inférieur.
« Une augmentation de 4 % TTC en moyenne du TRVE représentera une hausse d’environ 38 €/an sur la facture d’un client résidentiel et d’environ 60 €/an pour un client professionnel. En l’absence de mesures, la hausse serait de 330 €/an pour un client résidentiel et de 540 €/an pour un client professionnel » précise le régulateur.
Les tarifs dits « bleus » s’adressent aux consommateurs résidentiels, ainsi qu’à certains professionnels, dont la puissance souscrite est inférieure ou égale à 36 kVA.
Au 30 septembre 2021, les TRVE représentent, en métropole, 21,9 millions de sites résidentiels (soit 65,0 % des sites) pour une consommation annualisée de 107,1 TWh / an, et 1,5 million de sites « petits professionnels » (soit 29,9 % des sites), pour une consommation annualisée de 11,8 TWh / an.
Un rattrapage tarifaire en 2023 ?
« L’écart entre les coûts sous-jacents et le niveau des TRVE fixé en 2022 sera rattrapé en 12 mois à partir de 2023 (ce rattrapage pourra être limité eu égard à l’évolution des prix sur les marchés et à l’impact d’éventuelles mesures gouvernementales). » explique la CRE.
Cependant, la distribution de 20 TWh d’ARENH supplémentaires pourra réduire « l’ampleur du rattrapage à réaliser sur les TRVE en 2023. »
La décision du gouvernement d’attribuer un surplus d’ARENH été vécue comme un « choc » par EDF, a indiqué son PDG dans un message aux managers du groupe le 17 janvier. L’Electricien prévoit de présenter d’ici un mois des mesures pour renforcer son bilan et « protéger ses intérêts ».
EDF se dit sous le choc, le gouvernement réplique
Dans la foulée, les quatre principaux syndicats du secteur énergétique ont lancé un appel commun à la grève des salariés d’EDF.
Ils appellent « à protester contre cette décision scandaleuse d’augmentation du plafond de l’Arenh [accès régulé à l’électricité nucléaire historique], qui vient spolier le rôle d’EDF, voire organiser la destruction d’EDF »
Des déclarations auxquelles le gouvernement n’a pas tardé à répondre.
Invitée ce mercredi matin sur Sud Radio, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a commencé par rappeler qu’il était « normal » qu’EDF soutienne l’Etat dans ses efforts pour pallier la hausse des prix de l’énergie, « parce que c’est de l’argent de centrales nucléaires qui sont amorties » et qui ont été payées par les usagers.
Barbara Pompili ne s’est pas arrêtée là, déclarant ensuite « Ils ne vendent pas à perte, ils avaient prévu que cette hausse des prix leur rapporte beaucoup d’argent, ça va leur rapporter moins d’argent que ce qu’ils avaient prévu, c’est un manque à gagner mais ils ne perdent pas d’argent.»
Des propos repris ce soir par le président de la CRE, Jean-François Carenco, au micro de France Info : « Ce n’est pas vrai qu’on pille EDF. Juste, ils auront moins à gagner. »