EDF annonce un bénéfice net de 10 mds d’euros
Le groupe a réalisé un bénéfice net de 10 milliards d’euros en 2023, résultant d’une amélioration de la disponibilité de ses installations, de prix de marché élevés et de la sortie du bouclier tarifaire. Cependant, des dépréciations d’actifs, en particulier celles concernant Hinkley Point, ont été enregistrées.
La santé financière d’EDF se redresse
Après une année 2022 désastreuse, marquée par une perte historique de 17,9 milliards d’euros, les comptes sont repassés dans le positif.
En 2023, le groupe a enregistré un bénéfice net de 10 milliards d’euros, avec un chiffre d’affaires de 139,7 milliards d’euros (-2,6 %). Cette performance lui a permis de réduire sa dette nette à 54,4 milliards d’euros, contre 64,5 milliards à la fin de l’exercice 2022. L’État, détenteur de 100 % des parts, a renoncé à percevoir des dividendes afin de favoriser l’objectif de désendettement.
Les bénéfices d’EDF tirés par la reprise nucléaire et la hausse des prix
Ces résultats s’expliquent par « une hausse importante de 41,4 TWh de la production nucléaire en France dans un contexte de prix historiquement élevés. » ainsi que par la sortie des mesures d’aides exceptionnelles, comme le bouclier tarifaire.
Après avoir chuté à 279 TWh en 2022 en raison de l’arrêt de plusieurs réacteurs dus à des problèmes de corrosion sous contrainte, la production des centrales nucléaires françaises a augmenté de 41,4 TWh pour atteindre 320,4 TWh l’année dernière. EDF a précisé que 46 réacteurs (sur 56) étaient opérationnels fin 2023.
EDF maintient ses prévisions de production, entre 315 et 345 TWh en 2024 et 335-365 TWh en 2025 et 2026, selon ses dernières prévisions. Cependant, la production reste en deçà de ses niveaux pré-pandémiques (379,5 TWh en 2019) et des records des années 2000, qui dépassaient les 400 TWh.
D’ailleurs, l’Electricien reste prudent. Ainsi, Etienne Dutheil, directeur de la division production nucléaire à la direction production nucléaire et thermique d’EDF, a déclaré lors de son audition au Sénat le 6 février dernier : « Nous anticipons l’atteinte d’un plateau de production en 2026. Nos prévisions demeurent assez conservatrices, car nous entamerons alors les quatrièmes visites décennales des réacteurs de 1 300 mégawatts, qui représentent la génération succédant à celle des réacteurs de 900 mégawatts. Nous nous préparons depuis un certain temps à ces visites. Bien que nous soyons confiants, il convient d’être prudent quant à leur durée, car il s’agit de prototypes. »
Quoi qu’il en soit, l’augmentation de la production a directement contribué à l’Ebitda à hauteur de 7 milliards d’euros.
Le groupe a également réduit ses achats d’électricité sur les marchés pour compenser un faible niveau de production et, lorsqu’il l’a fait, c’était à des prix plus bas sur les marchés de gros. Cet effet marché a eu un impact positif de 7,3 milliards d’euros sur les comptes.
L’Electricien historique confirme son essor dans les EnR
Le groupe poursuit son développement dans les énergies renouvelables. Sa production éolienne et solaire a augmenté de 14 % l’an dernier, atteignant 28,1 TWh, grâce aux nouvelles capacités installées (notamment à Al Dhafra), qui s’élèvent à 15,1 GW, pour un portefeuille brut de 98 GW.
La production hydroélectrique a également augmenté de 19 % pour atteindre 38,7 TWh, en raison de meilleures conditions (l’année 2022 ayant été marquée par une forte sécheresse) et d’une meilleure disponibilité du parc.
Hinkley Point, une ombre au tableau
D’autres défis restent à relever. EDF déclare ainsi une dépréciation de 12,9 milliards d’euros, principalement liée aux difficultés sur le chantier britannique de Hinkley Point (pour 11,2 milliards). Le reste est attribuable à l’écart d’acquisition de la filiale britannique EDF Energy.
EDF a récemment annoncé un nouveau retard sur Hinkley Point, qu’il explique par les difficultés rencontrées dans la filière. Le groupe doit désormais supporter seul les surcoûts, après le refus de son partenaire chinois CGN de contribuer davantage.
Luc Rémont s’est toutefois dit « confiant qu’un accord sera trouvé avec le gouvernement britannique », à la fois sur le financement de Hinkley Point et sur celui de Sizewell, où EDF ne prévoit pas de dépasser une participation de 20 %.
Un mur d’investissements à venir
Dans l’ensemble, le groupe est confronté à un programme d’investissements massif et exclut toute augmentation de capital. Il aura des échéances décisives dès cette année. EDF a ainsi confirmé son objectif de chargement du combustible sur l’EPR de Flamanville avant la fin du trimestre, en vue d’un raccordement d’ici l’été.
« L’année 2023 a marqué un redressement, qui nous permet de nous concentrer sur l’avenir. Mais cela se déroule dans un contexte où il est impératif de maintenir une forte exigence en termes d’investissements, dans un environnement où les prix sont sous pression », a souligné Luc Rémont.