Electricité : record d’exportation pour la France en 2024

Selon RTE, la France a d’ores et déjà battu son record d’exportation d’électricité datant de 2002 et pourrait atteindre un solde net de 90 TWh d’ici le 31 décembre.

90 TWh net au 31 décembre ?

Mi-novembre, RTE a publié un document de synthèse « Perspectives pour le système électrique – hiver 2024-2025 », dans lequel le gestionnaire réalise, en préambule, un bilan de l’année en cours. Concernant les exportations, le gestionnaire annonce que le solde net des exportations d’électricité s’évalue à 78 TWh (au 13 novembre) ce qui constitut un record – l’exportation la plus élevée étant celle de 2002 avec 77 TWh net. Selon la production éolienne et sous réserve des conditions météorologiques, le solde définitif de l’année 2024 pourrait atteindre les 85 TWh, d’après RTE. De son côté, EDF envisage un niveau d’exportation totale plus élevé encore : 90 TWh au 31 décembre 2024.

Une production française compétitive sur les marchés européens

Deux facteurs concomitants expliquent ce record : la production en hausse et la consommation en baisse.

Production en hausse

Il semble loin le temps de la crise de la corrosion de 2022 durant lequel le parc n’avait produit que 279 TWh. Cette année-là, la France avait même importé plus d’électricité qu’elle n’en avait exporté, avec un solde net d’importation de 16,5 TWh. Une première depuis plus de 40 ans (1980). EDF prévoit que les 18 centrales finissent 2024 avec une production totale oscillant entre 340 et 360 TWh.

Ce record d’exportation est également dû à un marché des prix de gros favorable à la France. Depuis la fin des ennuis de production, les Français paient à nouveau leur électricité une quinzaine d’euros moins cher que les Allemands sur les marchés de gros. « La production bas carbone française est très compétitive sur les marchés européens et dès qu’elle est disponible, elle est appelée », explique Thomas Veyrenc, directeur général chargé de l’économie, de la stratégie et finances à RTE.

Les énergies renouvelables contribuent aussi à la hausse des exportations d’électricité. Il y a eu une production hydraulique « exceptionnellement élevée en 2024 », selon le document de synthèse, du fait de fortes précipitations. Ainsi, les installations hydrauliques ont généré 62 TWh d’électricité au 13 novembre, soit une croissance de 40% par rapport à l’année dernière à la même époque. Une production qui devrait s’élever à 75 TWh d’ici la fin de l’année ; niveau plus atteint depuis une décennie (2013).

Baisse de la consommation

« Sur tous nos segments de clientèle, la demande est en baisse de 8 % à 10 % par rapport à avant la crise », annonçait dans les colonnes des Echos Marc Benayoun, Directeur exécutif d’EDF, en charge du Pôle Clients. Cette situation trouve plusieurs sources, qu’il s’agisse du ralentissement de la vente de véhicules électriques, la pérennisation des réflexes de sobriété et des écogestes, ainsi que le processus de réindustrialisation plus poussif que prévu. Chez les clients industriels, cette baisse de la consommation peut être un « signe de ralentissement de la conjoncture », d’après le professeur d’Histoire économique, Christophe Bouneau

Par ailleurs, si ce niveau record d’exportation constitue une bonne nouvelle, il peut signifier aussi que « l’électrification et donc la décarbonation des usages ne progressent pas ou progressent très peu dans le pays », selon Mathias Laffont, délégué général adjoint de l’Union française de l’électricité.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.