MaPrimeRénov’ : les changements reportés
Alors que le ministère de la Transition écologique avait annoncé une modification du dispositif pour privilégier les rénovations d’ampleur, le projet a été reporté, du fait du ralentissement des chantiers.
Un coup d’arrêt aux chantiers de rénovation
En début d’année, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et Guillaume Kasbarian, ministre du Logement, avaient confirmé vouloir modifier l’accessibilité à MaPrimeRénov’ afin de favoriser les rénovations d’envergure, ayant un impact significatif sur les performances énergétiques, au détriment des rénovations plus modestes dites « mono-gestes » comme les changements de chaudières et de fenêtres, ou les isolations de toits.
Problème : ces annonces ont eu un impact direct sur les initiatives de rénovation. Ce recentrage de l’aide a fait s’effondrer la quantité des dossiers de rénovation en janvier et février. Leur nombre a été divisé par quatre par rapport à la même période en 2023. Face à la situation, les professionnels du bâtiment n’ont pas tardé à faire entendre leur inquiétude et leur mécontentement.
90% des chantiers « décoincés »
« Mieux vaut une rénovation globale à un mono-geste mais mieux vaut un mono-geste plutôt que pas de rénovation du tout », a répondu, pragmatique, Christophe Béchu. Ainsi, plusieurs ajustements ont été mis en place pour décoincer le marché.
D’abord, le recentrage de MaPrimeRénov’ a été reporté au 1er janvier 2025. Ensuite, il n’est plus nécessaire d’effectuer un DPE pour bénéficier de l’aide. Enfin, les propriétaires de logements classés G ou F ne sont plus tenus de réaliser des rénovations d’ampleur. « Ça décoince 90% des chantiers (…) Ça va permettre de décoincer les entreprises, de valider les devis, de se remettre au boulot », s’est réjoui Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment. Pour sa part, Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment a souligné « le courage qu’ils [les membres du gouvernement] ont eu de retravailler et de revoir leur copie, ça n’est pas très fréquent ».
Objectif 2024 : 140 000 rénovations
Pour d’autres, cette correction est perçue comme un rétropédalage négatif, comme pour la spécialiste en transition énergétique et professeure à l’Ecole de Management de Grenoble, Carine Sebi : « ça va à l’inverse de ce qu’il faudrait faire (…) On sait très bien que ce genre d’investissements non rentables doivent être massivement soutenus par des aides (…) Il faut absolument engager des rénovations profondes et arrêter les mono-gestes ».
MaPrimeRénov’ bénéficie depuis plusieurs années de moyens conséquents avait arrêté, fin février, un budget de 1,6 milliards d’euros. Ce budget vient d’être considérablement revu à la baisse et ne sera plus que de 600 millions d’euros. Pourtant, les ambitions du gouvernement restent grandes. Il est notamment prévu une augmentation importante des « accompagnateurs rénov’ » -professionnels agréés que les candidats à une rénovation globale doivent impérativement consulter. Cette augmentation des accompagnateurs favorisera l’augmentation du nombre de rénovations globales, qui permettent de gagner au moins deux étiquettes énergétiques. Alors que 2023 a connu quelque 70 000 rénovations, l’objectif du gouvernement, pour 2024, est de doubler ce nombre et d’atteindre ainsi les 140 000 rénovations.
Le bâtiment est l’un des secteurs les plus polluants et représente environ 20% des émissions de gaz à effet de serre. Le programme de rénovation est donc essentiel dans la stratégie de transition énergétique de la France.
L’exécutif s’est également engagé à simplifier l’accès, pour les entreprises, au dispositif Reconnu garant de l’environnement (RGE), indispensable pour participer à des chantiers éligibles à l’aide publique. Les entreprises ayant recours à des sous-traitants devront également avoir elles-mêmes le label, a ajouté le ministère, une mesure visant à lutter contre la fraude.
Les décrets entérinant ces réformes doivent être publiés la semaine prochaine.
Source : AFP