Cours de l’électricité : évolutions et tendances
Comme l’a expliqué la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), les cours de l’électricité sur les marchés à terme pour l’hiver 2022-2023 et l’année 2023 ont atteint « un pic exceptionnel le 26 août (1ertrimestre 2023 base à 1 840 €/MWh et année 2023 base à 1 115 €/MWh) ». Dans le contexte actuel de crise de l’énergie, les prix de l’électricité apparaissent comme extrêmement volatils. De ce fait, il n’est pas toujours simple de bien comprendre l’évolution du prix du MWh et l’impact sur la facture d’électricité. Voici quelques éléments explicatifs.
Opéra Index©, indice trimestriel des cours de l’électricité pour les entreprises
Indice trimestriel de suivi des prix de l’électricité pour les entreprises, professionnels et collectivités, l’Opéra Index© représente l’évolution moyenne de la facture d’électricité pour l’ensemble de ces acteurs.
L’Opéra Index est calculé par les analystes du pôle Énergie et Prix d’Opéra Energie selon une méthodologie précise. Sur la base du recueil des cours de l’énergie de l’ensemble des contrats négociés pour chaque segment de consommation, reconstitution du prix global moyen de chaque segment en incluant une estimation moyenne du prix de l’acheminement (TURPE) et des taxes énergie, en prenant en compte les éventuelles exonérations ou taux réduit. Opéra Index ne comprend pas la TVA, par souci de cohérence entre les segments, publics et privés notamment. Le prix moyen par segment est pondéré proportionnellement au volume de chaque segment de consommation. Le volume de chaque segment est reconstitué d’après les chiffres donnés par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) ainsi que ceux des gestionnaires de réseau d’électricité (RTE et Enedis).
Comment ont évolué les cours de l’électricité 2023 ?
Le cours des prix de l’électricité a eu tendance a grimpé en 2023 pour faire preuve de plus de calme à l’été. À la mi-octobre 2023, une hausse de 20% a été enregistrée, suivie d’une baisse significative de 17,58% entre le 18 octobre et le 17 novembre 2023 pour sur les marchés à terme pour une livraison en 2024. Cette baisse s’explique par :
- Une dimunition des cours du gaz naturel
- Une hausse de la production des infrastructures d’énergies renouvelables, notamment de l’éolien.
Quelle évolution du prix de l’électricité pour les professionnels en 2024 ?
La baisse risque d’être de courte durée, notamment pour les petits professionnels. La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) envisage une hausse de 10 et 20% du tarif réglementé de vente de l’électricité, dès le mois de février 2024. De son côté, Agnès Pannier-Runacher a indiqué que l’augmentation ne dépasserait pas 10%.
Qu’est-ce qui fait varier les cours de l’électricité ?
Le prix de l’électron dépend d’un marché qui, comme tout marché, varie selon les évolutions de l’offre et de la demande. Plus la demande augmente, plus les prix de l’électricité ont tendance à augmenter. A contrario, plus l’offre augmente, plus les prix ont tendance à baisser.
Quels sont les facteurs qui, à moyen ou à long terme, engendrent des variations du cours de l’électricité, à la hausse comme à la baisse, en impactant soit l’offre soit la demande ?
Les drivers des prix de l’électricité
Demande | Offre |
---|---|
Politique énergétique | Prix des combustibles |
Santé économique | Situation géopolitique |
Météo | Prix du CO2 |
Disponibilités des infrastructures |
Comment la demande d’électricité influence les cours ?
La politique énergétique oriente la consommation électrique
L’électricité est considérée comme un levier clé pour la réussite de la transition énergétique. L’électrification implique une diminution des usages de produits pétroliers (fioul domestique, carburant) au profit d’équipements fonctionnant sur la base d’un système énergétique bas carbone (nucléaire ou énergie renouvelable). C’est dans cette optique qu’est par exemple, développée la mobilité électrique. Or, l’électrification croissante des usages suppose une demande croissante d’électricité à moyen terme.
Le rôle important de l’économie sur la demande d’électricité
Le prix de l’électricité dépend de l’évolution de la demande par les consommateurs. Or, de façon générale, plus l’économie se porte bien, plus on observe une croissance de la demande d’électricité et ce, malgré les efforts d’économie d’énergie. C’est aussi ce qui fait fluctuer la demande certains jours. Selon RTE, « l’activité économique engendre une consommation plus élevée en semaine que le week-end. ».
Les cours de l’électricité réagissent à la météo
La météo influence les cours de l’électricité en ce qu’elle impacte la consommation, lors des pics de froid (chauffage) comme de chaleur (climatisation). On dit que la France est thermosensible.
Offre d’électricité, l’influence sur les cours
La géopolitique a une prise directe sur l’offre d’électron
De nombreux facteurs exogènes au contexte national influencent le prix de l’électricité. Par exemple, en Europe, 19,7% de la production d’électricité est liée au gaz naturel. L’instabilité politique d’un pays producteur de gaz est souvent concomitante avec une baisse de sa production. C’est ce qui se produit actuellement. Le marché du gaz est chamboulé par la guerre en Ukraine et les prix de la molécule sont très élevés. De ce fait, le cours de l’électricité augmente.
La disponibilité des moyens de production, un facteur clé
Les arrêts ou les suspensions des infrastructures de production pèsent sur le marché, qui répercute le manque de production à venir avec des prix à la hausse. En France, la disponibilité des centrales nucléaires a par exemple un impact important. A l’hiver 2022, le parc étant en maintenance, la production nucléaire est en berne. Cela oblige l’Hexagone à importer de l’électricité et fait grimper le prix.
Prix des combustibles et prix de l’électricité sont liés
Gaz, charbon et pétrole influent l’évolution du cours de l’électricité. Parce qu’elle peut être produite par des centrales à gaz et à charbon (particulièrement en période de pointe), l’électricité voit son prix être étroitement lié à celui de ces deux énergies. Adossé au prix du gaz, le cours de l’électricité varie également en fonction des cours du pétrole. Enfin, il faut tenir compte de l’ « effet de substitution » : quand le cours d’une énergie augmente, une autre moins chère est utilisée par substitution si cela est possible, ce qui fait augmenter son prix à son tour.
Le prix du carbone, un paramètre de plus en plus majeur
Le secteur énergétique compte parmi les principaux secteurs soumis au dispositif d’échange de quotas d’émissions qui a été mis en place en 2005 par l’UE. Or, le prix du CO2 a un impact sur le coût de production des centrales à gaz qui sont appelées pour la production d’électricité « à la pointe. » Jusqu’en 2017, les prix des quotas étant bas, l’impact sur la facture était minime. Depuis 2018, la donne a changé et le CO2 soutient fortement l’électricité sur la courbe long terme.
Les coûts para réglementaires, drivers spécifiques du prix de l’électricité
Le coût important du mécanisme de capacité
Le marché de capacité est un driver propre au marché de l’électricité. Destiné à assurer la sécurité en approvisionnement électrique de la France, en particulier en période de pointe de consommation, le mécanisme de capacité a été mis en place en 2017. Chaque fournisseur doit prouver qu’il dispose d’un volume de garanties de capacités suffisant pour satisfaire les besoins en énergie de son portefeuille client, et cela soit en faisant certifier ses actifs propres (moyens de production et/ou offres effacement), soit en achetant des garanties à un tiers. Cette obligation a un coût qu’il répercutera dans le prix de fourniture de ses clients.
Les certificats d’économie d’énergie pèsent sur les factures d’électricité
Les Certificats d’Economies d’Energie (CEE) ont été introduits par la Loi POPE en 2005. ce mécanisme réglementaire a pour objectif de développer les actions d’efficacité énergétique dans les secteurs diffus. Pour ce faire, les pouvoirs publics ont imposé aux vendeurs d’énergie de garantir que leurs clients réalisent un certain volume d’économies d’énergie : il s’agit là des fameux certificats d’économies d’énergie dont le coût est répercuté sur la facture. On les mesure grâce à une unité particulière, le kWh cumac. A l’été 2020, le prix moyen des CEE classiques était de 8 €/MWh cumac. Il faut savoir que 1 € / MWh cumac sur le prix du CEE équivaut à +0.6 € / MWh élec.
Les garanties d’origine, driver spécifique de l’électricité
Une garantie d’origine (GO) est un document électronique qui permet à un fournisseur d’électricité de garantir à son client l’origine de l’énergie qu’il lui vend (une fois injectée sur le réseau, l’origine physique de la production n’est plus distinguable). Elle permet d’assurer la traçabilité de l’électricité verte en Europe.
Le prix des GO dépend du type de production d’énergie renouvelable employé et de l’état de l’offre et de la demande. Plus la production, et donc le nombre de certificats émis, est élevée, plus le coût des GO est bas.
Comment se protéger contre l’évolution du cours de l’électricité en tant que professionnel ?
Pour se libérer des fluctuations des tarifs de l’électricité en tant que professionnel, coïncident principalement deux stratégies. L’entreprise peut souscrire une offre à prix fixes et/ou installer des panneaux solaires photovoltaïques.
Souscrire une offre à prix fixe
Souscrire une offre à prix fixe implique de choisir un contrat d’électricité avec un fournisseur qui offre un prix du kWh stable sur une période déterminée (généralement 1 à 3 ans). Le principal avantage est la prévisibilité des coûts, car le prix du kWh reste constant quelle que soit l’évolution des prix du marché.
Produire son électricité grâce à l’autoconsommation
L’autoconsommation photovoltaïque permet à une entreprise de gagner en autonomie énergétique en réduisant les achats au fournisseur d’électricité. En consommant sa propre électricité, la structure peut réduire sa facture d’énergie et dépend moins des cours de l’électricité sur les marchés de gros. Les excédents de production peuvent être revendus au réseau au réseau en obligation d’achat, générant un revenu supplémentaire.