Les prix de l’électricité pour les entreprises et les professionnels ont augmenté en moyenne de 27,1% en 2022. L’INSEE prévoyait une hausse de 84% en 2023. A l’heure actuelle, en 2024, le prix du MWh est compris entre 80 € à 90 €, soit deux fois plus élevé qu’avant la pandémie de Covid-19. Ces vagues de hausse ont pour cause la crise de l’énergie. Toutefois, depuis maintenant 15 ans, le prix de l’électricité fait face à des augmentations. Pour quelles raisons ? Comment protéger sa facture d’électricité en entreprise ?

Pourquoi le prix de l’électricité augmente en 2024 pour les entreprises ?

En 2024, les programmes d’aides à l’énergie pour les entreprises ont disparu. L’amortisseur électrique et le bouclier tarifaire prendront fin. Cette baisse des aides aura un impact sur la facture d’énergie des entreprises.

En effet, pour y mettre fin, le gouvernement faire remonter le niveau de l’accise sur l’électricité, principale taxe sur l’électricité. Appelée également CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité), elle passe de 0,5 € / MWh à 20,50 € / MWh.

Crise de l’énergie : hausse des prix de l’électricité pour les entreprises en 2022 et 2023

hausse du prix de l'électricité pour les entreprises

Suite à la reprise économique post Covid-19 et du fait de la guerre en Ukraine, les prix du kWh d’électricité ont fortement augmenté. Les entreprises ont été particulièrement touchées.

+27% sur les prix de l’électricité des professionnels en 2022

Les entreprises ont vu leur facture d’électricité bondir. En mars 2022 , en moyenne, les professionnels ont subi une hausse des prix de 27,1% par rapport à l’année précédente (INSEE). Cependant, la hausse a été très hétérogène en fonction des secteurs d’activités et de la puissance du compteur des entreprises. Cette hausse s’explique par plusieurs phénomènes conjoints :

  • La reprise post-Covid, qui a créé une tension sur la demande en gaz et en hydrocarbure, énergies fossiles servant à produire de l’électricité ;
  • La baisse de production des centrales nucléaires en France, avec de nombreux arrêts pour des raisons de maintenance ;
  • La guerre en Ukraine qui a secoué le marché du gaz et a généré des tensions sur le marché de l’électricité.

Une hausse des prix de l’électricité estimée à 84% en 2023

D’après l’INSEE, le prix de l’électricité en France devrait aurait du subir 84% de hausse entre le début et la fin de l’année 2023. Une hausse qui aurait pu être supérieure pour les secteurs de l’industrie et de l’agriculture. En effet, l’INSEE prévoit une hausse des prix pouvant aller jusqu’à 92% pour ces deux secteurs. Toutefois, sur les premiers mois de 2023, les prix spot de l’électricité ont un peu baissé. En outre grâce à la mise en place d’aides gouvernementales, les entreprises ont pu mieux maitriser leurs factures.

Prix de l’électricité pour les entreprises : une tendance haussière depuis 15 ans

2008 à 2012 : une hausse contenue

La hausse des prix de l’électricité pour les professionnels s’inscrit dans une tendance haussière depuis déjà de longues années. En 2008, du fait de la crise économique, les prix de l’électricité flambent sur les marchés. En France, la mise en place des tarifs réglementés de vente (TRV) à l’époque permet de protéger les consommateurs professionnels et particuliers. Le Tarif Bleu d’EDF n’augmente que de 2% par an.

2013 à 2015 : une augmentation plus marquée

En 2013, François Hollande alors Président de la République, en concertation avec la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) décide de faire augmenter les tarifs réglementés de l’électricité de 5%. L’objectif ? Faire face aux coûts du grand carénage de la maintenance des centrales nucléaires d’EDF, qui débutera en 2014. Les années 2014 et 2015 sont marquées par une augmentation de 2,5% suivie à nouveau d’une hausse de 2,5%. Les entreprises comme les particuliers sont touchés par cette hausse des prix de l’énergie.

2016 à 2018 : une accalmie

De 2016 à 2018, le marché souffle et les prix baissent. Comme l’explique le Ministère de la Transition écologique « Dans l’Union européenne (UE), en 2016, le prix de l’électricité baisse plus fortement pour les entreprises (- 4,1 %) que pour les ménages (- 2,3 %). En France, le prix décroît également pour les entreprises, et de façon plus marquée qu’au niveau européen (- 7,1 %)« .

2019 à 2020 : d’importantes hausses de l’électricité

En 2019, les prix de l’électricité subissent à nouveau des évolutions majeures. En 2019, le prix de l’électricité augmente de 6,8 % pour les entreprises. Il est suivi d’une hausse de 5,3 %.

Augmentation de l’électricité pour les entreprises : comprendre les causes

La hausse des prix de l’électricité pour les professionnels n’est pas toujours liée aux coûts de production et aux marchés. En effet, la facture d’électricité se segmente en trois parties :

Répartition des coûts sur une facture d'électricité
  • la fourniture, la part achetée et vendue par le fournisseur ;
  • les taxes sur l’électricité ;
  • l’acheminement.

Une augmentation de la facture d’énergie est liée à la hausse de l’une ou de l’ensemble de ces composantes.

Les prix de fourniture : ARENH et prix de marché

La fourniture correspond à la partie commercialisée par le fournisseur d’électricité. C’est la seule partie de la facture dont on peut négocier le prix avec le fournisseur. En France pour stabiliser les prix de l’électricité, les autorités publiques ont mis en place l’ARENH (Accès régulé à l’énergie nucléaire historique) dans le cadre de la Loi NOME.

Ce dispositif permet aux fournisseurs d’énergie d’acheter de l’électricité nucléaire à un prix stable de 42 € le MWh à EDF, le fournisseur historique d’électricité avec un plafond fixé à 100 TWh. Si les demandes d’ARENH sont supérieures à 100 TWh, les fournisseurs ne reçoivent pas la totalité de leur droit à l’ARENH. Ils sont souvent obligés de se fournir sur le marché de gros où les prix sont plus volatils.

Cette situation d’écrêtement de l’ARENH entraîne bien souvent une hausse de la facture des consommateurs professionnels et particuliers. Elle se produit régulièrement. En 2023, la CRE ayant reçu 148,3 TWh de demande d’ARENH, le taux d’attribution a été de 67,43% des droits de chaque fournisseur.

Principe de l'écrêtement de l'ARENH

Taxes sur l’électricité : une augmentation de la fiscalité pour les entreprises

Les taxes constituent un poste important de la facture d’électricité des professionnels. Et, la fiscalité pour l’énergie a eu tendance à augmenter ces dernières années. C’est notamment le cas de la CSPE (Constribution au Service Public de l’Electricité) qui est passée de 3,3 € / MWh en 2003 à 22,5 € / MWh en 2018.

En raison de la crise de l’énergie, pour éviter une trop forte hausse de la facture, le montant de la CSPE 2023 a été ramené à :

  • 0,5 €/MWh pour les entreprises dont la puissance de compteur est supérieure à 36 kVA ;
  • 1 € / MWh pour les petits professionnels et les ménages dont le compteur ne dépasse pas 36 kVA.

Ce taux réduit resté en application jusqu’en février 2024.

Aujourd’hui, il est porté à :

  • 20,50 € / MWh pour les entreprises dont la puissance de compteur est supérieure à 36 kVA ;
  • 21 €/MWh pour les entreprises dont la puissance de compteur est inférieure ou égale à 36 kVA.

Certaines entreprises sont éligibles à une exonération totale ou partielle de CSPE. Méconnu, ce levier permet pourtant d’optimiser la facture d’électricité de son entreprise. Pour savoir si vous pouvez en bénéficier, pensez à tester votre éligibilité.

Les tarifs d’acheminement : le TURPE

Enfin, les tarifs d’acheminement, le TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité) représentent parfois jusqu’à 40% de la facture d’électricité des professionnels. Ces derniers servent à rémunérer les activités d’Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution et de RTE, le transporteur d’électricité.

Les tarifs d’acheminement font l’objet d’un calcul sur une période de 4 ans. Ils sont aussi réévalués chaque année afin d’être indexés sur l’inflation.

Hausse des prix de l’électricité : comment protéger la facture de son entreprise ?

Changer de fournisseur d’électricité

Changer de fournisseur d’énergie peut être une bonne manière de limiter la hausse des prix de l’énergie. En effet, en mettant en concurrence les différents opérateurs présents sur le marché, on peut trouver des tarifs plus compétitifs.

Pour vous faire aider, vous pouvez utiliser un comparateur d’électricité. Mis en place par un courtier en énergie, comme Opéra Energie, il vous permet de trouver le fournisseur d’électricité le moins cher pour votre entreprise. Les courtiers étant rémunérés par les fournisseurs, les entreprises n’ont rien à payer pour profiter de ce service.

Engager des travaux de rénovation thermique

Réduire sa consommation d’énergie en entreprise, cela peut aussi passer par davantage de sobriété énergétique. Et pour cela, les entreprises peuvent réaliser des travaux de rénovation énergétique. Ces travaux peuvent porter sur :

  • L’isolation ;
  • Le changement du système de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire ;
  • La mise en place d’une ventilation performante ;
  • L’installation d’équipements performants.

Ces travaux peuvent être financés par des aides comme la Prime Energie, issue des Certificats d’Economies d’Energie (CEE). Cette aide est ouverte à tous les professionnels quelle que soit leur activité.

Passer à l’autoconsommation solaire photovoltaïque

Enfin, pour réduire leur budget énergie, les entreprises peuvent choisir de produire leur propre électricité. Elles peuvent passer à l’autoconsommation solaire pour couvrir une partie de leurs besoins en énergie. Un moyen aussi de s’engager dans la transition énergétique et de respecter leur objectif RSE.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.