La PPE 3 est un outil essentiel pour piloter la transition énergétique française. Malgré les retards dans la publication du décret, les consultations publiques et les arbitrages en cours montrent une volonté de concilier ambition climatique et réalisme économique. Pour les entreprises, c’est l’occasion de s’engager dans des projets durables et innovants, tandis que les particuliers bénéficieront d’un cadre plus favorable à la sobriété et à l’efficacité énergétique. Que faut-il savoir sur la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie ?
Qu’est-ce que la PPE 3 ?
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3) est la feuille de route énergétique de la France pour la période 2025-2035. Elle fixe les objectifs de consommation et de production d’énergie, ainsi que les priorités d’investissement pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
La PPE 3 couvre deux périodes : 2025-2030 et 2031-2035, et s’articule autour de trois défis majeurs :
- Réduction de la consommation d’énergie ;
- Sortie des énergies fossiles ;
- Développement des énergies décarbonées (renouvelables et nucléaire).
La PPE 3 sera-t-elle publiée en 2026 ?
À ce jour, la publication de la PPE 3 n’est pas garantie pour 2026. Plusieurs sources indiquent que le gouvernement vise une adoption avant fin 2025, mais des retards politiques et législatifs pourraient encore repousser cette échéance. La date reste incertaine, et une publication en 2026 n’est ni confirmée ni exclue.
État des lieux du décret PPE 3 en France : où en est-on ?
Un processus marqué par des reports
Le décret PPE 3, qui doit acter officiellement les orientations énergétiques, est toujours en attente de publication. Initialement prévu pour le printemps 2025, puis repoussé à l’été, son adoption a été retardée par :
- Des tensions politiques : Le Parlement souhaite être associé à l’élaboration de la PPE, et certains groupes politiques demandent même l’adoption d’une loi de programmation avant le 1er juillet 2026.
- Des consultations approfondies : Plusieurs phases de concertation ont eu lieu, notamment une dernière du 7 mars au 5 avril 2025, qui a permis de recueillir des milliers de contributions.
Prochaines étapes
Le gouvernement a annoncé vouloir publier le décret avant la fin 2025, afin de permettre aux filières industrielles de lancer leurs investissements. Cependant, la date exacte reste incertaine, et dépendra des arbitrages politiques et des débats parlementaires en cours.
Consultation publique PPE 3 : ce qu’il faut savoir
La PPE 3 a fait l’objet d’une consultation publique finale du 7 mars au 5 avril 2025, ouverte à tous les citoyens, entreprises et acteurs du secteur énergétique. Plus de 7 500 propositions ont été déposées, et les retours ont conduit à des ajustements majeurs, notamment sur :
- La flexibilité du système électrique : Une analyse des besoins sera menée en 2026 pour définir des indicateurs adaptés.
- Les projets photovoltaïques : Les objectifs ont été revus pour mieux refléter les réalités du marché.
Financement de la PPE 3 : quels leviers ?
Un budget 2026 en soutien à la transition
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit des moyens pour financer la transition énergétique, notamment via :
- L’accise sur l’électricité (ex-CSPE) : Rehaussée à 33,7 €/MWh depuis février 2025, cette taxe finance le soutien aux énergies renouvelables. Son niveau pourrait évoluer en fonction des besoins de financement.
- Les compensations financières : Les entreprises peuvent déjà bénéficier de mécanismes incitatifs, comme la modulation de leur consommation pour réduire leur facture et contribuer à la stabilité du réseau.
Des incertitudes persistantes
Cependant, le financement de certains projets, notamment ceux liés à la flexibilité électrique et aux nouvelles infrastructures, reste à préciser. Les acteurs du secteur attendent avec impatience la publication du décret pour y voir plus clair.
Quels sont les objectifs chiffrés de la PPE 3
La PPE 3 (2025-2035) fixe des objectifs ambitieux pour la transition énergétique française :
- Réduire de 40 % la consommation d’énergies fossiles d’ici 2030 (vs 2022).
- Atteindre 50 TWh de biogaz en 2030 et 80 TWh en 2035.
- Développer 40 GW d’éolien terrestre et 65 GW de solaire d’ici 2030, puis 90 GW de solaire en 2035.
- Relancer le nucléaire avec 6 EPR 2 en construction d’ici 2026, puis 8 supplémentaires d’ici 2030.
- Sortir du charbon d’ici 2027 et renforcer la flexibilité du système électrique.
Tableau synthétique des principaux objectifs de la PPE 3
| Domaine | Objectif 2026 | Objectif 2030 | Objectif 2035 |
|---|---|---|---|
| Réduction énergies fossiles | -20 % vs 2022 | -40 % vs 2022 | -60 % vs 2022 |
| Biogaz | 20 TWh | 50 TWh | 80 TWh |
| Éolien terrestre | 33 GW | 40 GW | 45 GW |
| Solaire | 40 GW | 65 GW | 90 GW |
| Nucléaire | 6 EPR 2 en construction | 8 EPR 2 supplémentaires | 14 EPR 2 |
| Flexibilité électrique | Étude en 2026 | Indicateurs en 2027 | Bouquets de flexibilité |
Quels étaient les objectifs de la PPE 2 ?
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) 2, en vigueur de 2019 à 2028, définissait les priorités de la France pour transformer son mix énergétique et réduire ses émissions de CO₂. Voici ses principaux objectifs et leur état d’avancement.
Réduction des énergies fossiles
La PPE 2 visait une baisse de 20 % de la consommation d’énergies fossiles d’ici 2028 (par rapport à 2012), avec :
- La fermeture des centrales à charbon d’ici 2022, effective avec l’arrêt de la centrale de Cordemais, partiellement convertie à la biomasse.
- Une réduction ciblée du pétrole et du gaz, notamment dans les transports et le résidentiel.
- Un alignement sur la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), pour atteindre une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
La sortie du charbon a été respectée, mais la baisse des autres énergies fossiles a progressé plus lentement, surtout dans les transports.
Développement des énergies renouvelables
La PPE 2 fixait un objectif de 40 % d’électricité verte d’ici 2030, avec des cibles précises :
- Éolien terrestre : 34 GW en 2028 (contre 15 GW en 2019).
- Éolien en mer : 5 GW en 2028, via 6 parcs offshore.
- Solaire photovoltaïque : 20 GW en 2023 et 35 GW en 2028.
- Biomasse et hydraulique : 8 à 10 TWh/an de biogaz d’ici 2028 et modernisation des barrages.
Le solaire et l’éolien terrestre ont dépassé leurs objectifs intermédiaires, mais l’éolien en mer a accusé des retards en raison de contraintes techniques et administratives.
Optimisation du nucléaire et sobriété énergétique
La PPE 2 visait également à une optimisation
- Réduction de la part du nucléaire à 50 % d’ici 2035, via la fermeture de 14 réacteurs (dont Fessenheim en 2020) et la prolongation des autres jusqu’à 50-60 ans.
- Sobriété énergétique : Réduire de 17 % la consommation d’énergie finale d’ici 2030, via la rénovation de 500 000 logements par an et l’efficacité industrielle.
La crise énergétique de 2022 a ralentit la fermeture des réacteurs, et les objectifs de rénovation n’ont pas été pleinement atteints.
Modernisation des réseaux et mobilité
Enfin, la PPE 2 impliquait une modernisation des réseaux et le développement de la mobilité verte :
- Adaptation des réseaux pour intégrer les ENR intermittentes, avec des smart grids et des solutions de stockage.
- Développement de la mobilité électrique : 4,8 millions de véhicules électriques ou hybrides rechargeables et 100 000 bornes de recharge d’ici 2028.
Le parc de véhicules électriques a progressé, mais le réseau de bornes reste inégalement réparti.
PPE 3 : Quels impacts pour les entreprises et le résidentiel ?
Pour les entreprises
La PPE 3 offre un cadre réglementaire pour :
- Investir dans les énergies renouvelables : Les appels d’offres pour le solaire et l’éolien vont se multiplier, offrant des opportunités pour les acteurs du secteur.
- Optimiser leur consommation : La flexibilité électrique devient un enjeu clé.
- Décarboner leur activité : La PPE 3 encourage les solutions d’efficacité énergétique et la décarbonation industrielle.
Pour les particuliers et les copropriétés ?
Les ménages peuvent s’attendre à :
- Des aides pour la rénovation énergétique : La PPE 3 prévoit des dispositifs pour encourager l’efficacité énergétique dans les logements.
- Un mix énergétique plus vert : La part des énergies renouvelables dans la consommation devrait augmenter. Cela devrait permettre de réduire l’empreinte carbone des foyers.
PPE 3 et SNBC : quelles sont les différences ?
La France mise sur deux outils majeurs pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050: la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3). L’une dessine la vision, l’autre en décline les actions. Mais leur efficacité dépendra de leur articulation et de leur mise en œuvre concrète.
La SNBC
La SNBC est le cadre stratégique qui fixe les grandes lignes de la décarbonation et de la trajectoire carbone de la France. Adoptée par décret et révisée tous les cinq ans, elle établit des budgets carbone par secteur (transports, bâtiment, industrie) et des objectifs ambitieux: réduire les émissions de l’industrie de 81% et celles de l’agriculture de 46% d’ici 2050 par rapport à 2015.
Elle couvre tous les domaines d’activité et intègre des mesures pour renforcer les puits de carbone, comme les forêts ou les sols agricoles. Sa dernière version, publiée en 2020, est actuellement en cours de révision pour la période 2024-2028.
La PPE 3
La PPE 3, elle, se concentre sur le volet énergétique. Elle détaille comment produire et consommer l’énergie de manière plus durable sur la période 2024-2035. Ses objectifs sont précis: réduire la consommation d’énergie de 30% d’ici 2030, sortir du charbon d’ici 2027, et porter la production d’électricité bas-carbone à 640 TWh en 2035.
Elle prévoit aussi un développement massif des énergies renouvelables, avec 54 à 60 GW de solaire en 2030 et la mise en service de sept parcs éoliens en mer d’ici la même date. Le nucléaire n’est pas en reste, avec six nouveaux réacteurs EPR 2 prévus entre 2035 et 2042.
La SNBC donne la direction générale, tandis que la PPE 3 en précise les modalités d’application dans le domaine de l’énergie. Par exemple, la SNBC impose un objectif de bâtiment zéro émission en 2050, et la PPE 3 détaille comment y parvenir: développement des réseaux de chaleur renouvelable, rénovation massive des logements et bâtiments professionnels, électrification des process.
Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.
Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.