Depuis le 1er juillet 2022, la RE 2020 appliquée aux bâtiments tertiaires représente un tournant dans le secteur de la construction et de l’optimisation de la performance énergétique et du confort. Quels bâtiments tertiaires sont concernés ? Quels sont les indicateurs clés de la RE 2020 dans le tertiaire ?

Rappel sur la définition et les objectifs de la RE 2020

RE2020 : enjeux et objectifs pour le tertiaire

Entrée en vigueur en janvier 2022, la réglementation environnementale 2020, ou RE 2020 encadre la construction de nouveaux bâtiments, qu’ils soient résidentiels, tertiaires ou mixtes, d’un point de vue environnemental et énergétique.

Ses objectifs sont multiples :

  • encourager la réduction de la consommation énergétique ;
  • promouvoir l’utilisation de matériaux bas-carbone ;
  • garantir le confort des usagers tout au long de l’année ;
  • contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Ainsi, la RE 2020 appliquée au tertiaire vise une décarbonation massive du secteur du bâtiment qui est responsable d’environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre en France.

Pour atteindre ces objectifs, elle promeut :

  • une meilleure isolation ;
  • une utilisation optimisée des énergies renouvelables ;
  • une diminution globale de l’empreinte carbone tout au long du cycle de vie du bâtiment.

Plus ambitieuse que la RT 2012, la RE 2020 intègre la notion d’impact carbone dès la phase de conception. Cela signifie qu’il n’est plus seulement question d’efficacité énergétique, mais également de prendre en compte l’ensemble des matériaux et des procédés utilisés.

En adoptant cette démarche d’analyse du cycle de vie, la RE 2020 dans le tertiaire vise à placer la construction française à l’avant-garde de la durabilité.

Quels bâtiments tertiaires sont concernés par la RE 2020 ?

Si les logements ont été concernés dès janvier 2022, l’application de la RE 2020 s’est étendue au secteur tertiaire avec une entrée en vigueur échelonnée.

Depuis le 1er juillet 2022, la réglementation s’applique aux bâtiments tertiaires, tels que les bureaux et les établissements d’enseignement primaire et secondaire. Depuis janvier 2023, la RE 2020 s’applique aux autres bâtiments tertiaires, comme les hôtels, les restaurants, les commerces et tout établissement recevant du public (ERP).

Plus spécifiquement, les bâtiments tertiaires concernés présentent les caractéristiques de surface suivantes :

  • construction de plus de 50 m² ;
  • extension de bâtiment supérieure à 50 m² et supérieure à 30 % de la surface de référence du bâtiment existant ;
  • extension supérieure à 150 m².

Ainsi, tout bâtiment tertiaire dont le permis de construire a été déposé après la date d’entrée en vigueur de la réglementation doit être conforme aux exigences de la RE 2020.

Quid des bâtiments mixtes 

Appliquer la RE 2020 à un bâtiment mixte nécessite de considérer à la fois les exigences de la réglementation pour l’habitation et le tertiaire. Une coordination efficace lors de la conception et de la construction est indispensable afin de garantir la conformité globale du projet.

Quelles sont les exigences de la RE 2020 appliquées au tertiaire ?

Les exigences de la RE 2020 pour les bâtiments tertiaires reposent sur trois grands piliers : la performance énergétique, la réduction de l’empreinte carbone et le confort d’été.

Pour les bâtiments tertiaires, cela implique notamment de :

  • écoconcevoir le bâtiment ;
  • limiter les consommations d’énergie primaires, surtout si elles sont non renouvelables, en optimisant les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation ;
  • utiliser des matériaux à faible impact environnemental, en matière de fabrication et de transport ;
  • opter pour des équipements fonctionnant à partir d’une énergie renouvelable ;
  • optimiser le confort d’été à travers une bonne orientation du bâtiment, une excellente isolation, la présence de protections solaires et la mise en place de systèmes de ventilation naturelle.

En ce sens, la RE 2020 implique le respect de plusieurs indicateurs clés, la réalisation d’une étude thermique et d’une analyse du cycle de vie des matériaux. Ces études sont à joindre à la demande de permis de bâtir.

Lien entre RE 2020 et décret tertiaire  

La RE 2020 est complémentaire au décret tertiaire qui vise la rénovation énergétique des bâtiments existants du secteur tertiaire. Le décret tertiaire impose une réduction progressive de la consommation énergétique, tandis que la RE 2020 fixe des critères pour les nouvelles constructions afin de consommer peu d’énergie dès le départ. Ces deux réglementations ont un même objectif : réduire de manière significative l’impact carbone du secteur immobilier.

RE 2020 appliquée aux bâtiments tertiaires : quels sont les indicateurs clés ?

La RE 2020 s’appuie sur plusieurs indicateurs pour évaluer la conformité des bâtiments tertiaires. Découvrons les plus importants.

Le besoin bioclimatique (Bbio) 

Le coefficient Bbio mesure la qualité de conception d’un bâtiment en prenant en compte ses besoins en chauffage, refroidissement et électricité.

Un Bbio performant limite les besoins énergétiques en jouant sur des éléments, tels que l’isolation, l’orientation et la gestion des apports solaires.

À titre d’information, pour les bureaux, le seuil maximal est de 95 pts.

La consommation d’énergie primaire (Cep) et primaire non renouvelable (Cep, nr)

L’indicateur Cep quantifie la consommation totale d’énergie nécessaire au fonctionnement du bâtiment. La RE 2020 appliquée au tertiaire incite à utiliser des équipements performants à travers une valeur seuil de 85 kgeq.CO2/m² pour les bureaux.

En plus du Cep, la RE 2020 distingue la consommation d’énergie provenant de sources non renouvelables, comme le gaz ou le charbon, pour encourager le recours aux énergies renouvelables. Pour les bureaux, le seuil du Cep, nr est fixé à 75 kgeq.CO2/m².

L’impact carbone énergie (Ic énergie) et construction (Ic construction)

L’indicateur lc énergie mesure les émissions de gaz à effet de serre liées à l’exploitation du bâtiment, c’est-à-dire à l’énergie consommée pour son fonctionnement quotidien (chauffage, éclairage, etc.).

 2022 à 20242025 à 2027À partir de 2028
Bureaux avec réseau de chaleur urbain280 kgeq.CO2/m²200 kgeq.CO2/m²200 kgeq.CO2/m²
Autres bureaux200 kgeq.CO2/m²200 kgeq.CO2/m²200 kgeq.CO2/m²

Contrairement à l’Ic énergie, lc construction considère les émissions de CO2 associées à la fabrication des matériaux de construction, leur transport, ainsi que le chantier lui-même.

 2022 à 20242025 à 20272028 à 2030À partir de 2031
Bureaux980 kgeq.CO2/m²810 kgeq.CO2/m²710 kgeq.CO2/m²600 kgeq.CO2/m²

Pourquoi retenir la date du 1er janvier 2025 ?

À partir de cette date, les exigences en matière de réduction de l’impact carbone se renforcent. Des seuils plus contraignants sont prévus progressivement : 2025 à 2027, 2028 à 2030 et après 2031. Ce durcissement vise à pousser le secteur de la construction à adopter rapidement des pratiques plus vertueuses de durabilité et de réduction des émissions de CO2.

Le nombre de degré d’heure d’inconfort estival (DH)

L’indicateur DH de la RE 2020 appliqué au tertiaire vise à garantir le confort des occupants en période de forte chaleur.

Le DH permet de quantifier la durée pendant laquelle la température intérieure excède la valeur seuil de confort définie en fonction du type de bâtiment, de sa localisation et de son conditionnement.

 Catégorie 1 sauf parties de bâtiments climatisées en zone H2d et H3Catégorie 1 climatisé en zone H2d et H3Catégorie 2
Bureaux115024002600

Comment décarboner un bâtiment tertiaire ?

Sous la RE 2020 dans le tertiaire, un projet de construction visant à concevoir un bâtiment décarboné passe par :

  • l’amélioration de l’isolation qui contribue à réduire les consommations ;
  • le recours aux énergies renouvelables (panneaux solaires, pompes à chaleur, raccordement à des réseaux de chaleur alimentés par des énergies renouvelables) pour limiter la dépendance aux énergies fossiles ;
  • l’optimisation de la gestion de l’énergie, grâce à des systèmes de suivi des consommations en temps réel, à coupler avec des dispositifs de stockage d’énergie ;
  • l’utilisation de matériaux bas-carbone incluant l’usage de matériaux recyclés, de bois certifié et d’autres matériaux écologiques ;
  • la sensibilisation des utilisateurs afin qu’ils adoptent des comportements économes en énergie.

En construction comme en rénovation, les audits énergétiques préalables sont indispensables pour mener à bien un projet dans le tertiaire. En tant que bureau d’étude et mandataire CEE, Opéra Énergie propose un accompagnement au décret tertiaire, ainsi que la réalisation d’audits énergétiques préalables à une décarbonation efficace. Enfin, nous accompagnons les entreprises et les copropriétés dans le montage et le suivi des dossiers CEE.

Alexandre Stoecklin
Alexandra Stoecklin

Diplômée d'un master en environnement, Alexandra a exercé pendant quinze ans dans des bureaux d'études techniques.

Depuis 4 ans, elle est rédactrice web spécialisée sur les sujets liés à l'énergie et l'environnement. Passionnée par les enjeux de la transition énergétique, elle associe sa plume à son expertise pour rédiger des contenus qui répondent aux enjeux des entreprises.