Le dispositif de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH) prend fin le 31 décembre 2025. Ce mécanisme, instauré en 2010 pour garantir aux fournisseurs alternatifs un accès à la production nucléaire d’EDF à prix fixe, sera remplacé dès 2026 par deux nouveaux outils : le Versement Nucléaire Universel (VNU) et les Contrats d’Allocation de Production Nucléaire (CAPN). Zoom sur l’après ARENH en 2026.
Qu’est-ce que l’ARENH ?
Proposé en 2009 par le gouvernement français à la Commission européenne puis créé par la loi NOME en 2010, l’ARENH permettait aux fournisseurs alternatifs d’acheter jusqu’à 100 TWh d’électricité nucléaire par an à EDF, à un tarif de 42 €/MWh. Prévu comme temporaire, le dispositif doit disparaître le 31 décembre 2025.
Comme l’explique l’AFIEG (Association Française Indépendante de l’Electricité et du Gaz) « La mise en place de l’ARENH permet à chaque consommateur, quel que soit son fournisseur, d’avoir la possibilité de bénéficier de la compétitivité de l’électricité tirée du parc nucléaire historique financé par la collectivité. »
ARENH 2026 : pourquoi le dispositif s’arrête ?
Tout simplement parce que c’est ainsi que le prévoit la loi. Le mécanisme ARENH avait pour but d’accompagner la concurrence. Il n’avait pas vocation à se pérenniser au regard du droit européen en matière de concurrence.
VNU et CAPN : les dispositifs post-ARENH en 2026
Pour sortir de l’ARENH en 2026, deux mécanismes seront mis en place : le VNU et les CAPN.
Le Versement Nucléaire Universel (VNU)
Dans le cadre du VNU, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2026, EDF vendra sa production au prix de marché. Si ce prix dépasse certains seuils, une partie des revenus sera reversée à l’État, puis redistribuée aux consommateurs.
Les seuils fixés sont les suivants :
- Moins de 78 €/MWh : EDF conserve l’intégralité de ses revenus ;
- Entre 78 et 110 €/MWh : 50 % des revenus supplémentaires sont reversés à l’État ;
- Au-delà de 110 €/MWh : 90 % des excédents sont redistribués.
La CRE assurera le calcul et la transparence du dispositif. Selon ses projections pour 2026, le prix moyen de vente du nucléaire (65,86 €/MWh) restera inférieur au premier seuil, ce qui signifie qu’aucune redistribution ne devrait intervenir la première année.
Les Contrats d’Allocation de Production Nucléaire (CAPN)
Les CAPN visent les grands consommateurs industriels. Ces contrats bilatéraux de long terme (10 à 15 ans) sont conclus directement avec EDF et garantissent un prix négocié, souvent compris entre 65 et 70 €/MWh. Les signataires partagent une partie des risques liés à la production (maintenance, arrêts, disponibilité). La CRE et l’Autorité de la concurrence exigent toutefois que ces contrats soient attribués de manière transparente pour éviter tout déséquilibre concurrentiel.
Zoom sur les « contrats for difference »
Les contrats pour différence (CfD) constituent un mécanisme de soutien public aux producteurs d’électricité, conçu pour stabiliser leurs revenus face aux fluctuations du marché. Concrètement, un prix de référence, appelé « prix d’exercice », est fixé par contrat entre l’État et le producteur. Si le prix de marché descend en dessous de ce seuil, l’État compense la différence. Inversement, si le prix de marché dépasse ce niveau, le producteur reverse l’excédent à l’État. Ce système assure une visibilité financière pour les investisseurs et limite la volatilité des prix pour les consommateurs.
Dans le contexte français, les CfD apparaissent comme une alternative à l’ARENH en 2026. Soutenus par l’AFIEG, l’ANODE et le CLEEE, ils permettraient de sécuriser les investissements dans les capacités nucléaires existantes et nouvelles, tout en évitant les effets de rente liés à un monopole de production.
Un amendement parlementaire remet en cause la réforme
Le 22 octobre 2025, la commission des Finances de l’Assemblée nationale a adopté un amendement visant à revoir le nouveau cadre tarifaire de l’électricité. Défendu par le député LFI Maxime Laisney et soutenu par le RN, le texte critique un dispositif jugé « lacunaire ».
Les députés estiment que la redistribution aux consommateurs des revenus d’EDF reste trop incertaine en raison de seuils de taxation favorables à l’électricien. L’amendement propose de remplacer ce mécanisme par un plafonnement des marges des producteurs d’électricité à 3,5 % par centrale.
Inspirée du rapport parlementaire Bolo-Laisney publié début octobre, cette initiative souligne le manque de lisibilité du futur cadre tarifaire. Le rapport avertit que le nouveau système risque de ne pas protéger suffisamment les consommateurs tout en n’assurant pas à EDF des revenus stables pour ses investissements.
Post-ARENH 2026 : quel impact sur la facture ?
La fin du tarif régulé expose directement les consommateurs aux variations du marché. En 2026, le VNU ne devrait pas activer de redistribution, car le prix projeté reste inférieur au seuil de 78 €/MWh. Un rapport parlementaire juge que le dispositif « expose le consommateur aux prix de marché » et que ses seuils sont « trop élevés pour jouer un rôle protecteur ».
De même depuis longtemps déjà, les associations de fournisseurs alternatifs alertent sur la volatilité des prix à venir en cas de fin de l’ARENH : « Afin de garantir l’effet modérateur puissant sur les factures des consommateurs français de l’électricité nucléaire historique, l’AFIEG et l’ANODE rappellent la nécessité d’un schéma de régulation pérenne. L’absence d’une telle régulation entraînerait à partir de 2026 une vente sur les marchés par EDF de la totalité du productible nucléaire au prix de la dernière centrale appelée. Dans un contexte de prix de marché très élevés, ceci aurait un impact direct à la hausse sur le prix de vente de l’électricité au consommateur final. »
Fin de l’ARENH en 2026 : comment sécuriser sa facture ?
Dans ce nouveau contexte, les entreprises doivent adapter leur stratégie d’achat à la fin de l’ARENH en 2026. Le recours à un courtier en énergie, comme Opéra Energie, permet d’analyser les offres disponibles, de comparer les contrats et de négocier des conditions adaptées à son profil de consommation.
Le recours à un courtier en énergie n’implique pas de frais directs pour l’entreprise. La rémunération de cet expert est assurée par les fournisseurs d’énergie.
Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.
Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.