Dans son plan de sobriété énergétique, le gouvernement entend réduire d’ici 2024 de 10% la consommation d’énergie en France. Grande consommatrice d’électricité, de gaz et de produits pétroliers, l’industrie doit faire en sorte d’optimiser son utilisation de l’énergie. En effet, selon le Ministère de la Transition écologique, le secteur industriel représente 18 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France. Pour cela, il convient de mettre en place des stratégies d’efficacité énergétique et de décarbonation industrielle. Comment procéder ?

Efficacité énergétique en industrie : quels enjeux ?

Les actions d’efficacité énergétique en industrie visent à réduire la consommation d’énergie d’un site tout en maintenant voire en améliorant le niveau de production. Dans le contexte actuel, cela permet de répondre à plusieurs enjeux :

  • Diminuer les émissions de GES de l’industrie et afin de tendre vers les objectifs de neutralité carbone. Face à l’urgence climatique, tous les acteurs économiques y sont invités ;
  • Faire baisser son budget énergie et gagner en compétitivité dans un contexte de hausse des prix de l’électricité et du gaz ;
  • Participer à l’indépendance énergétique de la France en évitant le recours aux importations d’énergies fossiles.

C’est la raison pour laquelle, les entreprises ont tout intérêt à s’engager dans la décarbonation industrielle. Selon l’Ademe, les industriels peuvent renforcer leur efficacité énergétique de 20% d’ici 2030.

Quels sont les avantages de l’efficacité énergétique dans l’industrie ?

Mettre en place en stratégie présente plusieurs avantages pour une industrie. C’est l’occasion de réduire la facture d’énergie professionnelle mais aussi d’améliorer son image de marque. Vous pouvez également anticiper les évolutions réglementaires liées au marché du carbone et la transition énergétique.

1. Une réduction de la facture énergétique

Selon l’Union des industries utilisatrices d’énergie (Uniden) « l’électricité représente un peu plus de 20 % du prix de revient de leurs produits ». Du fait de la crise de l’énergie, le budget gaz et électricité d’une industrie peut aujourd’hui être plus important.

En améliorant ses processus industriels et en réduisant sa consommation de chauffage, une industrie peut réduire sa facture d’énergie. L’efficacité énergétique est donc un levier de compétitivité.

2. Une amélioration de l’empreinte carbone

Renforcer les performances de son industrie, cela permet de réduire son bilan carbone. A l’heure où les investisseurs et les consommateurs s’intéressent aux problématiques environnementales, c’est un moyen d’améliorer son image de marque.

3. La prise en compte des évolutions réglementaires

Certaines industries fortement consommatrices d’énergie comme le secteur aérien ou les fabricants d’acier sont soumises au marché européen du carbone. Elles doivent diminuer d’année en année, leurs émissions de CO2. Aujourd’hui, la majorité des entreprises n’y est pas soumise. Cependant en raison du dérèglement climatique, il est probable que la réglementation change. En s’engageant dès maintenant dans une logique d’efficacité énergétique, on prépare les évolutions de demain.

Comment améliorer l’efficacité énergétique d’une industrie ?

Pour améliorer son efficacité énergétique, l’entreprise doit commencer par réaliser un audit énergétique. Il est ensuite plus facile de déterminer les opérations de travaux à mener ainsi que ses besoins en énergie.

Audit énergétique en industrie : première étape pour décarboner

Pour mener à bien sa stratégie de décarbonation, il convient de faire un audit énergétique de l’industrie. Celui-ci est très souvent réalisé par un bureau d’étude spécialisé en efficacité énergétique ou par un cabinet de conseil. L’audit énergétique est indispensable pour savoir quels travaux d’efficacité énergétique effectuer. Réalisé par un ingénieur thermicien ou un conseiller en efficacité énergétique, ce bilan vous permet de mettre en exergue les ponts thermiques et les processus industriels gourmands en énergie.

En vertu de la directive européenne 2012/27/UE la réalisation d’un audit énergétique pour les industries est obligatoire dès lors que l’entreprise dispose de plus de 250 salariés et dont le chiffre d’affaires dépasse les 50 millions d’euros et le bilan à 43 millions d’euros.

Les industries qui disposent de certification ISO 50 001 en sont exemptées.

Cet audit peut s’accompagner de la réalisation d’un bilan carbone afin de déterminer les postes de dépenses les plus importants en matière d’émissions de CO2.

Réaliser des travaux d’efficacité énergétique

Une fois l’audit terminé, le professionnel en charge de l’analyse vous indiquera quels travaux réaliser et dans quel ordre les faire. En général, il se base sur les fiches d’opérations standardisées de l’Ademe pour mesurer facilement les économies d’énergie réalisables.

Selon EDF, les travaux d’efficacité énergétique les plus réalisés en industrie sont :

  • La récupération de chaleur sur un groupe de production de froid (fiche IND-UT-117). La récupération de chaleur fatale émise par les dispositifs réfrigérant ;
  • l’isolation de points singuliers d’un réseau hydraulique (fiche IND-UT-121) ; la mise en place d’un système de calorifugeage industriel sur les tuyaux d’eau chaude ;
  • la variation électronique de vitesse sur un moteur asynchrone (fiche IND-UT-102) ;
  • le système de régulation sur un groupe de production de froid permettant d’avoir une haute pression flottante (fiche IND-UT-116) ;
  • La presse à injecter électrique ou hybride (fiche IND-UT-129) nécessaire pour le travail des matières plastiques.

Achat d’électricité verte et de biométhane : verdir ses consommations

Pour réduire son empreinte carbone, l’entreprise peut choisir de consommer de l’électricité verte et du gaz renouvelable. Cela lui permet de diminuer le recours aux énergies fossiles et de diminuer ainsi ses émissions de CO2.

Sensibiliser les salariés de l’entreprise

L’entreprise peut mettre en place des actions de sensibilisation afin d’inclure les salariés dans la stratégie d’amélioration de la performance énergétique. De plus, des formations permettent d’aller au-delà de la sensibilisation. Les formations doivent être au cœur d’une politique de management de l’énergie proposant un plan d’actions chiffré et détaillé qui permet de diffuser une véritable stratégie en interne.

Quelles aides financières pour les travaux d’efficacité énergétique en industrie ?

Afin d’engager un mouvement en faveur de la décarbonation industrielle, les pouvoirs publics ont mis en place des programmes d’aides spécifiques pour l’industrie.

Les CEE

Les Certificats d’Economies d’Energie (CEE) ont été mis en place dans le cadre de la Loi POPE. Ce dispositif oblige les fournisseurs d’énergie et les vendeurs de carburants à aider les consommateurs à mener des actions d’économies d’énergie. Dans cette optique, ils peuvent notamment financer des travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique en industrie.

Le fonds chaleur de l’Ademe

Doté d’une enveloppe de près de 1 milliard d’euros sur la période 2020-2022, le Fonds Chaleur de l’Ademe permet de financer des opérations de chaleur renouvelable en industrie ou en entreprise. Pour en bénéficier, les industries doivent se rapprocher de l’antenne régionale de l’Ademe dont ils dépendent. Pour savoir à quel montant elles peuvent prétendre, les entreprises peuvent utiliser un simulateur en ligne.

Le contrat de performance énergétique (CPE) de l’industrie

Le contrat de performance énergétique (CPE) est un contrat qui engage un opérateur énergétique auprès d’un industriel. Cet opérateur détermine des objectifs d’économies d’énergie à atteindre pour l’industrie en fonction de travaux à effectuer. Ce contrat engage la responsabilité de l’opérateur sur les objectifs. Si les économies d’énergie ne sont pas atteintes, alors il devra payer des pénalités à l’industrie.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.