Pour assurer la fixation du prix de l’électricité, en France, on fait appel à la logique du « Merit Order ». Cela signifie que l’on fait appel aux unités de production électrique en fonction de leur préséance économique. Plus précisément comment fonctionne le Merit Order ?

Électricité : définition du merit order

Comme l’explique le fournisseur Gazel Energie « Le merit order est le mécanisme permettant d’établir un ordre de priorité dans la mise en œuvre des unités de production électrique : elles sont appelées, pour chaque demi-heure, dans l’ordre croissant de leur coût marginal variable ».

Ce coût marginal prend en compte :

  • Le coût de l’énergie primaire (gaz, fioul, charbon,uranium) ;
  • Le prix du carbone ;
  • Les coûts de maintenance et d’entretien ;
  • Les taxes, etc.

Toutes les 30 minutes, le prix du kWh d’électricité évolue selon la dernière unité appelée.

Fonctionnement : quel est l’ordre d’appel du Merit Order ?

On appelle sur le réseau les unités de production en fonction de leurs coûts marginaux. Quel est l’ordre de préséance économique des énergies ?

Coûts marginaux des énergies en France

Selon l’Ademe, les coûts marginaux de l’électricité dans la logique du Merit Order sont équivalents à 0 pour les énergies renouvelables. Ils sont aux alentours de 30 pour le nucléaire et supérieurs à 70 pour les énergies fossiles.

Type d’énergieSource de productionCoûts marginaux en € par MWh
RenouvelableGéothermie0
RenouvelableEolien0
RenouvelableSolaire0
RenouvelableHydrolien0
FossileNucléaire30
FossileGaz naturel70
FossileCharbon86
FossileFioul162
Coûts marginaux des énergies – Ademe (2019)

1. Les énergies renouvelables

Les coûts marginaux des énergies renouvelables (énergie solaire, éolienne, hydraulique, etc.) sont les plus faibles. En effet, à l’exception des centrales biomasses, elles n’ont pas de combustible d’énergie primaire à brûler pour produire de l’énergie.

En outre, elles sont intermittentes. En effet, la production d’électricité photovoltaïque implique un certain ensoleillement. De la même manière sans vent, elles ne tournent pas. Ce sont donc les énergies vertes qui sont appelées en premier.

2. L’énergie nucléaire

On appelle ensuite les centrales de production nucléaire. En effet, elles génèrent moins de CO2 que les énergies fossiles. En cela, elle présente souvent un coût plus bas que les énergies fossiles.

3. Les énergies fossiles

Les énergies fossiles présentent un coût marginal élevé. Tout d’abord le prix du combustible est lié à la volatilité des prix sur les marchés. En effet, le prix du gaz ou du fioul reste très variable. En outre, on y intègre le prix du carbone. Elles sont donc peu compétitives.

Quid de l’import d’électricité ?

Si les prix sur les marchés voisins sont plus compétitifs la France peut faire le choix d’importer de l’électricité. Ces imports s’insèrent dans le merit order en fonction de leurs coûts marginaux.

Quel est l’impact sur le prix de l’électricité ?

Le Merit Order permet en théorie de faire baisser les prix de l’électricité sur l’EPEX spot, la bourse de l’électricité. En faisant appel aux énergies les moins chères en premier, on cherche à tirer les coûts vers le bas.

Toutefois, les prix des combustibles nucléaires et fossiles étant très variables et le prix du CO2 augmentant, le prix de l’électricité a tendance à grimper chaque année. Le Merit Order ne garantit donc pas une stabilité des prix.

Un mécanisme orienté vers la transition énergétique

Dans une logique de transition énergétique, le Merit Order permet de prioriser l’injection d’électricité verte sur le réseau géré par RTE. Cela permet d’encourager le développement des énergies renouvelables en France.

Cependant, il fait preuve d’un inconvénient : il n’engage pas les acteurs de l’énergie à chercher des solutions de stockage de l’électricité. En effet, la mise en place de batterie à grande échelle (pour l’instant encore extrêmement difficile) pourrait faire monter les coûts marginaux des énergies renouvelables.

Zoom sur le PPA

Pour moins dépendre des fluctuations des prix, les grandes entreprises du tertiaire et les industries peuvent opter pour un Power Purchase Agreement (PPA). Ils signent un contrat d’électricité directement avec le producteur. Celui-ci s’engage à leur fournir une certaine quantité d’électricité à un prix fixe sur 5 à 20 ans. Le plus souvent, il s’agit d’électricité renouvelable.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.