Le bilan carbone est un outil de mesure de la quantité totale de gaz à effet de serre (GES) émise par une entreprise ou un acteur économique (pays, collectivité, personne physique, etc.). Pour mesurer ces rejets de GES, ce bilan est découpé en 3 catégories : les émissions directes de CO2 (Scope 1), indirectes liées à l’électricité (Scope 2) et les autres émissions indirectes (Scope 3) associées à ses activités, produits et services. Ces scopes permettent aux entreprises de comprendre leur impact sur le changement et d’identifier les opportunités de réduction des émissions de GES.

Bref rappel sur le bilan carbone

Le bilan carbone d’une entreprise mesure l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une société. Pour cela, elle prend en compte les différents rejets de GES établi selon le protocole de Kyoto

  • Le dioxyde de carbone (CO2) ;
  • Le méthane (CH4) ;
  • Les halocarbures (HFC et PFC) ;
  • Le protoxyde d’azote (N2O) ;
  • L’hexafluorure de soufre (SF6).

Ces émissions peuvent être de nature diverses. Elles sont catégorisées selon des scopes ou « périmètres » en français. Ainsi, comme le rappelle l’Ademe, le bilan carbone « permet donc aux entreprises et collectivités territoriales de réaliser une évaluation globale des émissions GES, c’est-à-dire que celles-ci soient directes ou indirectes.« 

Les scopes du bilan carbone : identifier les origines des émissions

Contexte et définition

A la fin des années 1990, le GHG Protocol a été instauré pour créer une norme internationale permettant d’harmoniser le calcul des émissions de carbone des entreprises. Le protocole a permis d’établir un cadre commun pour mesurer les émissions de GES des entreprises.

Les scopes permettent de catégoriser l’origine des émissions de GES d’une entreprise ou d’une industrie. La méthodologie du bilan carbone en distingue 3.

Scope 1 : les émissions directes de GES

Le scope 1 correspond aux émissions directes de GES liées à la consommation ou production d’énergie primaire. Dans le cas d’une industrie, ce sont les combustibles fossiles (fioul, gaz naturel) ou renouvelables (biomasse, gaz vert, etc.) utilisés lors des processus d’usinage. Ces énergies servent au bon fonctionnement des machines industrielles ou des fours, par exemple.

Scope 2 : les émissions indirectes liées à l’achat d’énergie

Le scope 2 représente les émissions de CO2 indirectes qui proviennent de l’achat ou de la consommation d’électricité. En effet, si l’électricité n’émet pas de GES directement sur le site de l’entreprise, sa production en émet. En France, selon EDF, la production d’électricité est à 92% décarbonée. En général, ce scope est donc minime.

Scope 3 : le reste des émissions de GES

Le scope 3 est souvent celui qui occupe le plus d’importance dans le bilan carbone d’une entreprise. Alors que les scopes 1 et 2 concernent uniquement les activités de production de l’entreprise, cette dernière catégorie regroupe toutes les autres émissions indirectes de l’entreprise en amont de la production et après la production :

  • l’achat des matières premières ;
  • le transport des produits ;
  • les voyages d’affaire ;
  • l’utilisation des produits vendus ;
  • l’impact carbone de la cantine d’entreprise, etc. 

Difficile à quantifier, il présente un gisement d’opportunité d’amélioration de l’empreinte carbone pour une entreprise ou une collectivité locale.

Comment réduire son bilan carbone scope par scope ?

Une fois que l’on connaît son bilan carbone, il est plus facile de réduire ses émissions de GES. Pour cela, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. En voici quelques unes.

Scope 1 : passer aux énergies renouvelables

Pour diminuer les émissions de CO2 liées au scope 1 du bilan carbone, le mieux reste de remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables comme la biomasse, l’hydrogène vert ou le biométhane. Pour adapter vos équipements, il est parfois nécessaire de lancer des travaux. Ces derniers peuvent être financés par des programmes d’aides comme le Fonds Chaleur de l’Ademe, par exemple.

Scope 2 : faire le choix de l’électricité verte

De la même manière, pour profiter d’une électricité faible en carbone, vous pouvez opter pour des achats d’électricité verte. Les entreprises de toute taille peuvent souscrire un contrat d’électricité renouvelable auprès d’un fournisseur d’énergie professionnel. Pour trouver l’offre la plus adaptée, les entreprises sont invitées à utiliser un comparateur d’électricité, mis en place par un courtier en énergie, comme Opéra Energie.

Pour les grands comptes, comme l’industrie et le grand tertiaire, il est également possible d’opter pour un Power Purchase Agreement (PPA Energie). Ces contrats de long terme gré à gré sont signés directement entre le consommateur et le producteur sur une durée parfois supérieure à 20 ans. Cela permet de stabiliser le prix de l’énergie et de profiter d’une électricité verte issue d’un parc éolien ou solaire, la plupart du temps.

Scope 1 et 2 : améliorer l’efficacité énergétique de son entreprise

Verdir ses consommations permet d’améliorer son empreinte carbone, mais il faut aussi chercher à s’engager dans la sobriété énergétique. Pour cela, il peut être bon de réaliser un audit énergétique afin de déterminer les processus énergivores et les zones de déperditions thermiques.

Ensuite, il est plus simple de savoir quels travaux mener pour diminuer votre consommation énergétique. Afin de financer les chantiers d’efficacité énergétique, l’entreprise peut obtenir des aides financières comme la Prime Energie, mise en place dans le cadre des CEE (Certificats d’Economies d’Energie).

Scope 3 : Choisir des produits locaux

Se baser sur des produits locaux ou des fournitures produites à proximité peut aider à réduire le scope 3 d’un bilan carbone d’une entreprise. En effet, ce faisant, on peut diminuer les émissions associées au transport des produits.

Si vous travaillez dans l’industrie alimentaire, vous pouvez également faire le choix d’utiliser des produits issus de l’agriculture biologique. En effet, l’usage de pesticides et d’engrais azotés émet du CO2 et du protoxyde d’azote et contribue au dérèglement climatique.

Scope 3 : minimiser l’usage des transports

Le transport des produits ou des employés a également un impact environnemental. Pour le minimiser, vous pouvez vous engager dans la mobilité durable. En choisissant des véhicules électriques ou en passant d’une flotte de camions à des camions à hydrogène ou au bioGNV, l’entreprise peut considérablement diminuer le scope 3 de l’empreinte carbone.

Dans les entreprises, il est également possible de créer des parkings photovoltaïques. Reliées à des bornes de recharge, les ombrières solaires viennent produire l’électricité nécessaire à la charge de la batterie.

La compensation carbone : tendre vers le net zéro

Une fois que l’entreprise a réduit ses émissions de gaz à effet de serre, scope par scope, elle peut engager une stratégie de compensation carbone volontaire. La compensation carbone est un mécanisme par lequel une entreprise peut contrebalancer ses émissions de GES en finançant des projets de séquestration carbone, comme des projets de reforestation.

Cette compensation doit être mise en place en complément pour contrebalancer les émissions de CO2 incompressibles de l’entreprise. Elle lui permet de tendre vers la neutralité carbone, le « net zéro émission ».

Afin de financer des projets durables, la société doit chercher des programmes certifiés par des labels de qualité. Pour répondre à des objectifs environnementaux au niveau local, elle peut s’appuyer, par exemple, sur le label Bas Carbone, du Ministère de la Transition écologique. Ainsi, elle est sûre d’obtenir des crédits carbone de projets menés sur le sol français.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.