Les industries sont de grandes consommatrices d’énergie. En effet, selon les données de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), elles représentent 40% de la consommation d’énergie en France. Cette consommation importante joue forcément sur le montant des factures d’électricité et de gaz. Or, beaucoup d’énergie se perd. Isolation, système de chauffage, processus, les industries disposent de nombreux leviers pour diminuer leur consommation énergétique. Pour les accompagner, certains fournisseurs d’énergie proposent des Primes Certificats d’Economies d’Energie (CEE) pour les industries. Explications.

Les CEE pour l’industrie, qu’est-ce que c’est ?

Les Certificats d’Economies d’Energie (CEE) sont un dispositif mis en place par les autorités publiques pour diminuer l’empreinte carbone de l’Hexagone. Ces certificats sont recensés sur le registre national des CEE : Emmy.

Pour répondre à des objectifs fixés par le gouvernement, des acteurs « obligés » doivent se procurer des CEE :

  • En achetant à des tiers non-obligés ;
  • En finançant des travaux de rénovation thermique chez les entreprises et les particuliers.
  • En faisant appel à un mandataire ou à un délégataire qui produisent et déposent des CEE.

Ces obligés sont les fournisseurs d’énergie et les vendeurs de carburants. C’est à ce titre, qu’ils proposent des Primes CEE au secteur industriel, au secteur tertiaire et aux grands comptes. On les retrouve sous les noms de « Prime Energie » ou « Prime Eco-Energie »

Industrie : quels sont les travaux éligibles ?

Les travaux éligibles aux CEE sont ceux qui permettent de réaliser des économies d’énergie. Ils sont définis dans des fiches standardisées proposées par le Ministère de la Transition Ecologique. Les industriels peuvent valoriser leurs travaux en montant un dossier CEE avec un partenaire.

Les fiches standardisées industries

Les fiches standardisées sont le fruit d’un travail conjoint entre plusieurs acteurs. Comme le rappelle le fournisseur Total « Elles sont élaborées par l’Association Technique Énergie Environnement (ATEE) en collaboration avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Chaque fiche établie est validée ensuite par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC). »

Le secteur « Industrie » comporte 34 fiches standardisées réparties en 3 sous-produits :

  • Enveloppe, qui concerne les travaux d’isolation ;
  • Bâtiment, qui regroupe les travaux de chauffage, ventilation et éclairage ;
  • Utilité, qui traque les pertes d’énergies liées aux processus industriels et aux équipements utilisés.

Top 7 des fiches CEE les plus répandues dans l’industrie

1. IND-UT-121 : Récupération de chaleur sur un groupe de production de froid

La fiche IND-UT-121 concerne l’installation d’un système de récupération de chaleur fatale produite par des groupes froids (ex : chillers ou groupes de condensation). L’énergie récupérée est ensuite réutilisée, souvent pour chauffer de l’eau ou un bâtiment. C’est une opération à fort potentiel de valorisation dans l’agroalimentaire, la chimie ou la plasturgie.

2. IND-UT-134 : Mise en place d’un système de régulation sur un groupe de production de froid

La fiche IND-UT-134 cible l’installation d’un dispositif de régulation de la production de froid en fonction de la demande réelle. Cela permet d’éviter le surdimensionnement et les consommations inutiles d’énergie. Elle est couramment utilisée dans les entrepôts frigorifiques et les chaînes de transformation alimentaire.

3. IND-UT-117 : Isolation thermique de points singuliers sur les réseaux

La fiche IND-UT-117 concerne l’isolation des vannes, brides, filtres ou robinets sur les réseaux de fluide chaud (vapeur, eau chaude, etc.). Ces éléments non isolés peuvent représenter jusqu’à 10 % des pertes thermiques d’un réseau. C’est une opération simple, peu coûteuse et très rentable.

4. IND-UT-106 : Mise en place d’un variateur de vitesse sur un moteur asynchrone

La fiche IND-UT-106 vise l’installation d’un variateur de vitesse pour adapter la puissance du moteur aux besoins réels (soufflantes, pompes, compresseurs, etc.). Cela permet de réduire considérablement la consommation électrique, surtout en charge partielle. Elle est très répandue dans les sites industriels multi-process.

5. IND-BA-110 : Récupération de chaleur sur les effluents

La fiche IND-BA-110 concerne la récupération de l’énergie contenue dans les effluents industriels (liquides ou gazeux chauds) avant leur rejet. La chaleur récupérée peut être réinjectée dans le process ou pour du chauffage. Elle est particulièrement adaptée aux industries agroalimentaires, papetières ou chimiques.

6. IND-UT-132 : Récupération de chaleur sur un compresseur d’air

La fiche IND-UT-132 vise la mise en place d’un système permettant de récupérer la chaleur générée par la compression d’air. Par exemple, cette chaleur peut servir à préchauffer de l’eau ou à alimenter un chauffage de process. Rentable et efficace dans les usines ayant un besoin simultané d’air comprimé et de chaleur.

7. IND-UT-107 : Mise en place d’un système de régulation sur une pompe

La fiche IND-UT-107 soutient l’installation d’une régulation automatique sur les pompes hydrauliques pour ajuster le débit en fonction des besoins. Ce dispositif évite le fonctionnement en continu à pleine puissance et permet d’importantes économies d’électricité. Elle est très pertinente pour les installations avec des variations de charge.

Les opérations spécifiques

A ces travaux standardisés, s’ajoutent des possibilités de réaliser des « opérations spécifiques CEE ». On entend par « opérations spécifiques » des travaux d’économies d’énergie propre à l’industrie en question.

Cela permet au dispositif des CEE de s’adapter aux activités de chaque industriel. Ces opérations correspondaient à 4 % des CEE délivrés en 2015.

Pour déterminer les chantiers prioritaires, il faut faire appel à un consultant en efficacité énergétique. Ces derniers peuvent être :

  • Indépendants ;
  • Salariés d’un bureau d’étude thermique ;
  • Salariés d’un fournisseur d’énergie pro (Endesa, Antargaz, etc.)

Via un audit CEE, ils analyseront les déperditions énergétiques de votre usine. Ensuite, ils vous expliqueront comment diminuer votre consommation. Ils vous donneront également des pistes pour inclure les énergies renouvelables dans votre production industrielle.

Ces différentes analyses permettent de mettre en place un plan d’action afin de maximiser les économies d’énergie. C’est un moyen d’optimiser votre facture énergétique.

CEE et Prime Energie : quel intérêt pour une industrie ?

La Prime Energie est un moyen pour les grands sites de financer des travaux de rénovation thermique. Ce faisant, ils peuvent réduire leur facture d’électricité et de gaz pro.

D’autre part, ces travaux présentent un avantage en termes de politique RSE et d’image. En effet, ils permettent un engagement de l’industrie dans la transition énergétique. En entamant une rénovation, on limite les émissions de gaz à effet de serre liées à la production industrielle. C’est un moyen pour un groupe industriel de verdir ses activités.

Bon à savoir : l’autoconsommation solaire pour verdir la consommation énergétique des industries

Vous souhaitez installer des panneaux solaires sur le toit ou le parking d’un de vos sites ? Les travaux liés à l’autoconsommation solaire ne sont pas pris en charge par les CEE. Vous pouvez en revanche bénéficier d’une aide à l’autoconsommation et du rachat du surplus de production électrique en obligation d’achat (OA Solaire).

Prime CEE pour les industries : quel montant en 2025 ?

Le montant de la Prime CEE n’est pas le même pour toutes les industries. Il varie en fonction de plusieurs éléments :

  • Les travaux entamés ;
  • La zone géographique dans laquelle vous vous trouvez. En effet, plus il fait froid en extérieur, plus les besoins en chauffage et en isolation se font sentir. Les CEE sont découpées en 3 zones climatiques.

Afin de mesurer les économies d’énergie à la clé, on utilise le kWh cumac. L’abréviation « Cumac » signifie :

  • « cumulé » puisqu’il additionne toutes les consommations évitées grâce aux travaux ;
  • « actualisé » car il prend en compte la perte d’efficacité des travaux sur la longue durée.

Plus l’opération permet de comptabiliser des kWh cumac, plus le montant de la prime sera élevé. Pour vous donner un ordre d’idée, les primes CEE peuvent financer entre 1% et 30% du montant de votre projet.

Vers quel acteur se tourner pour demander une Prime CEE ?

Les fournisseurs proposent des montants variables. C’est pourquoi, avant de se décider à entamer des travaux, le mieux reste de comparer les primes CEE en faisant appel à un courtier CEE ou à un mandataire CEE. Vous pourrez ainsi trouver la meilleure offre pour votre industrie.

Être accompagné par un mandataire CEE

Le mandataire CEE aide les entreprises et les copropriétés à réduire leur consommation d’énergie en proposant des solutions, montant les dossiers de demande de Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), assurant leur suivi administratif et offrant un soutien financier pour les travaux nécessaires.

Le programme PACTE : un programme pour les CEE dans l’industrie

Le programme CEE PACTE Industrie est un programme structuré en parcours multimodal, conçu pour mobiliser l’ensemble des décideurs au sein des industries dans le but de développer une stratégie de décarbonation et de planifier les investissements nécessaires. Il vise à identifier et prioriser les leviers de décarbonation à travers différentes initiatives :

  • Formations subventionnées : Offrant des financements de 40 à 80 % pour former les référents techniques, les dirigeants et les responsables financiers.
  • Études et coachings subventionnés : Financements allant de 20 % à 70 % pour préparer les investissements nécessaires à la décarbonation.

Pourquoi s’engager dans PACTE Industrie pour décarboner un site industriel ?

PACTE Industrie permet à une entreprise du secteur industriel d’améliorer son efficacité énergétique et de s’engager dans la transition énergétique. Il revêt trois grands atouts :

  1. Développement des compétences : Renforcer les compétences d’une équipe multidisciplinaire en énergie, incluant des aspects techniques, financiers et stratégiques.
  2. Élaboration de la stratégie de décarbonation : Construire une stratégie claire et cohérente pour réduire les émissions de carbone.
  3. Préparation des investissements : Réaliser des études techniques et prospectives pour planifier les investissements nécessaires à la mise en œuvre des initiatives de décarbonation.

Quelle est la consommation d’énergie dans l’industrie ?

Comme l’explique la BPI « En 2021, la consommation d’énergie de l’industrie représentait 19 % de la consommation finale d’énergie de l’Hexagone ». Cette consommation est répartie en différents postes :

  • Électricité : 37 % (source principale)
  • Gaz naturel : 36 %
  • Produits pétroliers : 10 %
  • Chaleur commercialisée : 8 %
  • Énergies renouvelables : 7 %
  • Charbon : 2 %

La mise en place d’une stratégie d’efficacité énergétique en industrie permet de contribuer à la décarbonation du secteur. Les CEE dans l’industrie sont un levier de financement intéressant pour ce type d’entreprises.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.