Les entreprises du tertiaire et de l’industrie sont aujourd’hui confrontées à des défis majeurs en matière d’efficacité énergétique. Le commissioning offre une approche systématique pour garantir que les composants d’un bâtiment fonctionnent efficacement et répondent aux besoins d’une organisation. En comprenant les bénéfices du commissioning et en l’intégrant dans les projets, les professionnels peuvent réaliser des économies significatives et contribuer à la réduction des émissions de CO2.

Qu’est-ce que le commissioning ?

commissioning

Le commissioning en efficacité énergétique, ou commissionnement, est un processus qualité qui vise à s’assurer que les systèmes et équipements d’un ou plusieurs bâtiments fonctionnent comme prévu et répondent aux besoins opérationnels définis.

Les objectifs de cette mise en service optimisée sont de :

  • garantir que tous les systèmes, notamment chauffage, ventilation, climatisation (CVC), éclairage et autres équipements liés à la gestion de l’énergie, fonctionnent harmonieusement ;
  • consommer le moins d’énergie possible ;
  • maximiser le confort ;
  • garantir la sécurité des utilisateurs.

Dans le tertiaire et l’industrie, le commissioning s’applique aussi bien aux bâtiments neufs (commissioning initial) qu’aux bâtiments existants (rétro-commissioning).

Dans le cas du neuf, ce processus commence dès la phase de conception du projet et se poursuit tout au long du cycle de vie du bâtiment ou de l’installation.

Le commissioning : une démarche qualité en construction

Les bâtiments mal optimisés surconsomment de l’énergie. Le commissioning permet d’identifier et de rectifier ces inefficacités, garantissant ainsi une performance énergétique optimale. Dans l’idéal, le commissioning intervient en amont de la conception, mais corriger le tir dans l’existant reste possible.

Voyons pourquoi le commissioning est considéré comme une démarche qualité.

La garantie de performance

Le commissioning garantit que le bâtiment fonctionne comme prévu, offrant ainsi une assurance que les objectifs de performance énergétique, de confort et de sécurité seront atteints.

Une entreprise devant répondre aux exigences du décret tertiaire a donc tout à gagner à opter pour un commissioning.

Véritable système de management de l’énergie, le commissionnement peut guider une entreprise jusqu’à la neutralité carbone, si des mesures de compensation carbone sont envisagées.

L’optimisation des systèmes

Le commissioning optimise le fonctionnement des systèmes, ce qui se traduit par :

  • une réception de l’ouvrage et des installations sans mauvaises surprises ;
  • une consommation d’énergie réduite ;
  • des coûts d’exploitation plus bas ;
  • une durée de vie prolongée des équipements.

Une documentation complète

Le processus de commissioning génère une documentation détaillée sur la conception, l’installation et les performances des structures et techniques.

Une formation des opérateurs

Le commissioning inclut souvent la sensibilisation et la formation des opérateurs de bâtiments, garantissant ainsi qu’ils comprennent et peuvent maintenir les performances optimales du bâtiment.

Une amélioration continue

Le commissioning ne s’arrête pas à la livraison du bâtiment.

Le processus peut être continu, il doit l’être en réalité. Des évaluations régulières s’imposent pour vérifier que le bâtiment continue de fonctionner de manière optimale.

Le commissioning : une pyramide de Maslow de l’efficacité énergétique

Le commissionnement vise à satisfaire les besoins fondamentaux en énergie de manière efficace avant de viser des objectifs plus élevés comme la durabilité. Simple, logique et efficace.

Mais comment bénéficier d’une telle efficacité énergétique dans l’existant à un coût acceptable ?

Le rétro-commissioning dans l’existant

Dans un objectif de décarbonation, le rétro-commissioning est un processus qui vise à améliorer la manière dont les équipements et systèmes d’un bâtiment existant fonctionnent ensemble.

Le rétro-commissioning se concentre sur les bâtiments existants qui n’ont jamais été commissionnés ou qui ont été commissionnés il y a longtemps.

L’objectif principal du rétro-commissioning est d’identifier les opportunités d’améliorations opérationnelles, souvent sans nécessiter de gros investissements en équipements. Cela inclut :

  • l’ajustement des équipements de CVC (chauffage, ventilation et climatisation) ;
  • l’optimisation de l’éclairage ;
  • l’automatisation du bâtiment et d’autres systèmes ;
  • l’évolution de la chaine de production et certains process internes.

De ce fait, le rétro-commissioning est une démarche proactive pour s’assurer que les bâtiments existants fonctionnent de manière optimale, offrant ainsi des économies d’énergie et une meilleure performance globale.

Les avantages du commissionnement dans les bâtiments tertiaires et industriels

En réduisant les inefficacités énergétiques, le commissioning diminue les coûts opérationnels d’une entreprise, lui faisant faire des économies substantielles.

Économiser sur les coûts énergétiques et de maintenance

Grâce au commissioning, les inefficacités sont identifiées et corrigées, ce qui se traduit par des économies d’énergie et une réduction des coûts.

Cet avantage s’observe dans l’existant, aussi bien que dans le neuf, car les défauts d’efficacité sont anticipés.

Enfin, en identifiant et en rectifiant les problèmes potentiels dès les premières étapes de la construction, le commissioning peut réduire les coûts de réparation et de maintenance à long terme.

À quelles économies d’énergie s’attendre grâce au commissionnement ?

Le commissioning permet de réaliser des économies d’énergie substantielles, souvent de l’ordre de 20 à 30% dans l’existant. Il assure que l’investissement dans des technologies écoénergétiques est pleinement exploité. Ainsi, les coûts opérationnels sont maîtrisés et le bilan carbone s’améliore.

Gagner en confort et en sécurité

Un bâtiment efficace est plus confortable et sûr. Améliorer le confort d’utilisation des collaborateurs et des visiteurs contribue à l’image de marque d’une entreprise.

De même, la fiabilité des équipements améliore le bien-être des salariés. Dans le tertiaire, comme dans l’industrie, savoir que les équipements utilisés sont sûrs optimise la performance, la productivité et l’engagement des collaborateurs.

Même si le commissioning semble avoir tout bon et représente à lui seul une démarche qualité globale, quelles difficultés de mise en œuvre sont à surmonter ?

S’engager pour la durabilité

Le commissioning démontre un engagement envers la construction durable et améliore l’efficacité énergétique des entreprises.

En ne laissant rien au hasard, le commissioning peut être bénéfique pour la réputation de l’entreprise et pour obtenir des certifications environnementales. Certaines l’exigent d’ailleurs !

Quels labels qualité exigent un commissioning ?

Plusieurs labels et certifications de qualité en construction intègrent le commissioning comme une exigence ou une recommandation pour garantir la performance énergétique des bâtiments :

– LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) exige la mise en place de cette démarche qualité ;

– BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) et DGNB (Deutsche Gesellschaft für Nachhaltiges Bauen) intègrent le commissionnement à leur processus d’évaluation ;

– HQE (Haute Qualité Environnementale) et Effinergie recommandent le commissioning pour atteindre la performance énergétique visée.

Les défis du commissioning

Malgré ses avantages, le commissioning présente des défis. En reconnaissant et en surmontant ces freins, une entreprise en maximise les bénéfices. Quels sont ces défis ?

Comprendre la complexité des systèmes modernes

Les systèmes modernes sont de plus en plus complexes, ce qui nécessite une expertise spécialisée pour le commissioning.

En effet, la technique du bâtiment, des méthodes constructives aux équipements, se complexifie pour offrir des performances sans cesse meilleures.

Faire appel à des professionnels de chaque domaine s’impose pour une mise en service efficace.

Obtenir une expertise spécialisée pour chaque domaine

Une industrie agroalimentaire n’a pas les mêmes besoins qu’un fabricant de puces électroniques ou un hôpital.

Pour un bon commissionnement de bâtiments neufs ou un rétro-commissioning efficace, solliciter des experts de chaque secteur est incontournable.

Estimer les coûts initiaux et les bénéfices

Bien que le commissioning nécessite un investissement initial, les économies réalisées à long terme le justifient.

Un calcul stratégique et rigoureusement juste est établi et validé en amont pour justifier la pertinence de cette démarche d’efficacité énergétique.

La question se pose aussi bien dans le neuf que dans l’ancien.

Quelles aides pour financer une démarche de commissioning ?

L’ADEME, des organismes régionaux ou nationaux, ainsi que des fonds européens proposent des aides financières pour encourager les démarches d’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments. Le commissioning est concerné. Ces dispositifs de soutien peuvent prendre la forme de subventions, de prêts à taux réduit ou d’incitations fiscales. Un accompagnement au commissioning permet aux entreprises d’être informées dès le lancement du projet des aides auxquelles elles sont éligibles.

Les étapes clés de la mise en service d’un projet

Sans une approche structurée, garantir l’efficacité énergétique d’un bâtiment devient difficile. Le commissioning offre une méthodologie claire, pas à pas, pour garantir la performance énergétique attendue. En suivant les étapes clés du commissioning, les entreprises s’assurent que leurs bâtiments fonctionnent de manière optimale.

La phase de planification

Durant la phase de planification, les objectifs, les critères de performance et les responsabilités sont définis.

C’est également le moment de choisir les équipements à commissionner.

Cette phase constitue un socle solide du commissioning sur lequel repose l’entièreté de la démarche.

Autant dire qu’y investir du temps représente un calcul stratégique !

La phase de mise en œuvre

Pendant la phase de mise en œuvre, les équipements sont installés et testés pour s’assurer qu’ils fonctionnent comme prévu.

Le moindre problème identifié sera à résoudre afin de garantir la performance attendue. Une expertise de qualité s’impose à nouveau.

La phase de vérification

La phase de vérification consiste à contrôler que les systèmes répondent aux critères de performance définis lors de la phase de planification.

Si un contrat de performance énergétique (CPE) a été signé, cette phase est cruciale et peut occasionner des dédommagements envers le client en cas de non-atteinte des objectifs initiaux.

La phase de maintenance continue

La maintenance continue garantit que l’ouvrage et sa technique fonctionnent efficacement tout au long de leur durée de vie.

Cette phase du commissionnement est aussi importante que les autres, car la réduction des coûts énergétiques se valide réellement sur la durée.

Accompagnement au commissioning

Les entreprises ont tout à gagner à se faire accompagner dans leur processus de commissioning pour de multiples raisons.

Le commissioning est un processus complexe qui nécessite une compréhension approfondie :

  • des systèmes du bâtiment ;
  • des normes de construction ;
  • des législations ;
  • des meilleures pratiques en matière d’efficacité énergétique.

Un expert en énergie peut fournir cette analyse technique et s’assurer que les systèmes sont correctement évalués et optimisés.

L’agent de commissionnement : un interlocuteur incontournable

Un agent de commissioning, souvent appelé « commissioning authority » ou « CxA » en anglais, est un professionnel ou une entité indépendante chargée de superviser, de guider, de coordonner et de documenter le processus de commissioning d’un bâtiment.

Sa mission principale est de s’assurer que tous les systèmes et composants d’un bâtiment sont conçus, installés, testés et fonctionnent selon les exigences du propriétaire et les normes opérationnelles prévues.

L’intelligence artificielle et la robotique au service du commissionnement

Comment parler de commissioning et de performance énergétique dans un bâtiment tertiaire ou industriel sans aborder les bénéfices de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique ? Voici autant de pistes d’amélioration et d’idées pour faire évoluer une entreprise vers le monde de demain.

L’analyse de données avancée avec l’IA

Les systèmes de gestion des bâtiments génèrent d’énormes quantités de données indispensables au commissioning.

L’IA peut traiter ces données pour identifier les tendances, les anomalies et les opportunités d’amélioration, permettant ainsi une optimisation en temps réel des systèmes du bâtiment.

La détection précoce des défaillances

Grâce à l’apprentissage automatique, une branche de l’IA, les systèmes peuvent assimiler des schémas opérationnels normaux.

Ainsi, ils détectent rapidement les anomalies ou les défaillances potentielles, permettant une intervention préventive.

Dans une procédure de commissioning, anticiper les pannes contribue à une meilleure gestion des coûts.

L’automatisation des tests

La robotique, associée à l’IA, peut automatiser certains tests nécessaires lors du commissioning, garantissant précision et cohérence.

Bien entendu, l’humain et son expertise restent au centre de la programmation. En effet, l’intelligence artificielle permet de traiter un grand volume de données, mais seul l’expert en efficacité énergétique peut tirer les conclusions qui s’imposent.

La formation et l’apprentissage

Les systèmes basés sur l’IA peuvent être formés pour reconnaître les meilleures pratiques de mise en service et fournir des recommandations basées sur des données empiriques.

Ils apparaissent comme un complément prometteur aux directives de l’agent de commissionnement.

Le commissioning représente une excellente stratégie à initier pour gérer un bâtiment et ses systèmes depuis leur création jusqu’à leur fin de vie. Les bâtiments de demain, tout comme ceux à rénover, ont tout à gagner à adopter une démarche proactive pour économiser de l’énergie et diminuer leur empreinte carbone.

Alexandre Stoecklin
Alexandra Stoecklin

Diplômée d'un master en environnement, Alexandra a exercé pendant quinze ans dans des bureaux d'études techniques.

Depuis 4 ans, elle est rédactrice web spécialisée sur les sujets liés à l'énergie et l'environnement. Passionnée par les enjeux de la transition énergétique, elle associe sa plume à son expertise pour rédiger des contenus qui répondent aux enjeux des entreprises.