Comprendre les principes de fixation du prix de l’électricité sur les marchés permet de mieux comprendre sa facture d’énergie pro. Ainsi, on peut bien choisir son contrat d’électricité. Comment est fixé le prix de l’électricité ? Vers quelle offre se tourner ?

Fixation du prix de l’électricité : les modalités d’achat d’électricité pour les fournisseurs

Le prix de l’électricité est déterminé en fonction du coût d’approvisionnement pour les fournisseurs. Pour acheter l’électricité, les fournisseurs d’énergie pro ont plusieurs options :

  • passer par le système de l’ARENH ;
  • s’orienter vers les marchés de gros.

En fonction de ces variables, le prix du kWh d’électricité proposé sous forme de devis aux entreprises et professionnels ne sera pas le même. Il faut savoir que la fourniture représente environ 35% de la facture d’énergie d’une entreprise.

L’ARENH

Mis en place dans le cadre de la Loi NOME, l’Accès Régulé à l’Energie Nucléaire Historique (ARENH) est un mécanisme qui impose à EDF de vendre chaque année 100 TWh d’électricité nucléaire à ses concurrents à un prix fixé par l’Etat. Ce tarif est souvent inférieur aux prix de l’électricité sur les marchés de gros. Cela permet de partager « la rente nucléaire » et de favoriser le jeu de la concurrence. Depuis 2012, le montant de l’ARENH reste stable. Il est porté à 42 € le MWh.

Chaque fournisseur peut prétendre à une certaine quantité d’ARENH, compte tenu de son portefeuille de clients. Si les demandes d’ARENH sont inférieures ou égales à 100 TWh, les fournisseurs reçoivent 100% de leur demande. Si le plafond de l’ARENH est dépassé, on fait face à une situation d’écrêtement. Les fournisseurs obtiennent alors un pourcentage de la quantité à laquelle ils ont le droit.

Révision de l’ARENH en 2022

Pour faire face à la flambée des prix sur les marchés de gros, le gouvernement a exceptionnellement révisé le plafond de l’ARENH en 2022. Il a ajouté 20 TWh supplémentaires d’ARENH au prix de 46,5 € le MWh.

Une hausse de l’ARENH en 2023

Dans le cadre de l’examen du projet de loi pour le pouvoir d’achat, les députés ont décidé d’augmenter le montant de l’ARENH. Celui-ci devrait atteindre au moins 49,5 € / MWh en 2023. Par conséquent, cela fera probablement grimper le prix de l’électricité en France.

Les marchés de gros : Merit Order et tarification de l’électricité

Sur les marchés de gros, le prix de l’électricité évolue tous les jours. Il répond au principe du Merit Order. On appelle sur le réseau, l’électricité en fonction de ses coûts marginaux, à savoir pour chaque source :

  • Le prix du combustible (lorsqu’il y a un combustible) ;
  • les coûts de maintenance ;
  • les rejets de CO2. Plus une énergie est chargée en carbone, plus elle coûte cher du fait du prix de la tonne de CO2.

Toutes les demi-heures, le prix du kWh d’électricité est fixé en fonction de la dernière source de production utilisée.

Dans cette logique, on appelle les sources d’énergie en général dans cet ordre :

  • les énergies renouvelables (énergie solaire, éolienne, hydraulique) puisqu’elles sont celles avec les coûts marginaux les plus réduits ;
  • L’énergie nucléaire, moins chargée en carbone que les énergies fossiles ;
  • Les énergies fossiles (centrales thermiques à gaz, à charbon, etc.)

Toutefois, comme l’explique le fournisseur d’électricité pro, GazelEnergie « Au-delà du coût marginal de chaque unité de production, le merit order tient compte de la demande en électricité. En effet, celle-ci varie de façon permanente. Lorsque les besoins sont élevés (le matin tôt ou lors de la période hivernale), les unités à forte capacité de production (notamment les centrales thermiques) sont appelées, même si leur coût marginal est plus élevé. Lorsque la demande diminue, les centrales s’arrêtent pour donner la priorité aux sources d’énergie renouvelable. »

Ces transactions sont régies par l’EPEX Spot (European Power Exchange), la bourse de l’électricité.

Fixation du prix de l’électricité : comment se structure la facture ?

La facture d’électricité se divise en deux composantes :

  • le prix de l’abonnement, la partie forfaitaire de la fourniture d’électricité. Il est défini par la puissance de votre compteur électrique ;
  • le prix du kWh, la partie liée à votre consommation.

À cela s’ajoute le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE), le tarif d’acheminement et les taxes sur l’énergie.

Les différentes offres pour les professionnels

Les entreprises ont le choix entre différentes structures tarifaires pour leurs contrats. Elles dépendent des stratégies d’achat des fournisseurs d’électricité.

Les offres à prix fixes

Une offre à prix fixe est une offre dont le prix du kWh d’électricité HT n’évolue pas pendant toute la durée du contrat. Cela permet à une entreprise de profiter d’un budget énergie stable pendant 1 à 4 ans.

Les offres à prix indexés sur l’ARENH

Une offre d’électricité indexée sur l’ARENH permet de profiter d’un certain volume d’électricité au prix de l’ARENH pendant toute la durée de votre contrat. Selon EDF, ce prix avantageux permet de couvrir « entre 70 et 80 % de votre consommation totale ». Le reste de l’approvisionnement du fournisseur est assuré sur les marchés de gros.

Les offres d’électricité indexées sur les marchés de gros

Enfin il est possible de choisir de souscrire une offre d’électricité à prix indexés sur les marchés de gros. Le prix du kWh évolue en fonction des prix spot.

Et les tarifs réglementés de l’électricité ?

Les tarifs réglementés de l’électricité d’EDF ont été supprimés en 2016 pour les profils :

  • « Tarif Jaune » pour les entreprises avec un compteur compris entre 36 kVA et 250 kVA.
  • « Tarif Vert » pour les industries et collectivités avec un compteur de plus de 250 kVA ;
  • Le Tarif Bleu d’EDF a également disparu pour la majorité des petits consommateurs au 1er janvier 2021. Il a été maintenu pour les petits professionnels avec un chiffre d’affaire de moins de 2 millions d’euros par an employant moins de 10 personnes.

Fixation du prix de l’électricité et autoconsommation : le tarif de rachat solaire

Les entreprises, industries et collectivités ne sont pas forcément uniquement consommatrices d’énergie. Certaines sont également productrices d’électricité verte grâce à l’autoconsommation. Elles peuvent revendre la totalité ou le surplus de l’électricité non consommée à un fournisseur d’énergie.

C’est ce qu’explique Eni « Les moyens de production d’énergies en cogénération et renouvelables (photovoltaïque ou éolien par exemple), peuvent donner lieu, sous certaines conditions, à la signature de contrats d’obligation d’achat ». Ces contrats en obligation d’achat (OA solaire) sont soumis à un tarif de rachat fixé par l’Etat de manière trimestrielle.

L’installation de panneaux solaires séduit de plus en plus les entreprises. C’est un moyen pour elles de réduire leur facture d’électricité tout en s’engageant dans la transition énergétique.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.